Le livre du Conseil permanent de la conférence des évêques de France a une grande qualité : il est court. C’est sa seule qualité.
Ce texte incarne ad nauseam un catholicisme couleur muraille qui semble avoir définitivement renoncé à sa dimension prophétique pour accompagner les lieux communs du temps, énoncés avec une platitude que n’oserait pas le moindre éditorialiste. Ce n’est plus une Eglise qui proclame le Christ, c’est le Mouvement d’accompagnement spirituel de la démocratie universelle (Masdu) dont parlait autrefois l’abbé de Nantes et Jean Madiran. Les quelques évêques qui ont signé ce texte s’en prennent sans le nommer à l’idée de Benoît XVI selon laquelle le christianisme est nécessairement une contre-culture. Dans leur petit confort (peut-on parler d’évêques bobos, déconnectés de leurs ouailles ?), ils ont renoncé à être la pierre angulaire ou le sel de la terre. C’est triste, sans saveur, sans intelligence, sans esprit, banalement humain.
Autre chose frappante : c’est le ton moralisateur employé vis-à-vis de la classe politique : certes, c’est très banal et assez juste de rappeler que nos politiciens professionnels ont failli à leur mission, mais, dans leur domaine, les évêques ont-ils fait beaucoup mieux ? Ont-ils transmis le dépôt de la foi ? Ont-ils évangélisé ? Ont-ils combattu l’apostasie dont parlait Jean-Paul II ? Ont-ils dénoncé l’hérésie et défendu la vérité ? Non, rien de cela, comme le montrent chaque semaine leurs communiqués insipides. Il n’y en avait aucun (soit à peu près zéro sur une centaine) hier à La Manif Pour Tous. Pire, hormis 2 évêques (deux, pas trois, deux seulement !), aucun n’a appelé publiquement à manifester pour la famille. La CEF n’a publié aucun communiqué. Mgr Ribadeau-Dumas, secrétaire général de la CEF, twittait hier 16 octobre, sur l’anniversaire de l’élection de Jean Paul II : “Ses mots résonnent encore : n’ayez pas peur. Ouvrez grandes les portes au Christ.” N’ayez pas peur, c’est ce que l’on demande à nos évêques…