Extrait de l’entretien donné par le cardinal Barbarin au Parisien :
Une crèche de Noël a-t-elle sa place dans une mairie ?
Le conseil d’Etat s’est prononcé, il a répondu que oui si elle s’inscrit dans un environnement culturel et festif. Se bagarrer pour une crèche dans un lieu public est une petitesse française. Moi, mon problème est ailleurs : je préfèrerais qu’on s’insurge un peu plus pour toutes ces «crèches vivantes» d’aujourd’hui, que je vois dans mes paroisses de banlieue, à Bron ou à Villeurbanne, avec des gens qui dorment sous une bâche à côté de l’autoroute !
Les parlementaires ont adopté début décembre un texte visant à pénaliser les sites internet diffusant des informations «biaisées» sur l’avortement. Qu’en pensez-vous ?
C’est le début de la police de la pensée. On a quand même le droit de ne pas être d’accord. Il ne faut pas restreindre les libertés. S’il y a vraiment des erreurs et des mensonges véhiculés par ces sites, qu’on les montre ! Mais que ces plateformes disent : faites attention, car il y a souvent de graves conséquences psychologiques à un avortement, où est le problème ? Ces grandes souffrances, je les ai entendues cinquante fois ! On a le droit d’exprimer une vérité fréquemment constatée.
Une campagne d’affichage gouvernementale de prévention du sida montrant des couples homos a choqué des associations catholiques. La France n’est-elle pas devenue réac ?
La question, c’est plutôt : est-ce que la France n’est pas devenue « provoc » ? Cette affiche, j’ai l’impression qu’elle a surtout pour but d’heurter les convictions de beaucoup. Sur ce point aussi, j’espère qu’on a le droit de penser différemment.
La Conférence des évêques de France a publié une longue lettre dans laquelle elle appelle les habitants à retrouver «le sens du politique», François Fillon, lui, doit sa victoire aux primaires en partie à l’électorat catholique. Plus que jamais, les «cathos» veulent peser dans le débat public ?
On a toujours publié des documents avant les élections pour dire : Attention, c’est une échéance importante. Ce pays, on l’aime, et voter, c’est prendre ses responsabilités. Nous n’avons pas pris position sur les primaires. Mais que les chrétiens votent en fonction de leurs convictions, c’est la moindre des choses.
Que dîtes-vous aux catholiques qui entendent voter FN à la présidentielle ?
Je leur dis : Votez pour ce qui vous paraît être le bien véritable de ce pays, pour celui qui fera progresser la paix, la sécurité, l’emploi, l’éducation, la santé, le respect des plus petits…. Et pas parce que vous êtes révoltés et que vous jugez que les politiques sont pourris. Il est facile de tout critiquer. On a le droit de contester, mais il faut surtout construire. A mon avis, chacun doit voter d’abord pour le candidat qui lui semble le plus apte à exercer la fonction.”