Mgr Jean-Paul Jaeger est interrogé par Nord Eclair à propos d’un prêtre, l’abbé Onomo, qui a avoué avoir une relation avec une paroissienne:
Quel est le problème avec l’abbé d’Hermies Alexis Onomo ?
« Ce n’est pas un problème de qualité de ce prêtre. Je ne conteste pas le travail qu’il fait, ni le rayonnement qu’il peut avoir. La question est celle de l’envahissement, sur le terrain de sa vie pastorale, de sa vie personnelle. Il a couché avec une femme et ça a provoqué la réaction d’une autre… C’est une vie sentimentale et affective qui dépasse le cadre d’un simple égarement et qui marque la vie de la communauté. »
Vous avez parlé de garçonnière érotique…
« Il faut bien dire de quoi il retourne. Et ça s’est passé en un temps record puisqu’il est là depuis moins d’un an. C’est forcément un peu interrogatif. Il y a quelques mois, un prêtre a dû quitter subitement l’Audomarois pour rentrer en Afrique après les plaintes de plusieurs dames. Du coup, sur ces questions, c’est tolérance zéro. Cela étant dit, mon expérience d’évêque depuis vingt-cinq ans certifie que ces cas sont rares. À Hermies, il n’y a rien d’arbitraire : même si je n’ai pas tenu la chandelle, je suis sûr des faits et de la manière dont ça s’est passé. »
Pourquoi cette intransigeance ?
« Parce que tout va bien quand on file le parfait amour, mais le jour où ça se gâte, on vient voir l’évêque pour lui dire : Monseigneur, l’abbé m’a largué pour un autre ! Les relations sentimentales, c’est très complexe, c’est pourquoi je n’ai pas envie d’y mettre le nez. Souvent, la séduction est liée au ministère exercé par le curé. On vit quelque chose d’idéalisé, jusqu’au jour où on remet les pieds sur terre. Ce sont des choses délicates, y compris parce qu’elles peuvent voir l’émergence d’enfants. Je l’ai vécu. »
Le problème est donc moins celui des troubles possibles que de la rupture du contrat moral du curé ?
« Le prêtre s’engage au célibat et à la chasteté. Le débat est récurrent. Là, ce n’est pas ce cas de figure. Ce qui est en cause ici, c’est plus les remous qu’il y a à Hermies. Des personnes se sont trouvées dans l’embarras. »
Il est apparemment notoire que d’autres curés du secteur entretiennent des relations charnelles… Il suffit de rester discret ?
« C’est possible ! Je n’ai à ce jour pas d’autres certitudes sur d’autres curés. Mais si je m’aperçois que tel abbé a trompé ma confiance, c’est une autre histoire… Donc ce n’est pas une question de discrétion. Tout ça a une incidence sur l’exercice du ministère. Il y a quand même des gens qui ne sont pas contents de ce qu’il se passe. J’insiste sur le fait que la qualité du prêtre n’est pas un critère qui intervient. On s’est aperçu, notamment à Lyon, que les prêtres qui avaient beaucoup de choses à se reprocher étaient aussi souvent de très bons prêtres, très appréciés. »