Lettre ouverte à Mgr Joseph De Kesel, Archevêque de Malines-Bruxelles
Bruxelles, le 13 Juin 2016
Monseigneur,
« Concertation », voilà un terme que vous utilisiez dans votre lettre pastorale de 2005 sur l’avenir des églises de Bruxelles. Alors aujourd’hui, pour ne rien vous cacher, nous sommes extrêmement inquiets. Nous essayons vainement de vous rencontrer, pour comprendre l’origine et le bien-fondé des rumeurs de fermeture de notre église Sainte-Catherine et de dissolution de la Fraternité des Saints-Apôtres qui courent depuis le mois d’avril dernier.
Comprendre pourquoi une église, située en plein cœur touristique de Bruxelles, qui fait le plein tous les dimanches et où de nombreux fidèles trouvent un véritable lieu de ressourcement spirituel et humain, serait à nouveau menacée de fermeture. Comprendre pourquoi l’Archevêché souhaiterait le départ de prêtres et de séminaristes qui ont permis à Sainte-Catherine de redevenir une paroisse vivante et rayonnante depuis sa réouverture en Septembre 2014, un « noyau de vitalité évangélique » comme vous en souhaitez tant pour notre ville. Comprendre enfin pourquoi le dialogue et les échanges en toute confiance et transparence sont si difficiles avec nos pasteurs sur des sujets qui nous touchent d’aussi près.
Pas d’informations, aucune communication
Le 29 avril 2016, le Vicariat de Bruxelles a démenti par voie de communiqué ces différentes rumeurs. Mais ce communiqué ne nous a pas rassurés, car il indique bien l’existence de deux dossiers en réflexion : l’un concernant la fermeture de l’église Sainte-Catherine, l’autre, la dissolution de la Fraternité des Saints-Apôtres. Pour en connaître le contenu, et parce que nous ne pouvons pas imaginer une réflexion sans connaissance de la réalité et des personnes directement concernées, nous avons souhaité vous rencontrer. À de nombreuses reprises, nous vous avons écrit (entre autre courriers des 25 et 26/04/16). Vous nous avez alors invités à contacter Mgr Kockerols, l’évêque de Bruxelles (dans un courrier du 27/04/16), ce que nous avons fait. Après notre courrier et nos nombreux rappels (28 et 29/04, 2 et 3/05/2016), nous avons finalement obtenu un rendez-vous avec votre Auxiliaire pour le 08/06/2016.
Au cours de cette rencontre, nous avons pu lui partager tout ce que nous vivions dans notre paroisse de Sainte-Catherine. L’occasion de lui parler des nombreux fruits issus de l’apostolat des prêtres et des séminaristes de la Fraternité des Saints Apôtres : les familles (catéchisme, repas familiaux), les jeunes, les écoles, l’accueil des étrangers, les fiancés, les malades, etc. Mais nous nous sommes aussi fait l’écho de l’inquiétude des nombreux fidèles de notre communauté paroissiale, suite aux différentes informations qui ont circulé à son sujet durant les dernières semaines.
Cherchant naturellement à être éclairés et rassurés, nous lui avons demandé quel était ce fameux dossier « Sainte-Catherine » et ce qu’il contenait, mais aussi si notre église continuerait d’être ouverte au culte catholique et si elle serait toujours confiée aux prêtres de la Fraternité des Saints Apôtres (FSA). Nous avons également voulu savoir pourquoi les prêtres de la FSA n’avaient pas été invités à la réunion du presbyterium du 04/02/16 comme tous les autres prêtres et diacres de Bruxelles, pourquoi Mgr Kockerols n’avait participé à aucune ordination diaconale ou presbytérale de la Fraternité ou encore pourquoi l’évêque n’avait jamais visité ses prêtres et ses paroissiens à Sainte-Catherine en deux ans, malgré leurs invitations. Enfin, nous lui avons demandé pourquoi la prise en charge des frais d’études et de logistique des séminaristes de la Fraternité des Saints-Apôtres convenue avec Mgr Léonard (on parle de dizaines de milliers d’euros) n’étaient plus payés par le diocèse, depuis de nombreux mois.
Qui va nous répondre ?
Des questions légitimes, nous semble-t-il. Mais Mgr Kockerols n’a répondu à aucune d’entre elles, nous rappelant qu’il n’était que l’auxiliaire de l’archevêque du diocèse… Les raisons invoquées ? Pêle-mêle : il ne savait pas y répondre, des questions de déontologie, l’aspect délicat de s’exprimer quand il s’agit de personnes, ou encore la difficulté de s’exprimer sur des décisions qui relèvent de votre autorité, etc. Au cours de la discussion, nous avons été particulièrement choqués d’apprendre que notre évêque ne connaissait pas le nombre de séminaristes de son diocèse… Ne connaît-il vraiment ni les noms ni les visages de ces jeunes qui sont les futurs prêtres de nos paroisses ? À la fin, il nous a invités à … vous contacter !
Qui donc va nous répondre ? Certains paroissiens avaient posé toutes ces questions par écrit à l’évêque de Bruxelles. La réponse fut lapidaire : « attendez les communications officielles ». Nous nous étonnons de la méthode utilisée par nos pasteurs pour décider de l’avenir de notre communauté, sans aucune concertation ou communication avec les intéressés. Raison pour laquelle, le 8 juin dernier, alors que nous faisions un compte-rendu détaillé de notre rendez-vous avec Mgr Kockerols auprès d’un large collectif de paroissiens, la démarche de cette lettre ouverte a été approuvée à l’unanimité.
Nous souhaitons un autre rapport entre les laïcs « de base » et le clergé. Comme le rappelait le pape François le 26 avril dernier : « Les laïcs sont des protagonistes de l’Église et du monde », invitant ainsi les pasteurs à « les servir et non à se servir d’eux ».
Nous sommes réellement surpris de l’existence d’un « dossier » sur notre paroisse alors qu’il n’y a eu jusque là aucun contact entre les évêques et les fidèles de Sainte-Catherine. Pourtant, nous serions vraiment heureux que vous veniez voir sur place ce que nous vivons. L’invitation à venir rencontrer la communauté paroissiale dans le cadre de la messe dominicale et de prolonger avec vous la conversation autour d’un apéritif convivial, co-signée par plus de 200 paroissiens et que nous vous avons envoyée le 30 mai, est pour l’instant restée sans réponse de votre part…
Pourtant, nous sommes convaincus que la rencontre entre les fidèles et leur évêque est le chemin pour construire ensemble et sereinement l’avenir de notre paroisse.
Nous vous assurons de notre prière.
Thomas Parias, entrepreneur, marié, père de 6 enfants
Laurence Habimana, médecin, mère d’une adolescente
Bernard De La Croix, ingénieur, marié, père de 3 enfants
Anne-Chantal André-Dumont, jeune enseignante, célibataire
Source Belgicatho