Le 1er septembre, Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg, a publié une tribune intitulée : « Quelques réflexions quant à l’enseignement religieux à l’école »:
Depuis quelques mois maintenant, les turbulences autour de l’enseignement religieux à l’école s’accentuent. Les arguments mis en avant par ceux qui militent pour sa marginalisation, voire sa suppression, sont connus : il est obligatoire, il exige une demande de dispense si les parents ne souhaitent pas que leur enfant y participe, il prive les petits alsaciens de 180 heures d’enseignement général, il est archaïque et intolérable dans une république laïque.
À toutes ces accusations, les autorités diocésaines ont répondu à de multiples reprises. Faut-il donc rappeler une fois de plus que cet enseignement n’est obligatoire pour personne, sinon pour l’État qui doit l’organiser ?
Faut-il rappeler que depuis des années la fameuse demande de dispense se réduit à cocher d’une croix la case d’un formulaire, sans justification à donner ?
Faut-il rappeler que les petits alsaciens, malgré la « privation » de 180 heures d’enseignement, sont classés parmi les tout meilleurs dans les évaluations nationales, sans parler de tout ce que ces enfants acquièrent en plus grâce à leur participation à l’enseignement religieux et dont sont privés leurs camarades. Enfin, faut-il rappeler que la laïcité bien comprise ne prétend pas devenir un nouvel absolu, mais permet à toutes les religions de s’exprimer, y compris dans l’espace public ?
La laïcité « à l’alsacienne » n’est pas moins laïque et respectueuse de la conscience et des convictions de chacun que la laïcité vécue à Paris, en Bretagne ou en Auvergne ! Nous sommes fatigués d’être sans cesse attaqués sur nos spécificités et nos richesses originales, au moment où l’actualité tragique des attentats montre l’urgence de faire passer nos enfants et nos jeunes d’une laïcité d’ignorance à une laïcité d’intelligence.
À une époque où les repères se brouillent, où les règles structurantes permettant la cohésion sociale sont contestées ou ignorées, à l’heure où la transmission des valeurs se fait difficilement et où l’ensemble des institutions sont largement en crise, il est plus qu’important que soient offertes aux jeunes générations une culture religieuse de qualité, une recherche de sens, une éducation à la liberté et à la responsabilité.
Telle est l’ambition de l’enseignement religieux à l’école. Ne perdons pas la chance que nous avons en Alsace-Moselle de pouvoir en bénéficier et battons-nous pour qu’il soit maintenu dans des conditions acceptables.
À vous, parents, j’ose adresser cet appel : parce que l’enseignement religieux à l’école constitue pour vos enfants une occasion privilégiée d’enrichir leur esprit et d’élargir leur cœur, incitez-les à y participer afin qu’ils grandissent en maturité, en liberté, en capacité de devenir des citoyens responsables et engagés au service du bien commun.
De plus, cet enseignement favorisera progressivement les choix de vie que chacun doit faire, y compris l’adhésion ou non à une religion, car la question de Dieu et de la transcendance ne peut demeurer un sujet tabou. Il est essentiel qu’existent des lieux et des moments où on puisse en parler et en discuter, et ce dès le plus jeune âge. Le sens de la vie, de la mort, de l’amour mérite que l’on prenne du temps pour s’interroger et approfondir le message des religions.
Chacun doit pouvoir trouver des raisons de vivre et se constituer un socle de valeurs et de convictions sur lesquelles fonder son existence et chercher le bonheur. L’enseignement religieux à l’école contribue pour sa part à cette quête de vérité et d’espérance…
Chers parents, aujourd’hui nous avons besoin de vous, de votre bienveillance, de votre soutien actif, de votre mobilisation généreuse pour garantir un avenir serein à l’enseignement religieux à l’école. En aucun cas, le cours de religion n’a des intentions prosélytes ; il veut simplement répondre de la meilleure manière possible aux défis que lance le monde d’aujourd’hui afin que chacun dispose de bons outils pour s’y repérer, s’y engager, y trouver son épanouissement dans l’estime et le respect de la création et de tout être vivant.