L’équipe nationale de l’APEL va être élue début juin à Marseille. De nouvelles têtes se proposent de remplacer les anciennes… Voici les motivations de 2 candidats, Aymeric Le Clere, Coordinateur de l’équipe de l’Appel Stanislas à Paris, et Philippe Abadie, présidence de l’Apel St François d’Assise, primaire de l’établissement de l’Immaculée Conception à Pau :
Au cours des 14 derniers mois, les prises de position de l’Apel nationale sur la réforme du collège, marquées par une communication de soutien extrêmement précipitée et une absence d’analyse de fond, ont progressivement révélé une incompréhension croissante entre la direction du mouvement et sa base soucieuse de comprendre les enjeux de cette réforme fondamentale.
- Les conséquences ont été nombreuses et très négatives (i) pour la crédibilité de notre mouvement devant le déficit d’explication de l’équipe nationale (une analyse de la réforme a énormément manqué – et manque toujours !), (ii) pour la confiance des adhérents désarçonnés par l’absence de toute forme de consultation en amont du soutien donné, et de réponse apportée aux multiples interpellations des Apel d’établissements, et (iii) pour la cohésion de l’Apel avec les premiers départs historiques de plusieurs écoles.
- Cette absence de réponse sur un sujet si sensible et l’enchaînement des événements montrent qu’il y a un problème manifeste dans la gestion de ce qui est en train de devenir une crise majeure dont les médias nationaux se font l’écho, causant des risques d’image négative pour notre mouvement et l’enseignement catholique.
- Il a pu y avoir l’illusion que les choses se tasseraient et qu’il n’y avait pas d’intérêt à reconnaître les erreurs faites sur cette gestion de crise, révélatrices de problèmes profonds de gouvernance et de fonctionnement. Mais l’épreuve du feu du réel avec la mise en œuvre de la réforme ne fera qu’aggraver les tensions et les incompréhensions devant les choix qui ont été faits.
- Nous sommes donc persuadés qu’un changement de méthode et un renouvellement fortà la tête de l’Apel sont indispensables pour accompagner dans les défis à venir nos enfants, et toutes les équipes enseignantes et administratives de nos écoles. Il faut tourner la page pour faire face aux enjeux à venir avec une organisation renouvelée, recentrée, crédible et comprise : nous voulons porter cette ambition au service des enfants, autour de trois objectifs prioritaires.
1. Epargner à nos enfants le désastre de la réforme du collège
- Afin de comprendre la position de l’Apel nationale, nous avons décidé d’analyser cette réforme que nous ne connaissions qu’à travers le prisme des débats publics. Notre jugement est clair : malgré des constats partagés et certaines intentions louables, elle aura des conséquences néfastes multiples pour nos enfants, et nous comprenons mieux pourquoi on n’en compte plus les opposants. Ceux-ci se renforcent au fur et à mesure qu’elle se confronte à l’épreuve du terrain, la récente parution des nouveaux manuels scolaires venant l’illustrer encore à renfort de médias.
- Sans aller dans le détail de nos analyses qui sont disponibles, nos premières craintes sont :
v L’interdisciplinarité démultipliée ou comment faire du neuf avec du vieux qui n’a pas marché,
v L’affaiblissement de la transmission avec la diminution des horaires au global et le remplacement d’horaires disciplinaires par les EPI, au détriment des apprentissages fondamentaux qui font déjà tellement défaut aux plus faibles,
v La création d’un monstre organisationnel qui va creuser les inégalités, en particulier dans les établissements qui n’auront pas les moyens de gérer une telle complexité,
v L’illusion d’une autonomie de façade, emprisonnée dans un carcan rigide, et enlevant aux enseignants toute envie et tout moyen de s’adapter à leurs classes,
v Une réforme « hors-sol », coupée de la réalité du terrain et de ceux sur qui elle repose,
v La mise en place de programmes – pourtant rejetés par le Conseil Supérieur de l’Education, mais votés par l’Apel nationale – ouvrant la porte au nivellement par le bas et donc à l’accroissement des inégalités au détriment de ceux qui ne pourront pas aller au-delà,
v Une logique d’indifférenciation à l’heure où chacun veut s’éloigner du collège unique : c’est la fin de toutes les possibilités de personnalisation, et la marche vers le « collégien unique »,
v La réalité d’un fond idéologique que nous ne pouvons accepter, tant sur la relation enseignant / élève que sur l’objectif de gommer inégalités sociales et déterminisme familial ; l’école n’est pas le lieu de la correction de ces différences mais peut offrir les moyens de les dépasser : or cette réforme ne va faire que les aggraver en favorisant ceux qui sauront en atténuer les effets.
