Les clivages, les féministes connaissent. Plusieurs visions s’opposent de longue date à propos de la pénalisation des clients de prostituées, de la gestation pour autrui, ou du port du voile. Mais l’épisode des arrêtés « anti-burkini », qui s’est poursuivi le 6 septembre avec la validation par le tribunal administratif de Bastia de celui pris à Sisco (Haute-Corse), provoque une fracture plus profonde que jamais. En outre, les lignes bougent. L’opposition aux arrêtés, et plus largement à de nouvelles restrictions au port de signes religieux dans l’espace public gagne du terrain, en particulier chez les plus jeunes.
En témoigne le positionnement, à première vue surprenant, d’organisations ou de personnalités féministes connues pour leur attachement à la laïcité. L’essayiste Caroline Fourest ou la meneuse des Femen Inna Shevchenko ont fermement condamné les arrêtés pris par une trentaine de maires du littoral, qui interdisaient aux femmes portant un burkini (ou tout vêtement ne laissant apparaître que le visage, les mains et les pieds) de se rendre sur les plages. Les associations Osez le féminisme ou les Effronté.e.s ont également désapprouvé ces mesures.
Sans pour autant défendre le vêtement. « On sait très bien que, même en France, l’oppression patriarcale s’exerce via le burkini et via le voile », observe Claire Serre-Combe, porte-parole d’Osez le féminisme. « Le voile est le signe d’une réduction des femmes au corps et au sexe, analyse Martine Storti, ancienne militante du Mouvement de libération des femmes. Il signifie qu’un corps qui n’est pas caché est à tout le monde. Cette volonté de contrôler le corps des femmes caractérise toutes les religions du Livre. »
Source Le monde.fr