Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, s’est rendu dans la jungle de Calais. Il déclare :
Parmi la diversité des visages rencontrés, je retiens ceux des Soudanais du Darfour qui nous ont offert un bon thé à la menthe et avec lesquels nous avons passé un petit moment. Nous avons été voir des Erythréens chrétiens près de leur chapelle. Des visages d’Afghans aussi.
Il y a aussi ceux des organisateurs de la vie dans le camp, qu’ils soient issus de la société civile ou de l’Etat – avec les installations un peu améliorées ces dernières semaines. Certains sont des professionnels, comme le sous-préfet, d’autres représentent la vie associative, chrétienne ou non. Ils prennent des initiatives très fortes et très belles. Nous avons passé un long moment avec les bénévoles d’organisations chrétiennes : cela a été aussi un des temps forts de cette journée.
Vous avez remercié les bénévoles actifs auprès des migrants. Quel message voulez-vous transmettre aux catholiques en général ?
J’ai d’abord écouté le récit des bénévoles, ce qu’ils ont voulu partager. C’est souvent un chemin de vie, de conversion, de transformation par l’accueil de personnes qu’ils reverront (ou pas) et qui avaient besoin d’un coup de main, d’un sourire, de recharger un téléphone, de trouver une aide pour remplir des documents… Ils ont dit à quel point leur vie est changée, bouleversée par l’accueil. Ils sont passés de la peur à l’amitié ou, en tous cas, à un regard bienveillant sur ces personnes. C’était assez magnifique.
Je veux dire et redire que la rencontre rend proches, tandis que les idées nous éloignent. Il faut tenter, oser, cette expérience de l’accueil, du sourire, des gestes d’ouverture. Il faut vraiment essayer cela. Une attitude nous ferme, une autre nous ouvre.
Que voulez-vous dire aux migrants qui transitent par la France ?
On sait bien que les migrants vivent dans l’angoisse d’être arrêtés, dans les difficultés administratives, dans l’impossibilité de poursuivre leur projet. Si j’avais quelque chose à leur dire après les avoir rencontrés fortuitement, c’est : « Réfléchissez à ne pas manquer à votre pays ». Le moment venu, les choses s’arrangeront. Il y a quelque chose de l’ordre de la responsabilité vis-à-vis du pays dont on est originaire. Et aussi : « Dites bien aux autres que ce n’est pas facile de quitter sa culture. Les pays européens ne sont pas l’Eldorado ». J’ai vu, au cours du voyage en Irak, que quelques familles commençaient à revenir parce que c’était trop dur de quitter sa culture. Et puis, je leur dirais : « Vous êtes partis pour rejoindre l’Angleterre. Mais il y a des projets possibles en France. Changer de projet peut être une solution réaliste à un moment. Si vous choisissez cela, nous vous aiderons de notre mieux à en trouver un vivable dans notre pays ». L’Eglise et les chrétiens peuvent accompagner les migrants dans l’élaboration d’un nouveau projet. Le pire, c’est l’absence de projet. Ce ne sont pas les conditions matérielles parce que finalement, ils sont solidaires entre eux, ils se débrouillent. On a vu des petits restaurants, des épiceries. Les conditions matérielles, ça se résout avec de l’argent. L’absence de projet, voilà ce qui déshumanisant.
« Vous êtes partis pour rejoindre l’Angleterre. Mais il y a des projets possibles en France
Mais si. Je me demandais si j’avais bien lu. La France est devenue un droit de l’homme.
On ne manque pas à son pays volontairement ni par plaisir, mais on cherche à sauver sa peau ou à vivre là où règnent la paix, la justice et la liberté. J’ose croire que vu son âge, Mgr Pontier a connu la seconde guerre mondiale: comment peut-il dire aux migrants: “Réfléchissez à ne pas manquer à votre pays”? C’est ainsi qu’il laisse des prêtres étrangers dans la rue de Marseille et de France sans paroisse…
Cela réchauffe le coeur de lire des commentaires nuancés sur le sort des migrants, ni négatifs, ni outrancièrement gauchistes. Enfin une approche humaine.
Mais il est vrai que ceux qui cherchent seulement une “vie meilleure” peuvent manquer à leur pays s’ils n’y sont pas gravement persécutés et le retour devait pouvoir être envisagé.
Cependant les persécutions contre les chrétiens peuvent être terribles non seulement dans leur pays, mais aussi dans le pays d’accueil … un meurtre à Grande-Synthe, la terreur en Allemagne et ailleurs où ils sont contraints au “vivre-ensemble”..