Le pape François invite les chrétiens à « aller aux périphéries ». Nos évêques utilisent cet argument en faveur de l’immigration. Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation pour l’école, donne des exemples concrets pour appliquer cette exhortation en matière scolaire. C’est dans le numéro de janvier du mensuel La Nef et c’est plutôt bien vu :
“Détentrice de la vérité qui rend libre, l’Église doit répondre impérativement à l’exhortation du Christ « Allez, enseignez toutes les nations » (Mt 28,19), pour que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 3-4). Elle ne peut donc pas limiter son action aux personnes fréquentant déjà ses institutions. Elle doit aller « vers les périphéries ». Qu’est-ce à dire en matière scolaire dans notre pays ?
Cela signifie qu’elle ne peut pas se contenter de gérer les écoles de l’Enseignement catholique actuel, ne serait-ce que parce que nombre de baptisés sont scolarisés ailleurs. Missionnaire par essence, elle doit favoriser le déploiement de nouvelles écoles catholiques afin que toujours plus d’enfants aient accès à la vérité qui rend libre, même si elle est soumise à des contraintes budgétaires et qu’elle a de lourds défis à relever au sein même de l’Enseignement catholique. Charité oblige, elle doit aussi se préoccuper de la qualité de l’enseignement dispensé à tous, notamment aux élèves des écoles publiques : contenu des programmes, manuels et diplômes, formation des professeurs…
Aller aux périphéries implique que l’Église instruise des publics qu’elle ne scolarisait pas jusque-là. Elle peut soit fonder elle-même soit soutenir activement ceux qui fondent de nouvelles écoles. Le Droit canon est clair : « Can. 800 – § 1. L’Église a le droit de fonder et de diriger des écoles de toute discipline, genre et degré. » Et : « Can. 802 – § 1. S’il n’y a pas d’école où est donnée une éducation imprégnée d’esprit chrétien, il appartient à l’Évêque diocésain de veiller à ce qu’il en soit fondée. » Quoi de plus urgent par exemple que de créer des écoles dans les quartiers où Notre Seigneur est particulièrement méconnu ? Quoi de plus attendu par les familles – en particulier à Paris – que le développement d’écoles qui soient à la fois vraiment catholiques, exigeantes intellectuellement mais accessibles aux élèves moins scolaires ?
Ce faisant, l’Église répondrait à la demande des 60 % de parents qui, selon les sondages, voudraient pouvoir scolariser leurs enfants dans l’école privée mais qui ne sont que 20 % dans les années fastes (et 17 % seulement en 2015) à pouvoir le faire. En effet, depuis 1985, est respectée par la gauche comme la droite une sorte de coutume politique sans fondement légal qui revient à fixer à 20 % le quota maximum des enfants ayant droit à accéder au sous-contrat. Ne serait-il pas opportun que l’Église s’élevât avec force contre cette pénurie de places délibérément organisée par l’État pour contenir le nombre d’enfants scolarisés hors de l’Éducation nationale, sous le prétexte fallacieux de ne pas « réanimer la guerre scolaire » ? En outre, dénonce-t-elle assez la pénalisation financière des parents d’élèves des écoles catholiques tandis que la gratuité est arbitrairement garantie à ceux qui choisissent l’école publique ?
Pour rester fidèle à sa vocation, l’Église n’a d’autre choix que de partir en mission, et de proposer l’éducation catholique à toujours plus d’enfants, sans se laisser assigner à résidence par un État qui lui est hostile. Il n’est pas certain que les écoles sous contrat soient toujours les mieux préparées pour relever ce défi, habituées qu’elles sont aux financements publics et à des élèves sélectionnés grâce aux files d’attente. Lorsque le président Sarkozy avait fait discrètement savoir aux dirigeants de l’Enseignement catholique qu’il acceptait de financer tous les postes budgétaires de professeurs créés en sus des 20 % dès lors qu’ils seraient situés en ZEP, ces derniers n’avaient pas su exploiter cette opportunité pour s’étendre. Pourtant, je sais qu’il y a des hommes et des femmes en son sein qui sont prêts à s’engager ainsi.
