Le site Religion News Service, « seul site laïc d’infos et de photos voué à la couverture impartiale de la religion et de l’éthique », décrit par exemple l’action du Dr Douglas Huber, spécialiste de la « santé reproductive », parti il y a cinq ans en Afghanistan pour promouvoir un programme d’« Accélération de l’usage des contraceptifs », à l’heure où le taux de fécondité des femmes afghanes atteignait 7 enfants par femme.
Les « décideurs » – occidentaux comme afghans – craignaient de se heurter au refus des musulmans de base. Aussi Huber s’est-il adressé aux mollahs (raconte RNS), transformant avec succès de grands prédicateurs islamiques afghans du vendredi en promoteurs de la contraception : ils trouvèrent même des versets du Coran à faire figurer sur les emballages de contraceptifs. Huber assure que le gros de la résistance à la pilule et autres moyens de contrôle des naissance est liée à la peur de la stérilité ou d’autres problèmes de santé.
Ses programmes – aujourd’hui il est au Malawi – visent à réduire la fécondité dans les pays musulmans dont certains sont déjà « bons élèves », comme le Pakistan, deuxième Etat islamique en termes de population, qui a fait chuter son indice de fécondité de 6 ou 7 enfants par femme à 2,48. Cela implique tout de même une croissance de la population de 3 millions de personnes (mais n’est-ce pas par l’allongement de la durée de vie, d’abord ?). Pour les « experts » cités par RNS cela représente une menace pour les ressources planétaires et la santé, conduisant à l’augmentation de la pauvreté et ses corollaires, la violence et l’instabilité internationale.
En règle générale, les responsables de l’islam considèrent la contraception comme acceptable à condition que les deux époux soient d’accord (assure RNS), qu’elle ne soit pas un moyen de se soustraire à la responsabilité de la parentalité, et qu’elle ne prenne pas la forme d’une stérilisation, masculine ou féminine.
Certains responsables musulmans demeurent pourtant opposés à la contraception sur la base du verset qui interdit de tuer ses enfants par peur de manquer, ou par le refus de changer la création de Dieu. A quoi d’autres répondent que la recommandation coranique d’allaiter ses enfants pendant deux ans implique qu’une nouvelle grossesse ne devrait pas compromettre la capacité de la femme à remplir cette obligation.
A l’heure qu’il est la prestigieuse – du point de vue islamique – université égyptienne d’Al-Azhar a publié des fatwas favorables à la contraception et possède un centre d’études de la population qui distribue des publications faisant la publicité du contrôle des naissances.
Mais de nombreux musulmans continuent de voir ou ont vu par le passé la pression occidentale sur la natalité comme un complot contre l’islam, d’autant que l’augmentation du nombre de musulmans dans le monde est perçue comme un bien, notamment pour inverser un statut minoritaire dans un pays donné.
Les promoteurs de la contraception comme le Dr Huber ont donc cherché à voir quels sont les arguments les mieux acceptés par les mollahs, sur le plan théologique mais aussi de la santé.
A la place des musulmans, on pourrait se sentir insulté, dupé ou manipulé par de telles pratiques.
Celles-ci s’adressent également à des populations protestantes sub-sahariennes. Sans se poser de questions sur les dangers de la pilule et des autres moyens de contraception chimique; Evacuant la question morale.
L’Eglise catholique, elle, ne récuse pas la régulation des naissances mais elle le fait en respectant à la fois les devoirs moraux des populations et leur capacité à pratiquer la planification familiale naturelle dans une attitude de respect et d’ouverture à la vie.