L’évêque de Pamiers, Mgr Jean-Marc Eychenne, consulte ses fidèles via internet et les réseaux sociaux. Il déclare à La Dépêche :
Pourquoi avoir choisi ce mode de communication très particulier ?
L’idée est de pouvoir donner la parole à des personnes des générations dites X, Y, voire Z, ou aux «digital natives» ou encore à la «net génération». Pour le dire plus simplement il s’agit de tenter de rejoindre des personnes plus jeunes, ou plus à distance de l’institution, souvent peu sensibles aux moyens habituels et traditionnels de partage de la parole, que sont des groupes de réflexion.
Le e-synode, est-ce une invention ariégeoise, une première en France ?
L’expression «e.synode» est sans doute nouvelle, et donc ariégeoise – le brevet n’est pas encore déposé…, mais les espaces numériques de libre parole, sur tel ou tel aspect de la vie de l’église, ont déjà trouvé leur place dans les diocèses. Autour de la question de la famille, par exemple, plusieurs diocèses offraient des possibilités de s’exprimer en ligne.
Concrètement, en quoi cela va-t-il consister ? Une réflexion menée simplement par un petit groupe de personnes, fussent-elles très éclairées, nous priverait de bien des lumières venant des «périphéries». Le Pape François disait en novembre 2014 : «Je suis convaincu d’une chose : les grands changements de l’histoire se sont réalisés quand la réalité a été vue, non depuis le centre, mais depuis la périphérie…» Les changements, les initiatives novatrices, dont notre église d’Ariège a besoin, ne viendront sans doute pas d’un petit groupe siégeant autour de l’évêque, mais d’horizons inédits.
Qu’est-ce qu’un synode ?
L’évêque convoque les baptisés, placés sous sa charge pastorale, en synode. Au souffle de l’Esprit, le synode cherche des jalons sur le chemin qu’emprunte l’Église Diocésaine pour être visage du Christ et de son Évangile sur une terre donnée. On peut les comparer à des discernements communautaires, sous la conduite d’un évêque. Souvent de petites équipes sont appelées à se réunir partout dans un département autour d’un travail préparatoire et de pistes de réflexion. Une synthèse de ces travaux est ensuite opérée par un groupe de personnes désignées par l’évêque. Au cours d’un grand rassemblement de conclusion l’évêque promulgue alors de grandes orientations pour la vie de son église locale.
Qui recueillera les participations des fidèles ?
Un petit groupe de personnes constitué de prêtres, de diacres et de laïcs recueillera, lira, synthétisera les contributions. Certaines arriveront via les outils numériques et d’autres viendront de formulaires donnés sur papier dans les paroisses ou dans des relations amicales, de voisinages. Il serait beau aussi, que dans des entretiens non directifs, la parole de ceux qui ne souhaitent pas écrire eux-mêmes ou qui ne peuvent le faire, soit recueillie. Je pense ici ceux dont la parole ne pèse rien aux yeux du monde, mais qui ont la sagesse des cœurs simples et pauvres. Il si la lumière venait de là ? Le numérique est une chose, il donne un signe d’ouverture, mais il n’est pas tout !
Qui a élaboré les questions posées aux fidèles ? Et pour répondre à quelles attentes ?
C’est l’évêque lui-même qui a élaboré ces questions. Elles ont été destinées tout d’abord aux prêtres et aux diacres (il y a quelques mois, dans une formulation très proche). Elles sont maintenant adressées à tous pour élargir le plus possible le champ de la consultation.
À quoi serviront ces réponses, et plus largement le synode ?
Cela servira dans un premier temps à alimenter la réflexion de l’évêque qui doit, d’ici quelques mois définir quelques orientations pour l’église en Ariège. Mais ensuite nous voudrions que cette démarche induise l’idée d’un synode permanent, c’est-à-dire d’une habitude prise chacun de partager avec sa communauté et ses responsables : attentes, rêves, déceptions, projets. Que la vie de l’église en Ariège soit toujours un peu plus l’affaire de tous et non seulement de quelques-uns.
Avec ce e-synode, l’Église catholique veut-elle donner une image de modernité, d’une église «de son temps» ?
Cela peut être une tentation. Mais si ce n’était que cela, il s’agirait simplement d’une couche de peinture «marketing» sur une réalité qui ne change pas. Notre intention est d’être une église toujours plus dialoguante, toujours plus à l’écoute. Or nous avons aujourd’hui des moyens de vivre cette écoute qui n’existaient pas hier, et il serait déraisonnable de ne pas les utiliser. Nous risquerions de nous couper d’espaces possibles d’attention à la parole de chacun et de vivre ainsi une sorte de surdité. De plus ces moyens sont peu coûteux et nous ne disposons pas de grandes ressources..”
Il est quand même possible de répondre sur papier. Voici les questions posées aux fidèles
Quelles sont les choses qui vous mettent en joie dans la vie du monde d’aujourd’hui, et dans celle de notre Église ? :
Si vous deviez dessiner un ou deux «chantiers» pastoraux prioritaires pour notre diocèse, quelles sont les réalités que vous mettriez spontanément en avant ?
Voyez-vous des outils ou des idées qui soient susceptibles de dynamiser la vie des communautés chrétiennes et d’appeler des ministres à leur service ?
Qu’est-ce que nous devrions cesser de faire, qu’est-ce que nous devrions continuer à faire, qu’est-ce que nous devrions commencer à faire ?
Qu’est-ce qui serait susceptible de favoriser une plus grande fraternité entre prêtres, diacres, religieux-religieuses et laïcs ?