Extrait des voeux de Mgr Le Saux, évêque du Mans :
[…] Les attentats qui ont touché notre pays au cœur de l’année 2015 nous ont tous bouleversés. La violence et la barbarie présentes dans de nombreux pays du monde, ne l’oublions pas, se sont invitées sur notre territoire national. Nous sommes dans une forme de guerre qui en réalité était déjà commencée et qui peut durer longtemps.
J’ai en mémoire l’impressionnante conférence du Père Grégoire Cador, suite au massacre des journalistes de la revue « Charlie » alors qu’il nous rapportait le témoignage des chrétiens du Nord Cameroun, voulant rendre compte de l’Evangile et de l’espérance face à la violence, mais aussi de l’irresponsabilité des media occidentaux dans la manière de traiter l’évènement. N’oublions pas que ces violences terribles sont le quotidien de tant d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde.
Pour nous chrétiens, cette situation est un appel à nous rendre plus proches de la souffrance et l’angoisse de nos compatriotes et d’être témoins de l’espérance qui nous habite. Nous sommes invités à être des artisans de paix au milieu de ces évènements. Seuls des hommes et des femmes pacifiés en eux-mêmes peuvent être artisans de paix. Il nous faut écarter de notre propre cœur la haine, la méfiance (même si les réactions de haine et de méfiance sont compréhensibles).
Ces évènements, il me semble, nous conduisent à nous interroger sur les fondements de nos vies, de notre monde occidental. Sur quoi construisons-nous notre vie et notre vie ensemble ? La liberté, l’égalité, la fraternité, valeurs de la République ne peuvent être tenues que si on a le courage de dire et de transmettre ce qui les fonde. La liberté, ce n’est pas faire ce que je veux, quand je veux selon mes émotions ou mes élans du moment. La liberté est enracinée dans la vérité. La vérité est la condition de la liberté car seule la vérité rend libre, la vérité sur la personne humaine, sur Dieu. L’égalité suppose de respecter la dignité de chaque personne humaine, en particulier les plus fragiles, la dignité de chaque vie et à toutes les étapes de la vie, du commencement à la fin. La fraternité a sa source dans la reconnaissance d’une origine commune. Nous avons un père commun. Dieu est père de tous les hommes. Aujourd’hui, nos contemporains sont en recherche de sens, de racine, de transcendance, de Dieu, en particulier, les jeunes générations. Un sondage récent dit que 54 % des jeunes français entre 18 et 24 ans se disent chrétiens et cherchent Dieu. Serons-nous là pour répondre à leur demande ?
Il ne faudrait pas que l’émotion soulevée par les attentats nous détourne d’autres préoccupations tout aussi dramatiques. Je pense aux centaines de milliers de migrants, ceux qui sont acculés à quitter leur pays à cause des guerres, des persécutions, des problèmes économiques. Ne tombons pas dans l’indifférence. J’ai en mémoire l’expression du Pape François « la mondialisation de l’indifférence ». J’ai aussi en mémoire le témoignage du Cardinal Montenegro, archevêque d’Agrigente, diocèse où se trouve l’île de Lampedusa. Les habitants de l’île ont immédiatement été accueillants pour les milliers d’immigrés qui sont arrivés chez eux par bateaux. A la question : « Pourquoi cet accueil si spontané et si simple ? », il a répondu : « Mais ce sont des chrétiens et aussi, ce sont des pauvres ». De belles choses se vivent déjà dans le diocèse, je pense au service de la pastorale des migrants et à l’accueil des familles arrivant de Syrie et d’Irak. Mais, nous ne sommes qu’au début.
Il ne faudrait pas non plus oublier la conversion à laquelle le Pape François nous a appelés dans la lettre « Laudato Si » sur l’écologie, la conversion écologique. Cette lettre du Pape a été très bien accueillie par beaucoup. Il nous faut la travailler et la mettre en œuvre. A ce propos, je vous signale deux conférences importantes : une organisée par le CCFD le vendredi 5 février et la conférence de Monsieur Tebaldo Vincigera le mardi 9 février à la Salle des Concerts.
