C’est ce que la presse locale appelle une « forte adhésion » : une marche de soutien à Bariloche, Argentine, a réuni les partisans du juge d’instruction Martin Lozada qui avait autorisé une jeune fille de 17 ans à avorter à plus de 3 mois de grossesse parce qu’elle avait été violée par son père et son oncle : ils étaient… trois cents (selon les organisateurs). On se souviendra que la décision du juge avait fait l’objet d’un appel au nom des droits de l’enfant, mais l’appel n’avait pas empêché l’intervention d’avoir lieu.
On a entendu des slogans hostiles à la « Défenseure » des mineurs, Paula Bisogni, qui avait représenté les intérêts de l’enfant à naître, mais aussi à l’Eglise catholique et aux trois juges qui ont déclaré que le juge d’instruction n’avait aucune compétence pour décider dans cette affaire qu’il aurait dû transmettre aux juges des affaires familiales. Les 300 manifestants avaient une autre cible : le juge d’instruction 6, Miguel Angel Gaimaro Pozzi, qui vient il y a quelques jours d’ordonner la remise en liberté du père et de l’oncle de la jeune fille qu’il n’estime pas pouvoir maintenir en détention préventive, faute de preuves à leur encontre, en attendant la fin de l’instruction.
La marche s’est achevée à l’intérieur du palais de justice local où le juge Lozada, visiblement ému, est venu à la rencontre de ses supporters. Il a déjà obtenu le soutien d’une juge des affaires familiales sur place et de syndicats et d’organisations féministes à Buenos Aires : il est clair que ce genre d’affaires sert de tremplin aux projets des partisans de l’avortement qui gagnent des points pied à pied. Celui marqué par Lozada consistait à dire que dans les cas où le code pénal prévoit une absence de peine pour l’avortement, celui-ci peut avoir lieu de plein droit et sans passage devant le juge.
Ici, c’est le viol invoqué par la jeune fille qui servait de « passeport ». Est-il inhumain de souligner qu’en l’occurrence, l’enfant qu’elle portait a pu être éliminé avant même que la réalité du viol fût établie ?