Le message de Noël de Mgr Balsa, évêque de Viviers, vaut son pesant de dinde de Noël :
“Il y a 2016 ans, un enfant nommé Jésus entrait dans notre monde, de manière presque inaperçue, comme n’importe lequel d’entre nous lorsque nous sommes venus au monde.
Lui était seulement connu de ses parents, reconnu par des bergers et par une étrange musique venue du ciel.
Avec la naissance de Jésus, Dieu s’est écarté d’un rivage qu’il a toujours été pour devenir ce qu’il n’est pas : aller vers l’autre rive des êtres humains, devenir lui-même un être humain.
Et qui plus est : Dieu qui n’est assimilable avec rien ni personne, s’est manifesté là où on le l’attendait pas, dans une indifférence quasi totale, sauf à être « compté » comme un être humain de plus dans une recensement général.
Ou bien à scandaliser ceux qui veulent conserver Dieu en le tenant tellement éloigné de nous, comme un idéal inaccessible, voire inexistant.
L’un des Pères de l’Eglise, Tertullien, éclairera la naissance de Dieu comme homme :
« Qu’il te fait peur cet enfant, rejeté sans armes ni bagages, et que tu le dédaignes parce qu’il faut le maintenir dans des langes, le pétrir de pommades et le faire rire par des caresses. Mais toi, comment es-tu né ? Si tu hais la naissance de cet homme, comment peux-tu donc aimer quelqu’un ? Dieu en Jésus-Christ aima cet homme, ce caillot formé dans le placenta, cet homme venant au monde par les organes génitaux, cet homme nourri au milieu de caresses dérisoires. C’est pour lui qu’il est descendu, pour lui qu’il a prêché, pour lui qu’en toute humilité, il s’est abaissé lui-même jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ».
Et si le Pape François, 2016 ans après Jésus, dans Evangelli Gaudium, à propos de l’Eglise et du monde, demande à ce que nous passions d’une attitude conservation à une attitude de conversion, c’est parce que dans la naissance de Jésus, c’est d’abord Dieu qui est lui-même passé d’un état de d’auto-conservation à un état de conversion.
Noël, n’est pas un conte, une histoire pour des enfants.
Noël appelle tous les adultes à une conversion permanente, concrète, incarnée.
Chaque fois qu’il est permis à être humain de venir au monde sur cette terre, et que de rien, il devienne quelqu’un, c’est Dieu qui naît.
Chaque fois qu’un être humain se bat pour que la planète ne consume pas ses ressources, mais les convertisse en les recyclant durablement, c’est Dieu qui naît.
Chaque fois qu’un être humain refuse la mort en donnant sa vie pour les autres, c’est Dieu qui naît.
Dans 6 mois, en juillet, en plein été, des jeunes de l’Ardèche vont faire l’expérience de la naissance de Jésus et de son incarnation : les uns dans des camps de réfugiés à Vintimille, les autres avec les malades à Lourdes.
Ces jeunes vont faire le chemin que Dieu a fait lui-même il y a 2016 ans en Jésus-Christ, ils vont s’écarter un peu du rivage des habitudes, des vacances habituelles, pour se laisser convertir par l’Esprit de Dieu qui animait Jésus, avec ceux qui luttent pour tout simplement vivre. Ils seront aux frontières du mystère du passage de la mort à la vie.
Que ce Noël soit une vraie Bonne Nouvelle pour tous ceux qui aspirent à la Vie, parce que Dieu est avec nous pour toujours : l’Emmanuel.
Que ce Noël soit une vraie conversion de nos communautés d’Eglise, de notre pays, de nos habitudes, non pas pour sauver les meubles, mais pour être nous-mêmes sauvés de ce que nous croyons verrouillé pour toujours.
Ce Noël, prenons au sérieux l’ordre de Jésus : « écartez-vous un peu du rivage » !”