” Tout ce qui rappelle Leonard doit disparaître “
L’archevêque Jozef De Kesel met le fruit du travail de son prédécesseur André Léonard en suspens. Les séminaristes conservateurs de la Fraternité des Saints-Apôtres doivent s’adapter ou disparaître.
Après avoir pris sa retraite comme archevêque l’an dernier, André-Joseph Léonard a souligné que son cœur réside dans la formation des jeunes prêtres. En 2013, il avait fondé la Fraternité des Saints Apôtres dans l’idée « de former des personnes compétentes ». Cela se passait notamment à Namur et dans le diocèse français de Bayonne. Dans la paroisse bruxelloise de Sainte-Catherine, ils ont eu le bonheur de faire leurs premiers pas en tant que prêtres.
Son successeur à l’archevêché, Jozef De Kesel, y met fin à présent. La semaine dernière, il a envoyé une lettre à la vingtaine de séminaristes de la Fraternité résidant dans notre pays. Le message est qu’ils ne sont plus les bienvenus sous les auspices de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. Fin de ce mois-ci la coopération prendra fin.
Les séminaristes ont le choix: soit ils quittent la Fraternité et se joignent au séminaire de l’archidiocèse lui-même, ou alors ils y iront chercher ailleurs d’autres statuts.
Le grand nombre de séminaristes français est la base de cette décision. C’est ce que Jeroen Moens, porte-parole de De Kesel, communique. « Dans certaines régions de France, il y a une grande pénurie de prêtres. Il ne serait pas collégial de laisser des séminaristes de la Fraternité à Bruxelles pour y devenir prêtres ».
Le fait que De Kesel met ainsi fin brutalement à l’initiative de son prédécesseur, il ne le nie pas. « Ceci est une autre politique. De Kesel donne sa propre interprétation à ses fonctions d’archevêque. Mais il n’a pas opté pour ce choix en l’espace d’une nuit. Cette décision a été prise en concertation avec les autres évêques. »
“Cela sent l’abus de pouvoir”
La déclaration officielle de l’archidiocèse provoque dans l’Eglise, et même au-delà des frontières nationales, des froncements de sourcils. « C’est une curieuse décision», a déclaré un juriste en droit ecclésiastique, Kurt Martens.
« L’argument selon lequel il y a une pénurie de prêtres, est flagrant pour tout le monde. Nous vivons dans un monde globalisé. Appliquez ce raisonnement et aucun prêtre des Pays-Bas ne pourrait exercer son apostolat en Belgique. Ou des prêtres anversois au Limbourg. »
Cela ressemble à un règlement de compte entre De Kesel et son prédécesseur Léonard. « Tout ce qui rappelle Leonard, doit disparaître. Cela sent l’abus de pouvoir. Il se pourrait que Monseigneur De Kesel doive s’attendre à un été chaud. »
Pour la tendance plus conservatrice au sein de l’Eglise belge, la mise a l’écart de séminaristes constitue un dossier symbolique. Les séminaristes déambulent en soutane et professent une foi plus traditionnelle, inspirée par le prêtre français Michel-Marie Zanotti-Sorkine. Ils constituent un milieu de vie en soi.
Geert De Kerpel, rédacteur en chef de Tertio, relativise : « L’argument de la pénurie de prêtres semble valable. Mais De Kesel adopte bel et bien une nouvelle ligne. On fait pas d’omelettes sans casser des œufs ».
Le Vatican a annoncé «vouloir respecter les pouvoirs décisionnels des évêques et ne peut donc pas faire de commentaires sur leurs décisions ».
Source Belgicatho
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