Mgr Ma Daqin, évêque “officiel” de Shanghai, avait démissionné de l’Association patriotique des catholiques chinois, le jour même de sa consécration épiscopale, le 7 juillet 2002. Ce comportement est rare dans l’Église de Chine. Mgr Ma Daqin avait été placé en résidence surveillée par les autorités chinoises, tout en s’exprimant sur son blog. Cependant, le 12 juin 2016, Mgr Ma Daqin affirme regretter sa démission de l’Association patriotique, ce qui a surpris. Certains mettent en cause la véracité de ces propos, dans la mesure où l’intéressé a vu son compte Weibo (le Twitter local) fermé au mois de mars. Pour d’autres, en raison du blocage dans le fonctionnement du diocèse, ces propos pourraient constituer un recul tactique. Enfin, on peut souligner que cette annonce intervient dans le cadre de négociations entre Rome et Pékin.
Riposte catholique avait récemment publié un article relatant une étude sur les évêques de Chine continentale.
Voici quelques extraits de la dépêche publié par Églises d’Asie, l’agence d’information des Missions étrangères de Paris (MEP), concernant les propos de Mgr Ma Daqin:
Ces derniers temps, la relative liberté de mouvement et d’expression dont jouissait encore Mgr Ma avait été restreinte. En mars, son compte Weibo, l’équivalent local de Twitter, suivi par plus de 50 000 abonnés, avait été soudainement fermé. Il semble que cette fermeture ait été motivée par le fait que Mgr Ma avait célébré la messe en privé, pour un groupe de fidèles, revêtu de ses ornements épiscopaux – un geste immédiatement sanctionné par les autorités chinoises pour qui Mgr Ma ne peut prétendre agir en tant qu’évêque de Shanghai. Le blog sur lequel Mgr Ma postait régulièrement des textes à portée spirituelle était en revanche resté consultable sur Internet.
Ce 12 juin, c’est sur ce blog que Mgr Ma a posté des propos inédits. A l’approche de la date du 20 juin, qui marquera cette année le centième anniversaire de la naissance de Mgr Jin Luxian (mort le 27 avril 2013 après avoir été durant vingt-cinq ans l’évêque « officiel » de Shanghai), Mgr Ma a publié une série d’articles en mémoire de Mgr Jin. Dans le cinquième article de cette série, Mgr Ma revient sur sa démission de l’Association patriotique. Il la qualifie de « rétrospectivement très peu avisée », et poursuit en se disant « ébranlé dans [sa] conscience ». Il note que le geste posé lors de son ordination épiscopale « a sapé le développement remarquable de l’Eglise catholique de Shanghai, un développement qui doit tant à Mgr Jin [Luxian] », et il poursuit en écrivant : « Pendant un certain temps, j’ai été trompé par certains, et j’ai prononcé certaines paroles et posé certains actes vis-à-vis de l’Association patriotique qui ne sont pas corrects. » « J’espère pouvoir agir de telle manière à corriger ces erreurs », écrit enfin Mgr Ma Daqin.
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Parmi les catholiques chinois, à Shanghai notamment, les commentaires vont bon train sur les réseaux sociaux. Certains mettent en avant le fait que le blocage quasi-total du fonctionnement du diocèse ne pouvait durer éternellement et que la « repentance » de Mgr Ma est la seule issue pour sortir de l’impasse. D’autres écrivent que le retournement de leur évêque les met dans une situation intenable. « Il est difficile pour nous catholiques de choisir [si nous devons ou non suivre notre évêque] étant donné que ce qu’il a écrit n’est pas conforme aux préconisations du pape Benoît XVI dans sa Lettre aux catholiques chinois », écrit ainsi un certain Martin, cité par l’agence Ucanews. En 2007, Benoît XVI avait, dans sa lettre aux catholiques chinois, dit que les constitutions de l’Association patriotique des catholiques chinois n’étaient pas compatibles avec la doctrine catholique.
Source: Églises d’Asie.