Voici le message du nouvel évêque de La Rochelle, Mgr Colomb, à ses diocésains :
Chers frères et sœurs du diocèse de La Rochelle et Saintes,
La paix soit avec vous !
Comme il est bon pour l’évêque de pouvoir formuler ce vœu cette prière au début de chaque célébration. En effet que peut-on souhaiter à un frère, à une communauté, à un peuple, à un diocèse, un département, à une nation, de plus beau que la paix? Et pas n’importe quelle paix, pas la paix des traités que les hommes déchirent, mais la paix du Christ que personne ne peut nous ravir! Comme l’écrit Saint-Paul dans sa lettre à Tite (2,11) « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ». J’en ai fait l’expérience à Taïwan, en Chine, avec nos frères catholiques de ce pays, hélas encore divisés, avec les enfants de la rue à Calcutta, avec les enfants sidéens accueillis par les sœurs de Mère Teresa au Cambodge, dans de nombreux pays d’Asie où la mission m’a conduit pendant dix ans. Je n’oublie pas Paris où j’ai aussi passé dix-huit ans au service de l’Eglise en Asie et dans l’océan Indien grâce à la belle Société des Missions Etrangères de Paris qui m’a formé, qui m’a envoyé en Asie.
Il y a quelques semaines, j’ai répondu oui à l’appel du Saint-Père lorsque Monseigneur Luigi Ventura, Nonce apostolique en France, m’a appris que le Pape François m’avait nommé évêque de la Rochelle et Saintes. Certains pourraient penser que je reviens au port parce que la mission est terminée, grave erreur, le port n’est-il pas le lieu des nouveaux départs vers des terres à explorer? Le diocèse de la Rochelle et Saintes est désormais mon diocèse. Je l’aimerai et je servirai son peuple, le peuple chrétien bien sûr, mais aussi tous les habitants quelles que soient leurs croyances, leurs opinions, leur indifférence!
« Personne n’est de trop dans l’Eglise », aimait à dire le Pape émérite Benoît et le Pape François nous rappelle sans cesse que l’Eglise doit être une Eglise en sortie, un hôpital de campagne. Alors merci à tous les acteurs pastoraux du diocèse, tout spécialement à ceux qui soignent les malades de notre société, elle-même malade à bien des égards et à ceux qui sont proches de nos frères qui ne connaissent pas encore le Christ.
A vous, chers confrères prêtres, mes premiers collaborateurs, je dis merci pour votre fidélité sur le terrain de la mission pour conduire, enseigner et sanctifier le peuple chrétien.
Et vous religieuses et religieux qui témoignez de la beauté de la vie consacrée, de la vie de partage en communauté, vous donnez à nos contemporains qui s’interrogent sur la qualité de la vie, une belle leçon de sobriété, de joie, d’espérance et de fraternité. Vous nous rappelez qu’il existe un art de vivre en chrétien. Montrez-le sans complexe au monde qui vous entoure!
Et vous, frères diacres permanents, vous assurez la diaconie de l’Eglise, le service des plus pauvres parmi nous, le service de la Parole car l’homme ne se nourrit pas seulement de pain, le service de l’autel car le Pain de vie est nécessaire à tout homme qui veut être à la suite du Christ un homme debout dans un monde aseptisé qui pourrait faire de chacun de nous des robots dociles si nous n’y prenions garde!
Et vous frères et sœurs fidèles laïcs nommés par l’évêque en mission en collaboration avec les prêtres dans le cadre paroissial ou qui prenez part d’une autre manière à la vie ecclésiale, vous êtes au contact de ceux qui vivent dans un environnement fait d’indifférence religieuse et bien souvent d’ignorance pour témoigner de la présence du Christ, pour rappeler à chacun, dans tous les aréopages loin de l’Eglise que l’Eglise est belle et qu’elle accueille chacun! Que ferions-nous sans votre présence aux périphéries de l’Eglise? Il m’arrive de citer en exemple la vitalité des églises évangéliques dans de nombreux pays d’Asie et ailleurs, vitalité qui trouve sa source dans le zèle missionnaire des fidèles laïques. Et bien, vous aussi, pour notre Eglise, vous êtes le fer de lance missionnaire!
Je ne connais pas encore Louis, le séminariste du diocèse, mais je rends grâce pour l’appel qu’il a reçu et que le Seigneur adresse à d’autres, c’est évident. J’appelle tous les jeunes et moins jeunes du diocèse et je leur dis « Voyez comme il est bon, qu’il est doux d’habiter entre frères tous ensemble – psaume 133 ». Sachez que l’Eglise est aujourd’hui le seul lieu qui permet de donner sa vie sans compter, par amour gratuit de l’autre dans le sacerdoce, la vie religieuse, la vie monastique, la vie missionnaire, le sacrement du mariage. L’Eglise c’est aussi l’espace infini de l’aventure humaine et spirituelle. Alors n’écoutez pas les messages publicitaires qui voudraient faire de vous des bons consommateurs, des bons assurés sociaux, des bons retraités, votre horizon est plus grand. La liberté ne consiste pas à regarder passer le train de la vie comme le font des bovins, elle consiste à s’engager, à se donner à la suite du Christ! Vivez votre jeunesse! La vie de prêtre est belle et le diocèse est pour chacun( e) une fraternité missionnaire pour la mission en Charente Maritime et dans le monde! Vous y avez votre place, prenez-la. Venez, on vous ouvrira!
