Les négociations entre Rome et Pékin laissent beaucoup d’incertitude sur leur issue. Le pape François a récemment fait l’éloge de la Chine et a montré toute son attention au peuple chinois, dans le sillage de ses prédécesseurs. C’est un dossier compliqué, un contentieux jamais éteint, qui remonte aux années 1950. Du côté des catholiques “clandestins” (l’expression est impropre, car dans bien des diocèses de Chine, les catholiques qui ne sont pas affiliés à l’Association patriotique ont pignon sur rue), il y a aussi beaucoup de circonspection et de réticence. La crainte d’être abandonné existe depuis un certain temps. Elle réapparaît à chaque moment de négociation sérieuse entre Pékin et Rome.
Certains redoutent la trahison de Rome et envisagent de ne pas suivre une Église réunie et réconciliée. Le The Telegraph met à disposition de ses lecteurs un reportage intéressant sur une communauté clandestine du Shijiazhuang (province du Hebei). Le reportage montre des photos d’une messe célébrée en plein air, dans la cour d’une maison. Pour le père Dong, “il est possible que Rome nous trahisse”. “Si cela arrive, je démissionnerai. Je ne rejoindrai pas une Église contrôlée par le Parti communiste”. “Nous souffrons comme Jésus sur la Croix. Nous combattons pour la liberté religieuse et suivons l’Évangile – mais nous ne sommes soutenus ni par Rome, ni par la Chine.” Le père Dong a été emprisonné à plusieurs reprises.
La province du Hebei est réputée pour sa forte communauté catholique. Mais à la différence des autres provinces chinoises, la situation est plus tendue. Ainsi, dans la région autonome du Xinjiang, Riposte catholique relatait l’existence d’une communauté catholique qui ne connaissait pas de division. Il n’en va malheureusement pas ainsi dans toutes les régions de Chine. Une vague de répression a récemment eu lieu dans le Hebei, touchant une communauté “clandestine”. Certes, la situation peut-être été davantage tendue dans le passé. Ainsi, Mgr Fu Tiexan, sacré évêque sans mandat pontifical par un autre évêque irrégulier, en 1979, a toujours été “irrégulier”. Pourtant, les séquelles des divisions demeurent. La réconciliation prendra du temps et suppose beaucoup d’efforts, tant du côté officiel que “clandestin”. Mais elle exige aussi que les autorités chinoises relâchent leur pression sur l’Église pour laisser à cette dernière sa nécessaire liberté.
Source: The Telegraph.