Réflexion de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, sur l’attente de la vie naissante pour Marie comme pour toute femme:
Jésus est « sagesse de Dieu ». Avec l’Avent, prenons le chemin de l’« homme avisé » (ou sage), non celui de l’« homme insensé » (cf. Matthieu 7,24-27). Les Écritures d’Israël disent : « Tout homme avisé agit à bon escient », tandis que « l’insensé n’a pas envie de réfléchir, mais seulement d’étaler ses idées. » À Noël, demandons la sagesse, comme Marie en fut remplie, elle que nous admirons le 8 décembre.
Nous attendons « Noël ». Ce mot est lié à la naissance et à la femme. Il ne laisse pas indifférent. Je le constate quand je célèbre cette fête à la prison des femmes de Rennes. Comme est forte l’émotion douloureuse de ces femmes séparées de leurs enfants ou blessées à cause de leur enfant !
Avec cette naissance qui a bouleversé le monde, qu’attendons-nous ? Jésus. Beaucoup se réclament de son message à cause de ses béatitudes pour le bonheur, ou de sa miséricorde vis-à-vis des pauvres.
Mais il a dit : « Je suis la vie. » Qui a fini de méditer sur cette grandiose affirmation ? Les admirables découvertes scientifiques concernant nos premiers instants de vie dès la fécondation, ne prétendent pas clore le débat, tant la vie de chaque être humain est précieuse, riche de potentialités. L’accompagnement de chacun lors de sa fin de vie, de telle sorte qu’elle soit la plus apaisée possible manifeste chaque jour que la vie humaine est mystère.
La vie est donc née, à Noël. Ce fut dans un lieu écarté de Bethléem car il n’y avait pas de place pour accueillir Marie, la femme enceinte. Pour des raisons politiques, elle a dû partir de chez elle afin de se faire recenser dans la ville d’origine de la famille. Juive habitée par les Écritures d’Israël, elle s’est peut-être souvenue du proverbe : « Qui écoute un conseil est un sage. » Bienheureuse femme qui fut sage en demandant conseil, car que faire en son désarroi aux abords de Bethléem ?
Avec Noël, vient le salut. Le prénom « Jésus » le signifie. Dieu sait si nous en avons besoin ! Nos intelligences paraissent si aveuglées ! À tous, hommes et femmes, est adressé ce proverbe recueilli et transmis par le peuple juif.
Comme il est alors étrange que certains ne voient plus que la femme enceinte est sage en écoutant un conseil, en bénéficiant du temps donné pour le solliciter et pour réfléchir, ce qui est gage de sa liberté. Pourquoi lui supprimer tout délai de réflexion même si elle a spontanément décidé de ne pas garder l’enfant qu’elle porte ? Sa liberté ne vaut-elle pas un minimum de réflexion ? Pourquoi vouloir interdire de leur donner un conseil, sauf si celui-ci est conforme à ce que juge vrai un Gouvernement ? L’histoire rend prudent sur un tel diktat de vérité que prononcerait un Gouvernement, quel qu’il soit.
L’insensé de nos myopies idéologiques qui voudraient étaler ses idées, a besoin de laisser place à la sagesse avisée de nos raisons pour voir le réel tel qu’il est. Voilà le salut ! Surtout quand il s’agit de la détresse d’une femme portant une vie humaine en elle. Que d’égards elles méritent ! Comment, par attention à sa liberté, aider cette femme à ne pas être esclave de sa détresse ?
À Noël, demandons la sagesse afin de croître en liberté sans être prisonniers de nos passions. Noël est fête pour la sagesse. Avec l’Enfant-Dieu, elle vient chez nous. Elle resplendit en Marie.
Mgr Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes