En votant, mercredi 22 juin, le texte sur la diaspora, l’un des cinq inscrits à son ordre du jour au terme d’un demi-siècle de préparation, le concile orthodoxe actuellement réuni en Crète se penche sur l’un des plus épineux problèmes du monde orthodoxe. Quel statut conférer aux communautés présentes à l’étranger du fait de leur histoire et des mouvements migratoires ?
« Ethnophilétisme »
« La question est d’autant plus cruciale que les diasporas sont aujourd’hui l’espace où les relations interorthodoxes se concrétisent le mieux, souligne le P. Nicolas Kazarian, expert auprès du Patriarcat de Constantinople et prêtre à Philadelphie (États-Unis). En outre, de plus en plus d’évêques en sont issus, ce qui entraîne un glissement du centre de gravité de l’Orient vers la diaspora. »
Tant que la juridiction des Églises autocéphales – indépendance totale en langage orthodoxe – s’exerçait sur le territoire d’un seul pays (l’Église roumaine en Roumanie, l’Église serbe en Serbie, etc.), la question ne se posait pas. Mais avec les mouvements migratoires du XXe siècle, la plupart des Églises autocéphales comptent des « diasporas » – un terme emprunté au judaïsme – sur les cinq continents.
« Ces Églises exercent dès lors leur juridiction au-delà de leurs frontières d’origine sur une base nationale ou ethnique », explique le P. Gregorios Papathomas, professeur de théologie à l’université d’Athènes et à l’institut Saint-Serge à Paris. Outre l’empilement des juridictions (en France, par exemple, on compte pas moins de douze évêques à la tête des différentes communautés), cette pratique contredit une ecclésiologie orthodoxe fondée sur l’Eucharistie et l’Église locale. La tendance fâcheuse à grillager les Églises dans des ghettos ethniques ou nationaux a même été officiellement condamnée en 1872 comme une hérésie, l’« ethnophilétisme ».
Les diasporas, relais des Églises mères
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