« Faire don de soi aux autres, c’est la seule expression de foi qui compte » aimait à répéter le père Jaouen. Et ce don, celui que beaucoup appelaient le « curé des mers », il l’avait fait aux délinquants, toxicomanes et jeunes détenus.
Né à Ouessant en 1920, il grandit à Kerlouan puis entre chez les Jésuites à 19 ans et sera ordonné prêtre en 1951. Aumônier des jeunes détenus de la prison de Fresnes, il fonde pour eux le foyer des Epinettes et crée « l’Aumônerie pour la jeunesse délinquante » qui deviendra par la suite « Amis du jeudi-dimanche ».
Le breton qui sommeille en lui se révèle alors, l’appel du large le presse, et il décide d’offrir à tous ces jeunes une nouvelle approche de la réinsertion, celle des flots. « Sur un bateau, on ne peut pas tricher », la nature ne ment pas, le navire ne permet aucune échappatoire, aucune fuite. Le Bel Espoir I puis II et le Rava Avis, superbes goëlettes, ont ainsi vu naviguer 15.000 jeunes qui ont pu bénéficier de cette école embarquée, direction Le Cap Vert, les Antilles, la Réunion, mais surtout le bout de soi, encadrés par des retraités ou des bénévoles. A bord, tout le monde doit participer « Faire avec les autres n’a pas de prix, précisait le père Jaouen. Les jeunes aiment bien apprendre mais pour cela, il faut qu’ils soient avec des personnes qui aient vraiment quelque chose à leur transmettre. Si c’est du baratin ou des beaux discours, ils ne marchent pas. ». Merveilleuse et inusable pédagogie du compagnonnage…
Le père Jaouen est décédé ce lundi 7 mars à Paris, au siège de son association AJD. Que le Père accueille au port des bienheureux cet infatigable capitaine, et veille sur sa flotte qui, elle, espérons-le, n’a pas fini de fendre les flots !
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