Message de Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy :
Les semaines se suivent et se ressemblent. Il y en a pourtant une que les chrétiens doivent vivre différemment, parce qu’elle est au cœur même de leur foi. La Semaine sainte est cette grande semaine qui s’ouvre le dimanche des Rameaux, pour culminer lors de la veillée pascale. Huit jours nous attendent, pour passer avec le Christ de la mort à la vie.
Pas à pas, nous suivons Jésus qui prend sur lui nos fragilités. Messie vulnérable, au milieu d’une foule qui l’acclame comme Roi ; serviteur vulnérable à genoux aux pieds de ses disciples, le soir de la Cène ; Dieu vulnérable, donnant sa vie en nourriture, mourant sur la croix par amour pour l’Homme, disparaissant dans la nuit du tombeau. De cette vulnérabilité même, jaillit une vie nouvelle le matin de Pâques.
Car la vulnérabilité du Christ est celle de l’amour. Avec Jésus, nous ne sommes pas abandonnés à une destinée soumise à la puissance de la mort. La croix de Jésus est victoire sur le mal et le péché. La joie pascale naît au pied de la croix, portant toute souffrance et toute peine. « À quoi servirait-il de naître, sans le bonheur d’être sauvé ? », chante l’Église au cours de la veillée pascale. En prenant sur lui toutes nos fragilités humaines, le Christ nous révèle qui est Dieu.
Tout au long de la Semaine, nous n’évoquons pas un souvenir : c’est vraiment le don que le Christ fait de lui-même qui est rendu présent. Ne restons pas spectateurs. Entrons dans ce mystère qui saisit toute notre vie. Acclamer le Christ sur le parvis d’une église, ou participer à un chemin de croix, sont des signes profonds d’appartenance à une communauté, mais la lecture de la Passion, la participation à la Sainte Cène, l’adoration de la croix nous font mesurer combien notre vie, à la suite du Christ, peut être un don pour nos frères. « Faire mémoire » du Christ, c’est mettre l’amour au centre de notre vie. Faut-il encore que nous nous laissions habiter par cet amour qui est le don de Dieu !
Comment allons-nous vivre cette Grande Semaine ? La Liturgie n’est pas une succession de rites : elle nous introduit au cœur du mystère pascal que nous célébrons, et nous fait participer aux sentiments mêmes du Christ Jésus.
Nous pouvons nous encourager en famille, entre amis, à participer aux célébrations de la Semaine sainte. Non pour faire nombre, mais pour manifester ensemble notre attachement au Christ. Ne nous laissons pas aller à la tiédeur, qui conduit à l’indifférence. Nous avons besoin de nous porter et de nous encourager les uns les autres dans la foi, pour être, au cœur de ce monde, ce peuple qui vit de la miséricorde du Seigneur et en témoigne par toute sa vie.
Parmi les célébrations liturgiques de la Semaine, la Messe chrismale (le mardi soir) est un temps fort de l’Église diocésaine. Localement, sont proposés des temps d’adoration, des moments de prière autour de la Parole, des chemins de croix… Venez prendre part à la prière de l’Église !
Le rythme de la semaine de travail peut ne pas faciliter la participation souhaitée. Il revient à chacune et à chacun, pourquoi pas en famille, de choisir que la Semaine sainte ne soit pas une semaine comme les autres… Même si toute semaine devrait être sainte !”