- Et si on a pu nous dire que la culture de l’autonomie de l’enseignement libre et son statut nous permettraient de tirer les « bonnes » choses de cette réforme, nous ne croyons pas à ce vœu pieux qui ne résiste pas à l’analyse ; mais plus que tout, nous refusons surtout de nous rassurer en détournant les yeux de ce qui menace tous les collégiens de l’enseignement public.
- Pour autant, nous sommes conscients des changements nécessaires à la réussite du collège. Mais nous voulons que l’Apel nationale fournisse aux parents les outils d’analyse de ce qui se prépare, en s’appuyant sur toutes les expertises de façon constructive et collaborative, et en tirant parti du bénéfice des évolutions technologiques et pédagogiques de ces dernières années.
- Au-delà de notre opposition à cette réforme, le rôle de l’Apel nationale que nous voulons doit être celui (i) de l’accompagnement vigilant de la mise en œuvre imposée de cette réforme, afin d’en minimiser les travers et les conséquences désastreuses, et (ii) de l’anticipation des modifications nécessaires à une nouvelle réforme du collège, puis du lycée, et de l’enseignement supérieur !
2. Renouveler une organisation à transmettre à nos enfants
a. Une organisation moderne, participative et démocratique
Nous voulons une Apel dont les instances dirigeantes ne soient pas coupées de leur base et qui privilégient le dialogue dans un esprit démocratique, à l’inverse de prises de positions unilatérales telles que le soutien à la réforme du collège, le jour même de son annonce, sans explication ni concertation : que son mode de fonctionnement soit aussi un exemple pour nos enfants !
→ Le système pyramidal hérité de l’histoire ancienne de l’Apel peut maintenant s’enrichir de débats nationaux et de participations directes des adhérents, en particulier via leurs représentants aux Apel de leurs établissements au-delà des différentes strates structurelles.
→ Nous proposons de faire évoluer les statuts pour introduire des consultations préalables des présidents des Apel locales à toute prise de position significative.
→ En particulier, nous demandons à mettre en œuvre cette démocratie participative sur la question de la position de l’Apel sur la réforme des collèges en cours de déploiement.
b. Une vraie transparence sur l’utilisation de ressources à utiliser localement
Nous voulons une Apel qui soit transparente et comptable de ses actions, qui doivent être connues et comprises de tous, comme son mode de fonctionnement et ses états financiers.
→ La vocation des Apel des établissements est d’abord de participer au projet éducatif au niveau local et d’aider les familles : les ressources financières liées aux cotisations des parents ont donc vocation à être très majoritairement focalisées sur ces projets locaux.
→ Les échelons départementaux, régionaux et nationaux doivent se donner pour objectif de réduire drastiquement leur train de vie pour arrêter d’aspirer plus de 50 % des cotisations versées par les familles comme c’est le cas le plus souvent – quand ce n’est pas les ¾ !
→ Une communication régulière et transparente de l’emploi des ressources est indispensable pour assurer confiance, cohésion, compréhension : les parents ne comprennent pas les actions menées au-delà des Apel d’établissement, or le Bureau National doit être évalué sur celles-ci !
c. Des objectifs précis au service des parents et des établissements
Nous voulons une Apel libre et indépendante de toute influence extérieure, qui ne soit pas une chambre d’enregistrement mais un « phare », source de réflexion et de propositions pour l’éducation de nos enfants, grâce aussi aux multiples expériences des établissements si divers qu’elle regroupe.
→ Ces propositions, remontées, et orientations sont à construire au plus près des intéressés et du terrain. D’ici le congrès et les élections, nous appelons donc chaque Apel d’établissement à solliciter ses membres pour nous remonter les besoins pour lesquels l’échelon national leur semble vraiment pouvoir apporter une plus-value tels que par exemple :
v Une représentation nationale, et le lien avec les autres institutions et corps constitués
v La qualité et cohérence des articles du journal Famille et Education : le précédent malheureux du numéro de 2015 portant sur une présentation des plus réductrices d’un thème pourtant clé – l’éducation affective et sexuelle – ne doit pas se renouveler, même s’il a ensuite été « complété » !
v Des ressources d’analyse des réformes en cours, et d’anticipation des réformes à venir (lycée, classes prépas,…) permettant aux parents de jouer pleinement le rôle auquel l’enseignement catholique les appelle dans ses statuts (par exemple art. 48 et art. 298 EC )
→ Nous voulons donc une Apel qui soit un appui pour les parents dans leur mission de premier éducateur de leurs enfants ; qui leur apporte des informations et des pistes pour les aider à comprendre le monde dans lequel grandissent leurs enfants, et à amener chacun de leurs enfants à leur propre niveau d’excellence, avec un équilibre toujours subtil de fermeté et de bienveillance.
