Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint-Etienne, publie un communiqué sur les immigrés :
« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ».
Ces paroles du Christ résonnent tout particulièrement en nos cœurs alors que de nombreux migrants frappent à notre porte. L’actualité de ces derniers jours nous bouscule et nous interroge sur la manière dont nous réagissons face aux défis que cela représente. Les difficultés, les peurs et même les tensions peuvent être importantes mais il y a aussi tant de gestes d’accueil, tant de rencontres et de générosité ! Comment notre attitude peut-elle être toujours plus accordée à l’Evangile et à notre foi ? Permettez-moi de vous proposer quelques réflexions :
Je veux d’abord rendre grâce : plus de la moitié des paroisses du diocèse accueillent des migrants et les accompagnent tant sur le plan matériel et administratif que psychologique et spirituel, et ce dans la durée. De nombreux chrétiens sont aussi engagés dans des associations les plus diverses au service des personnes confrontées à ce drame.
La parabole du bon Samaritain est toujours d’une grande actualité : le Christ nous invite à aimer notre prochain comme nous-mêmes, à accompagner celui qui souffre à côté de nous, en particulier celui qui manque du minimum : un toit et de la nourriture. Accueillir et aider notre frère en difficulté – qu’il soit migrant ou pas – c’est sortir de soi, rappelle inlassablement le Pape François. Nous découvrons alors l’immense richesse de ces rencontres où nous recevons plus que nous ne donnons. En reconnaissant l’humanité de nos frères et sœurs souffrants, nous grandissons dans notre propre humanité.
Chacun doit en conscience chercher ce qu’il peut faire : accueillir, s’engager dans un service avec d’autres, rejoindre un organisme qui a une expérience dans ce domaine, écouter et accompagner les peurs et les inquiétudes, favoriser l’apaisement, visiter des personnes, soutenir financièrement, se former et s’informer… Laissons parler notre cœur, accueillons les appels et voyons ce qu’il est possible de faire autour de nous.
Ne négligeons pas la prière. Elle dilate notre cœur et l’accorde à l’œuvre d’amour que Dieu réalise aujourd’hui dans notre monde, avec tous ceux qui sont ouverts à son Esprit. La prière donne la charité, elle permet d’aimer avec l’amour même de Dieu. La prière donne la foi et l’espérance, à un moment où la tentation du désespoir ou du repli sur soi est grande.
Si, seuls, nous nous sentons profondément impuissants devant l’ampleur d’un tel drame, ensemble, nous pouvons faire beaucoup. Ces questions doivent être approfondies dans nos communautés, la collaboration est essentielle et doit s’étendre au-delà de nos cercles habituels : services de l’Etat, élus, travailleurs sociaux, associations, confessions religieuses… Nous devons affronter ensemble ces situations, chacun selon sa responsabilité.
Cette action concrète dans l’urgence doit être accompagnée d’une réflexion plus profonde sur les causes de ces drames et les moyens possibles pour y remédier, à tous les niveaux. L’accueil des migrants a une dimension éminemment politique. Comme citoyens, nous sommes appelés à nous engager aussi sur ce plan, en refusant les solutions simplistes, idéologiques ou démagogiques qui ne tiennent pas compte de la réalité, et en soutenant les politiques courageuses et réalistes qui affrontent les vraies questions. Tenir ensemble charité, vérité et justice est le seul chemin pour une solution à long terme.
Que le Seigneur ouvre nos cœurs pour que nous soyons compatissants et miséricordieux comme Il l’est à notre égard. Que chacun donne selon ses possibilités et les appels de l’Esprit. Soutenons-nous les uns les autres sur ce chemin : seul on ne peut rien, mais ensemble, avec le Seigneur, tout est possible.
+ Sylvain Bataille
Evêque de Saint-Etienne