Concernant plus directement la vie du diocèse :
Nous avons lancé une démarche intitulée « Missio ». Chaque paroisse a ainsi été jumelée avec une paroisse sœur. Nous sommes appelés à changer nos initiatives missionnaires. Je voudrais ici vous rappeler ce qui sous-tend cette proposition. Il s’agit de prendre les moyens de s’approprier et de mettre en œuvre la lettre du Pape François « La joie de l’Evangile », lettre que je vous invite à relire car nous avons la mémoire courte. Le défi, c’est l’annonce de l’Evangile et cela suppose une conversion personnelle et une conversion pastorale. Ce texte est l’une des références pour l’action pastorale du diocèse. Je vous invite à prendre le temps de travailler les orientations pastorales que j’ai remises aux EAP, il y a quelques semaines. Trois orientations pastorales plus une.
Dans l’année qui s’ouvre devant nous, nous aurons aussi à nous approprier les travaux du synode sur la famille. Mais pour cela, il nous faut attendre le texte que devrait écrire le Pape François. Il est déjà vraisemblable que nous aurons à revisiter les parcours de préparation au mariage pour qu’ils soient le lieu d’une véritable démarche catéchuménale.
L’année de la vie consacrée n’est pas terminée, elle sera clôturée le 2 février. Toutes les paroisses sont invitées à manifester d’une manière ou d’une autre leur attachement à la vie consacrée. Il est clair qu’après la démarche à Pontmain et la journée du 5 septembre, nous ne pouvons nous arrêter là. Nous devons continuer à mieux mettre en lumière la beauté et l’importance vitale pour l’Eglise et le monde de la vie consacrée. Prier avec plus d’intensité que Dieu nous accorde des vocations à la vie consacrée et que nous puissions accueillir dans le diocèse de nouvelles communautés religieuses.
Je ne voudrais pas oublier un autre évènement. Dans le cadre des journées « Essentiel’Mans » le 5 octobre dernier, nous avons vécu une journée autour de l’anniversaire de la déclaration conciliaire « Nostra Aetate » sur le dialogue de l’Eglise avec les autres religions. Volontairement, nous avons réfléchi aux relations entre l’Eglise Catholique et le Judaïsme. Cette démarche est d’une grande importance. Nous envisageons de continuer ces propositions de journées « Essentiel’Mans » dans les années qui viennent.
Je me réjouis aussi des 50 ans de la présence des prêtres ouvriers dans le diocèse. La journée de célébration de cet anniversaire dont j’ai eu de beaux échos, est révélatrice de la fécondité des années de mission de leur ministère. Je vous signale aussi la journée de rencontre de tous els catéchistes du diocèse le samedi 5 mars ici-même.
Dans quelques jours, nous allons célébrer la fête de la Saint-Julien. J’espère que vous serez tous présents. Faire mémoire de l’origine de l’évangélisation de notre région est une démarche vitale. En effet, de la même manière que Saint-Julien a planté sa crosse pour faire jaillir une source, nous avons aujourd’hui à faire jaillir la source de la Miséricorde pour notre époque. Pour nous la fête de la Saint-Julien est aussi marquée par la présence de nos frères allemands à Paderborn. Vous connaissez tous la fraternité qui unit nos deux diocèses depuis le 9ème siècle. Cette alliance est extrêmement importante pour ce qu’elle signifie du Mystère de l’Eglise et aussi de l’histoire de l’Europe. Elle fait partie de notre mémoire. Il nous faut travailler à ce que cette mémoire se diffuse plus largement et plus profondément auprès des chrétiens du diocèse.
A propos de missionnaires, avez-vous entendu parler des « 72 disciples » ? Au cours de l’eucharistie de la Saint-Julien, des jeunes du diocèse vont s’engager à être des « disciples missionnaires » pour un an. 72 en référence aux 72 disciples de l’Evangile mais surtout au 72 de la Sarthe même s’ ils sont plus nombreux que 72. Pour plus de précisions, adressez-vous à l’équipe de la pastorale jeunes.
A propos de mémoire, vous connaissez tous Jérôme Royer de la Dauversière. Père de famille de La Flèche, fondateur des sœurs hospitalières de Saint-Joseph, à l’origine de la fondation de la ville de Montréal au Canada. Un colloque lui sera consacré les 8 et 9 avril au Mans et à La Flèche en présence d’une importante délégation canadienne avec l’archevêque de Montréal. Vous connaissez tous aussi Saint Siméon Berneux, quatrième évêque de Corée. Né à Château-du-Loir, nous célébrons cette année les 150 ans de son martyre. Le 6 mars, vous êtes tous attendus à Château-du-Loir.
Je souhaite que dans notre nouvelle maison diocésaine, la maison Saint-Julien, déjà sortie de terre, soient affichés les portraits de tous les saints canonisés ou non de notre diocèse.