3. Placer le projet d’éducation chrétienne au cœur de la proposition à nos enfants
Nous voulons une Apel qui se donne les moyens de permettre à tous les enfants et à leurs parents de découvrir pour certains, d’approfondir pour d’autres, la beauté et la force du message du Christ, dans le respect des convictions personnelles de chacun.
→ Le projet d’éducation chrétienne, qui est au cœur du choix libre et premier fait par les parents de l’enseignement catholique,est en effet une richesse inépuisable pour nos enfants et une liberté fondamentale à préserver. Il se focalise sur ce qui va donner envie aux jeunes de s’efforcerpour apprendre des contenus qui en valent la peine et qui procureront une véritable joie, bien loin des artifices dans l’air du temps. Ce projet sèmera sur tous les terrains visant ainsi le plein épanouissement “de tout homme et de tout l’homme”
→ L’approfondissement et la défense de cette singularité, qui fait que des parents chrétiens et non-chrétiens choisissent ce projet, doivent être placés au cœur des missions de l’Apel.
→ Dans le respect de son statut associatif non confessionnel, l’Apel ne devrait pas hésiter à s’appuyer sur la richesse de l’enseignement de l’Eglise, experte en humanité, pour accompagner les parents et leurs enfants, en cohérence avec le projet d’éducation chrétienne auquel ils ont adhéré en inscrivant leurs enfants dans un établissement catholique.
→ Cela nécessite un dialogue renforcé avec les instances correspondantes de l’Eglise aux niveaux national et local (L’Évangile inspire le projet éducatif aussi bien comme motivation que comme finalité (…) Cette référence explicite à la vision chrétienne est reconnue par tous – art.126 EC).
Ainsi, le soutien des Apel d’établissements à la pastorale des établissements pourrait-il être renforcé et développé au niveau de l’Apel nationale (retours d’expérience, bonnes pratiques,…).
Conclusion : assurer la continuité et la cohésion de l’Apel
L’Apel peut encore réunir à nouveau l’ensemble des parents d’élèves de l’enseignement catholique, et sortir de la crise actuelle en étant renouvelée et plus solide sur ses valeurs historiques.
C’est notre conviction et la raison de notre candidature. Si nous ne sommes pas des membres de l’organisation nous avons la volonté et l’envie d’y investir notre énergie et nos convictions, en nous appuyant sur les ressources en place et les équipes de qualité qui peuvent être mobilisées sous l’impulsion du président et du vice-président de l’Apel nationale.
Cette Apel renouvelée est possible, et indispensable pour le futur des enfants confiés à l’école libre, en particulier pour éviter un éclatement que préfigurent les craquements multiples et les premiers départs. Nous voulons par notre candidature et notre élection préserver l’unité et la cohésion, afin de regarder devant nous pour relever ensemble les défis de l’instruction de nos enfants !
Comment les parents (et maintenant grands-parents) d’élèves, engagés de longue date dans le soutien de l’Enseignement Catholique, pour qui la formation de la foi n’exclut pas la qualité de l’enseignement, ne pourraient pas se réjouir de ces prises de position, en remercier les auteurs, et leur confier leurs espoirs, et même leur espérance ? Merci à tous, du fond du coeur !
et oui, Monsieur Delmau, mieux vaut Léotard que jamais….je doute de l’efficacité de cette démarche aussi réthorique que celle de l’ancien ministre qui parlait beaucoup pour agacer tout le monde sans être efficace, sauf à tirer des balles contre son camp. Allez, Il reste tout de même le saint-Esprit (avec le feu qui va avec, je précise) pour réussir – tardivement – dans cette tentative de prise de pouvoir. Oui, mieux vaut Léotard que jamais.
Bof, ils feront comme les autres dirigeants, aussi faux-jetons les uns que les autres : “ils rentreront dans la niche”. On ne mord pas la main qui vous nourrit, surtout si c’est la République.
Je hausse les épaules : attendre un an pour réagir….
Voilà les catholiques de France ! Paix à leur âme, s’il leur en reste une….
Le “L” de “APEL” ne gagnerait-il pas à être changé en C?
Ces établissements, formatés par la puissance publique qui les tient par l’argent, peuvent-ils encore se présenter comme “libres”?
Pour le moment le “P” de “privés” (voire “PSC” comme “privé sous contrat” est le reflet de la réalité.
“C” comme catholique est trop rarement le cas.