A l’occasion de la saint Jérôme (mort un 30 septembre), nous vous proposons cette étude étonnante d’un spécialiste du saint et passionné de Stendhal.
Les lecteurs attentifs et les spécialistes de saint Jérôme n’ont pas manqué de relever la présence de Saint Jérôme dans son dernier roman : La Chartreuse de Parme. Au chapitre 22, Fabrice Del Dongo, enfermé dans une cellule de la tour Farnèse et éperdument amoureux de Clelia Conti tient son journal intime dans les marges d’une édition in-folio des œuvres de saint Jérôme. Une question se pose. Pourquoi avoir choisi saint Jérôme ? La clef de la réponse pourrait bien se trouver au chapitre 29 du Rouge et le Noir, lui-même éclairé par les allusions au saint qui figurent dans les Promenades dans Rome et les Mémoires d’un touriste, ainsi que par un aveu d’Henri Beyle à Balzac sur son inspiration corrégienne. L’intérêt de Stendhal pour Saint Jérôme lui viendrait de la peinture italienne de la Renaissance et particulièrement de La madone de Saint Jérôme (dit Le jour) du Corrège. Mais l’affinité entre le romancier et le traducteur de la Vulgate semble fort ancien. Celle-ci remonte au moins à l’année 1817, puisque L’histoire de la peinture en Italie mentionne plusieurs représentations du saint. Mais rien n’interdit de penser que l’admiration du jeune Beyle soit plus ancienne. Quoiqu’il en soit cette rencontre se situe sur le seul plan de l’émotion esthétique et elle n’implique aucunement la lecture des œuvres du saint. Mais la mention de ce dernier dans les Promenades dans Rome, en 1829 montre une connaissance plus précise de sa biographie. Stendhal y compare le saint Jérôme avec le René de Chateaubriand, ce qui nous permet d’imaginer par quels chemins il a pu être mené jusqu’à lui. Le rapprochement entre René et saint Jérôme est déjà inscrite dans la présentation que le Génie donne du saint en 1802. Celui-ci apparait à la fois comme le promoteur de la vie érémitique et comme une figure prégnante du combat ascétique contre les charmes et tentations du siècle. Comme le héros de Chateaubriand, c’est dans les solitudes qu’il cherche l’apaisement de ses passions.
Lire la suite sur Cyrano.net