Malgré quelques glissements de vocabulaire (comme l’infinité des mérites de Marie), le Père Frédéric Guigain, propose une vision plus profonde et non sentimentale de la miséricorde.
Une miséricorde incarnée qui remet à sa place le péché et l’offense faite à Dieu, là où toute la littérature actuelle fait la part belle au pécheur.
Conférence donnée pour Eleuthéros
Le Pape François a édicté cette année « Année Jubilaire de la Miséricorde », en une époque où précisément la Miséricorde, en tant que concept philosophique et concept surtout théologique, n’est sans doute pas des plus clairs. La Miséricorde aujourd’hui est surtout comprise à l’égard du prochain, elle tourne souvent au moralisme. Sans doute nous avons besoin de nous rappeler que nous devons être proche de notre prochain et devons faire bien des efforts et des renoncements et d’authentiques actes d’amour renouvelés pour véritablement témoigner de la Miséricorde à l’égard du prochain. Mais la Miséricorde est avant tout un concept théologique et là, on est confronté aujourd’hui à une difficulté à cerner ce qui était autrefois le mystère que l’Église prêchait concernant la Miséricorde, la Miséricorde en tant que acte de Dieu !
La Miséricorde, si on devait partir d’un concept simple donné par son nom lui-même, c’est le fait de déployer un nouvel effort d’amour à l’occasion de la misère d’autrui. Par conséquent cet acte de renouvellement de l’amour est intrinsèquement lié à la misère d’autrui. La question est évidemment qui se pose c’est de quelle façon Dieu est ému de la misère de l’homme et réalise une nouvelle inventivité de son amour. Cette nouvelle inventivité définit précisément la Nouvelle
Alliance. Mais dans la tradition de l’Église, la misère de l’homme est indissociable de son péché.
Mieux, selon la tradition biblique, la misère de l’homme est conséquence du péché. Conséquence d’un péché qui sans doute dépasse l’homme, péché d’abord des anges, péché qui devient originel, au sens de radical, plus grand que même ce que nous pouvons nous mêmes en concevoir, et qui suppose de la part de Dieu d’intervenir non pas seulement en relation à la misère induite mais en relation au péché commis. Aujourd’hui justement notre époque ne fait plus le lien, ou le fait de façon de plus en plus difficile, entre l’état de misère dans laquelle l’humanité se trouve et la réalité du péché. Encore une fois, évidemment, le péché ne doit pas seulement concerner la relation à autrui, et retomber dans un discours moralisateur : je suis pécheur parce que par mes actes, je détruis mon prochain. Mais ici, il s’agit d’abord et fondamentalement du péché vis-à-vis de Dieu.
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