Mgr Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat, ancien conseiller agricole, compte se rendre au salon de l’agriculture pour soutenir les agriculteurs. Il explique :
“L’objectif de ce message est de manifester la proximité et le soutien de notre Eglise diocésaine aux agriculteurs qui, bien souvent, sont dans des situations difficiles. Plus largement, c’est notre attention au monde rural que nous souhaitons réaffirmer à cette occasion.
Ma formation et mon itinéraire m’ont largement sensibilisé aux réalités et aux difficultés du monde agricole. Ma responsabilité et ma mission d’évêque de ce beau diocèse du Périgord me conduisent donc à demeurer attentif aux joies et aux peines, aux souffrances et aux espoirs du monde rural.
Des experts disaient, il y a quelques années, que le plus dur de la crise était passé. Or, la crise agricole est toujours là, profonde et complexe. Dans le monde agricole, il y a des réalités très diverses qui ne sont pas toutes atteintes de la même façon par cette crise. Force est de constater que beaucoup d’agriculteurs souffrent et s’inquiètent pour leur avenir. Personne ne peut se résigner à un avenir incertain pour l’agriculture avec tout ce qu’elle représente, dans sa noble mission de chercher à offrir une nourriture de qualité, la plus accessible possible à tous, et de contribuer à l’entretien de ces espaces ruraux auxquels nous sommes tant attachés.
Ces inquiétudes-là ne sont pas isolées. Plus largement, elles sont l’écho des inquiétudes de notre société désemparée face à la complexité des problèmes qui prennent une dimension internationale, ce qui renforce ainsi le sentiment d’impuissance. Si les problèmes des agriculteurs ont leurs particularités, ils ne concernent pas seulement cette catégorie sociale. D’une certaine manière, leurs questions sont aussi les nôtres et nous interrogent plus profondément : quelle société voulons-nous et que voulons-nous pour notre société ? Quelles concertations nécessaires pour que les processus de l’économie de marché soient davantage maîtrisés au niveau de l’Europe et du monde, au niveau de nos régions et de nos départements ? Quelles actions et quels engagements possibles de notre part ? Car nous sommes tous concernés !
La crise nous oblige à regarder autrement pour chercher de nouvelles voies et de nouvelles formes d’engagement, en misant sur des expériences positives et en exerçant notre discernement pour sortir de celles qui s’avèrent négatives. L’Eglise est interpelée aujourd’hui par la situation des agriculteurs. Elle ne prétend pas avoir des solutions, mais elle ne se lassera pas de plaider, parce que cela fait partie de sa mission et de sa vocation, pour que les processus économiques demeurent au service de l’homme.
Des organisations multiples existent dans le monde agricole. Leur exigence majeure est d’accompagner les changements, les mutations en cours, d’aider à les comprendre pour mieux les affronter. Certainement que le défi est de ce côté-là : accompagner et trouver de nouvelles formes d’engagement. Comment sensibiliser à une meilleure connaissance de ce travail de terrain qui se vit et de tous ces efforts consentis ? On ne le sait pas assez : au milieu même de ce qui s’effondre, se défait, se développent aussi des solidarités, des initiatives qui ouvrent des perspectives nouvelles, fragiles souvent mais réelles. Il y a tout un travail qui se fait pour créer du lien en suscitant des espaces de rencontre, pour encourager ceux et celles qui sont découragés.
C’est la mission de l’Eglise de participer, d’une manière ou d’une autre, même modestement, à ce travail de liens entre les personnes, dans le respect des particularités et des différences. C’est ce que nous rappelle le pape François quand il écrit : “La grande richesse de la spiritualité chrétienne, générée par vingt siècles d’expériences personnelles et communautaires, offre une belle contribution à la tentative de renouveler l’humanité. […] La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif, capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. “
Alors, posons-nous ces questions : quels espaces de rencontres proposés pour mieux comprendre et manifester notre attention, notre solidarité, notre soutien au monde agricole et plus largement au monde rural … ? Comment être mieux informés de ce qui s’y vit ?
Et je voudrais terminer en citant de nouveau le pape François, dans l’encyclique Laudate si (Loué sois-Tu !), qui appelle tous les hommes de bonne volonté à développer l’écologie intégrale pour la sauvegarde de la maison commune et de ce qui est faible, fragile : “ Si nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. “