A propos de la nouvelle maison diocésaine, vous savez que c’est la dernière fois que nous célébrons les vœux dans cette maison du Centre de l’Etoile, et je peux imaginer que pour ceux qui ont tant œuvré dans cette maison qui a produit beaucoup de fruits, il peut y avoir une certaine émotion. Je voudrais remercier de tout mon cœur, ceux qui au long des années font vivre le Centre de l’Etoile, ceux qui le font vivre aujourd’hui dans ces mois de transition. Vous imaginez bien que ce n’est pas simple de gérer la fin d’une étape et le passage d’une autre étape. Je voudrais aussi remercier tous ceux qui depuis 5 ans travaillent et portent la nouvelle construction avec patience, compétence et détermination. Cet été, aura lieu le déménagement, moment qui risque d’être complexe. Et nous inaugurerons la nouvelle maison et officialiserons l’installation en principe le 4 septembre. Vous le savez, il ne s’agit pas seulement de nouveaux bâtiments mais d’une nouvelle manière d’être ensemble. Tous les services diocésains, l’enseignement catholique, la radio, les mouvements. En cette année de la miséricorde, prions pour que la Maison Saint-Julien soit un oasis de miséricorde, la maison de tous.
Un mot sur les jeunes. Je tiens à remercier tous ceux qui participent et portent la pastorale des jeunes. Je pense aux diverses initiatives : camps vélo, rugby et même cuisine, aux pèlerinages à Lourdes et à Taizé. Je pense aux divers mouvements : la JOC, le MEJ, les diverses branches du scoutisme. L’évènement de l’été sera les Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie sur le thème de la miséricorde autour des figures de Saint Jean-Paul II et Sainte Faustine. Il nous faut tout mettre en œuvre pour que de nombreux jeunes puissent y participer. Les 11 et 12 novembre, il y aura le rassemblement Cap Espérance qui cette année se déroulera au Mans. Il est évident que la pastorale des jeunes est une priorité. Les jeunes aujourd’hui sont en attente. Ils attendent que nous leur proposions un idéal fort et exigeant. Il nous faut leur transmettre des raisons de donner leur vie et de donner la vie aux autres. En un mot, il faut proposer la sainteté. Bien sûr, je pense aux vocations, à la vie religieuse masculine et féminine, au ministère de prêtre diocésain. Nous savons qu’un nombre important de jeunes se posent la question d’une éventuelle vocation. Le défi est d’accompagner ces jeunes pour qu’ils puissent répondre à l’appel de Dieu. Dix prêtres âgés sont retournés après du Seigneur cette année, des figures admirables de pasteur. Je pense que du ciel, si nous demandons leur intercession, ils peuvent nous aider à prendre en charge les jeunes.
Enfin, nous sommes entrés dans l’année du Jubilé de la Miséricorde. La miséricorde est la limite que Dieu impose au mal. Nous sommes invités tout d’abord à l’accueillir dans notre propre vie, ensuite à la proposer à tous, mais plus encore à la vivre entre nous et ainsi être ensemble témoins de la miséricorde de Dieu. Mon souhait le plus profond pour cette année est que notre diocèse soit selon l’expression du Pape François un îlot de miséricorde dans la mer d’indifférence ou si vous préférez un hôpital de campagne dans un monde ne guerre.
Qui aura le courage d’aller jusqu’au bout de cette logorrhée inutile ?
Pas moi….
Que de confusion ! la fraternité républicaine et maçonnique confondue avec la création de l’homme par Dieu !
Quant au CCFD évidemment comme tous ses confrères il ne sait pas de quoi il parle !
“Il ne faudrait pas que l’émotion soulevée par les attentats nous détourne d’autres préoccupations tout aussi dramatiques”
Très juste, très juste. Comme je suis obsédé par le génocide des enfants à naître, je m’étonne que ces victimes ne soient pas mentionnées. Pourquoi? Invisibles? On ne peut pas penser à tout? Il ne faut pas froisser les avorteurs?
Et le cardinal Montenegro voit la chrétienté de manière très…. “large” ” il a répondu : « Mais ce sont des chrétiens et aussi, ce sont des pauvres »”. Les chrétiens ont été jetés par dessus bord par les musulmans, il ne lit pas la presse, le cardinal? A moins qu’il ne voie les musulmans comme de futurs chrétiens et qu’il se chargera de les convertir?