J’ai gardé pour la fin de cette première lettre l’évocation du ministère dévoué de Monseigneur Housset. Je vous remercie, cher Monseigneur, pour l’accueil que vous me réservez avec les frères prêtres et tous les amis cités ci-dessus. Je vous remercie pour l’héritage que vous me laissez. Vous êtes le pasteur de ce diocèse que je ne connais pas assez bien pour pouvoir apprécier les fruits de votre labeur pendant de nombreuses années, mais ce que j’ai appris de ce qui s’y est fait par exemple dans les domaines de la formation, du catéchuménat, de l’accueil des frères et sœurs quelle que soit leur religion, est magnifique et typique d’une Eglise qui tient ses portes ouvertes sur le monde qui l’entoure, une Eglise de son pays, une Eglise de son temps ! Lorsqu’il prêchait sur l’évangile de Matthieu 16,18, (Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise) le Cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, lors de la célébration de l’ordination de plusieurs prêtres, nous disait sur le parvis de la cathédrale Notre Dame de Paris «Soyez confiants car c’est le Seigneur qui bâtit l’Eglise, ce n’est pas nous. Nous sommes les ouvriers, c’est lui l’architecte, heureusement». Alors puisque c’est le Seigneur qui est le maître d’œuvre, mettons-nous sans crainte au travail!
Vous êtes au travail ici dans le diocèse et ma première prière sera une prière d’action de grâce pour tout ce qui a été fait pour la gloire de Dieu et le salut des hommes dans ce beau diocèse de la Rochelle et Saintes. Cela fait 29 ans que je suis prêtre, mais j’ai tout à apprendre du « métier d’évêque» et du diocèse que je ne connais pas encore, si ce n’est par quelques lectures insuffisantes. Je compte sur votre patience et sur votre charité pour progresser dans la découverte de la richesse humaine et spirituelle de ces terres de l’Aunis et de la Saintonge. Vous me montrerez aussi les lieux de pauvreté et ceux où le Christ est ignoré.
Priez pour moi afin que je garde toujours ma porte ouverte à tous sans exception, que je ne sois jamais une source de scandale pour l’Eglise, que je ne sois jamais aveuglé par l’idéologie, le sectarisme, ou enfermé par la langue de bois. Priez pour que j’assure dans le diocèse le beau et très exigeant ministère de la communion. Cette terre des martyrs des pontons de Rochefort a des points communs avec la terre des martyrs en Chine, au Vietnam, au Cambodge, en Corée, au Japon, au Laos, pays où mes confrères missionnaires ont donné leur vie avec les Chrétiens autochtones pour que l’Evangile soit annoncé, pour que l’Eglise grandisse. Soyons fidèles au témoignage de fidélité dans la persécution de nos aînés dans la foi. Gardons-le précieusement comme un vase de parfum précieux. Pensons aux quatre sœurs Missionnaires de la Charité (Sœurs de Mère Teresa) assassinées par haine de la foi, il ya quelques jours au Yémen, avec les personnes âgées de leur communauté. Rappelons-nous cet appel de Saint Jean-Paul II au Bourget qui en juin 1980 me réveilla de mon confort douillet et me conduisit au séminaire: «France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême? Es-tu fidèle pour le bien de l’homme à l’alliance avec la Sagesse éternelle? ».
Je tiens à assurer de ma prière nos frères et sœurs âgés qui résident dans le diocèse, les personnes malades et handicapées, les prisonniers, les victimes d’actes de violence, toutes les victimes de ce dramatique accident d’autobus survenu à Rochefort le mois dernier, ainsi que leurs familles. Le diocèse, c’est aussi un département, une circonscription territoriale d’un grand pays, le nôtre, la France. Quelles que soient nos difficultés, notre pays est grand par son histoire, il l’est par la beauté de ses paysages qui sont différents mais aussi beaux que ceux de l’Auvergne. Les quelques vues que j’ai eues du diocèse m’ont montré que le Saint-Père m’a gâté! Notre nation est grande aussi par ses institutions démocratiques qui font bien des envieux chez les peuples placés sous la coupe de tyrans, qu’il s’agisse de régimes autoritaires, de régimes totalitaires, ou d’états conduits par des fanatiques islamistes dangereux. Il nous appartient à nous Chrétiens d’ œuvrer pour le bien commun et, en chassant toute idéologie de notre esprit, de vivre la communion dans la vérité.
Merci, Seigneur, pour la confiance que tu fais à ton humble et indigne serviteur en le plaçant au service de l’Eglise qui est à la Rochelle et à Saintes. Garde-moi dans l’amour et le service des frères et sœurs que tu me donnes, surtout des plus petits. Priez pour moi, chers amis par l’intercession de Saint-Eutrope, par celle des martyrs de Rochefort et des Missions Etrangères. A Saint-Paul, Seigneur, tu avais déclaré: « ma grâce te suffit, car la puissance se déploie dans la faiblesse. ». Je sais, Seigneur, que ta grâce me suffit, et je l’espère avec confiance.
La Paix soit avec vous !
Georges, Supérieur Général des Missions Etrangères de Paris Par la grâce de Dieu et la volonté du Souverain pontife, évêque nommé de la Rochelle et Saintes.