Après Mgr Dubost, c’est au tour de Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France, dont le mandat (renouvelable une fois) arrive à échéance cette semaine, de soutenir le cardinal Philippe Barbarin, dans La Dépêche :
“Etes-vous prêt à continuer cette mission?
Je suis disponible pour continuer… ou pour arrêter. Le docteur ne m’a rien interdit! Je n’ai jamais rien demandé, je ne vais pas commencer. Si j’étais réélu, à 75 ans, j’écrirais au pape ma lettre de démission de ma charge d’archevêque, et mon sort ne m’appartiendrait plus.
Quel bilan dressez-vous de votre mandat?
On a eu des temps forts de communion; je ne me vois pas en leader de la Conférence des évêques, mais en serviteur de cette communion. Je préfère inviter les évêques à discerner ensemble plutôt qu’à faire des cavaliers seuls.
Comment réagissez-vous à l’affaire de pédophilie qui ébranle l’Eglise, avec des plaintes pour non dénonciation d’atteintes sexuelles visant le cardinal Philippe Barbarin?
C’est un sujet très douloureux. Mais nous travaillons depuis quinze ans sur ces sujets et sur la justesse de nos réactions. Tous, on est dans la position de fermeté, du respect des victimes et de la justice. Le cardinal Barbarin l’a été. Je sais très bien comment il est intervenu dans ses deux diocèses (Moulins de 1998 à 2002, Lyon depuis) sur les événements dont on l’informait. Il a toujours été rigoureux.
Sur d’autres sujets, l’épiscopat n’est-il pas traversé de divisions, avec un courant d’ouverture, que vous pouvez incarner, et un groupe plus intransigeant, autour de Marc Aillet (Bayonne) et Dominique Rey (Toulon)?
Il existe des sensibilités différentes qui arrivent à se parler. Nous ne sommes pas dans des rapports de force mais dans un dialogue. L’important est qu’il ait lieu au sein de notre assemblée. Je prends l’exemple du dialogue avec les musulmans, dont nous débattrons en cette assemblée de printemps: c’est entre nous qu’il faut en parler.
Le regard porté sur l’islam par nombre de fidèles catholiques voire d’évêques ne s’est-il pas raidi dernièrement?
Il y a un risque, oui, de raidissement. Le chemin de l’Eglise nous invite au dialogue, sinon c’est l’affrontement. La radicalisation de l’islam qui nous est renvoyée par Daech en particulier – mais Daech est rejeté par beaucoup de musulmans – est faite pour nous diviser. Si nous tombons dans ce travers, nous préparons les fondamentalismes de tous les camps.
L’Eglise a-t-elle encore un rôle à jouer pour apaiser les maux de la société?
Oui, nous voulons signifier que nous sommes habités par une espérance qui dépasse les peurs que provoquent les événements. Nous chrétiens, nous ne pouvons pas verser dans la peur!
Face au FN, l’épiscopat semble ne plus parler d’une seule voix. Pourquoi?
Avant, le Front national regroupait surtout des militants très identitaires, aujourd’hui il rassemble une masse de Français déçus. Au sein des évêques un courant – il demeure majoritaire – dénonce des idées avec lesquelles nous ne pourrons jamais être d’accord. Une autre tendance veut tenir compte de cette masse de gens qui votent FN mais qui ne le sont pas, idéologiquement, au sens d’il y a 20 ou 30 ans.
L’Eglise tient aussi des positions à contre-courant de la société, sur l’avortement et la fin de vie. Dans quel esprit?
Sur ce qui touche à la vie, nous nous situons plus en décalé par rapport à la culture d’aujourd’hui. Nous sommes témoins de la souffrance de beaucoup de personnes, nous ne pouvons pas contribuer à banaliser cela. Et il nous semble qu’on ne peut pas défendre un bout de la vie et pas toute la vie. Si on se bat aussi pour les migrants, c’est parce que la vie humaine est sacrée. C’est notre prisme pour regarder la réalité.”
« Sur ce qui touche à la vie, nous nous situons plus en décalé par rapport à la culture d’aujourd’hui. Nous sommes témoins de la souffrance de beaucoup de personnes, nous ne pouvons pas contribuer à banaliser cela. Et il nous semble qu’on ne peut pas défendre un bout de la vie et pas toute la vie. Si on se bat aussi pour les migrants, c’est parce que la vie humaine est sacrée. C’est notre prisme pour regarder la réalité. »
Pas très clair comme déclaration. La souffrance, c’est la vie. On le sent mal à l’aise pour défendre la morale rationnelle. Un “prisme” est déformant, l’image est particulièrement mal venue, alors que nous voyons la réalité telle qu’elle est. Le Larousse donne la signification du mot “prisme” pris métaphoriquement :
« À travers un prisme, voir, juger les choses suivant des passions qui les déforment. »
On peut dès lors soupçonner des opinions (mal) cachées sur l’avortement et l’euthanasie.
Il est vrai que le clergé est un clergé d’exclusion et de haine. Je l’ai déjà raconté, mais une de mes filles fut refusée dans un collège catholique de Marseille en raison de mes opinions. Cela fut pratiqué hypocritement. J’avais le tort d’aimer le missel de saint Pie V que ces messieurs haïssent.
Pour la liberté religieuse, les fidèles catholiques devront repasser.