De nouvelles écoles
On les retrouve souvent parmi les soutiens de la Fondation Espérance banlieues, développée sous l’égide de la Fondation pour l’école, pour instruire en vérité les jeunes des quartiers en échec scolaire. Ils prêtent souvent main-forte aussi à la Fondation pour l’école et ses autres fondations filles qui agissent partout en France pour encourager et soutenir les écoles qui s’ouvrent pour répondre aux besoins éducatifs non couverts par les établissements existants : ainsi 67 nouveaux établissements ont ouvert en septembre, dont 39 % à l’initiative de catholiques. C’est considérable et porte à près de 800 le nombre des groupes scolaires indépendants, ce qui représente 60 000 élèves. De plus en plus d’évêques perçoivent désormais la légitimité et la pertinence de ces écoles missionnaires ne procédant pas de l’initiative des directions diocésaines. Mais il faut aller à présent au-delà. Il est temps que des établissements de l’Enseignement catholique créent des établissements scolaires hors contrat ou, à défaut, des classes hors contrat en leur sein, afin de renouer avec l’esprit de mission et de liberté pédagogique par rapport à la ligne officielle que promeut la rue de Grenelle.
Autre chantier majeur : celui du contenu de ce qui est enseigné. Mater et magistra, l’Église doit même s’intéresser au moins autant à la formation de la raison qu’à la formation de la foi. Sa sollicitude doit aller droit au cœur de l’école, à savoir l’instruction, la formation académique.
En effet, à notre époque nihiliste et déconstructiviste, la mission éducatrice de l’Église ne concerne pas uniquement la dimension surnaturelle de l’existence. La nature étant contestée, cette mission commence avec l’annonce de la nature ! En butte à de graves défigurations idéologiques, le français, l’histoire, les sciences de la vie et de la terre et la philosophie sont autant de disciplines au sujet desquelles la société attend que l’Église exerce son magistère en dénonçant haut et fort ce qui n’est pas conforme à la vérité et en encourageant les alternatives de qualité. L’Église ne pourra d’ailleurs pas remporter de succès dans sa mission surnaturelle, si elle ne s’engage pas aussi et d’abord sur le terrain naturel de la défense de l’intelligence : « la grâce ne fait que perfectionner, recréer sur un plan supérieur la nature. Elle ne peut pas plus s’en passer que la peinture ne saurait se passer de couleurs, ni de la toile ou du mur qui les soutient » (abbé Joly, in Le Chef, mars 1936, p. 206).
Hélas, comme la loi Debré dispose que c’est l’État qui décide unilatéralement des programmes, les évêques français ont perdu l’habitude de s’intéresser à ce domaine. N’est-il pas temps de mettre un terme à ce désintérêt ? L’Église pourrait susciter la rédaction de nouveaux manuels scolaires, encourager, voire coordonner le travail de dissidence courageusement mené dans le secret des classes par des milliers d’hommes et femmes de bonne volonté, et réformer résolument la formation des professeurs ainsi que celle des directeurs d’établissement catholique qui sont notoirement défectueuses ? Est-il illégitime d’attendre de l’Église qu’elle dénonce et refuse d’appliquer les réformes publiques qui nuisent à la qualité des programmes, des diplômes nationaux, ou de la formation des professeurs, d’autant qu’elle est en situation de force par rapport à l’État, ne serait-ce que parce que ses élèves ont les meilleurs résultats et qu’y étudie l’écrasante majorité des enfants de ministres socialistes ? Si l’on comprend que l’Église cherche à garder les financements publics de ses écoles, cette considération ne doit pas pour autant la conduire à se taire lorsque l’intelligence est malmenée et donc l’enfance en danger. Car ce silence équivaut à de la non-assistance à jeunes en danger ; nul doute que ce silence lui sera bien plus reproché par les générations futures. Dès lors, on comprend mal comment l’Église ne s’est pas élevée avec force contre la réforme Vallaud-Belkacem des programmes scolaires du collège, qui comprend entre autres la mort programmée du latin et du grec, la falsification de l’histoire, qui célèbre l’islam et passe sous silence la chrétienté, la déconstruction des filières d’excellence… Ne serait-il pas également urgent et opportun que l’Église dénonçât publiquement le monopole public de la collation des grades instauré par Bonaparte pour étouffer la liberté scolaire ? Ce témoignage rendu à la vérité, l’Église l’exerce dans le domaine de la défense de la vie ou de la famille. Elle gagnerait à l’exercer sans complexe en matière d’école.”
Que dire ?Que tout ce qui est dit est beau et bon, donc juste
Je vais copier cet article pour l envoyer a l évêché et au maire de ma commune
Ancien d’école catholique même si par moment j ai dérogé ,le guide que j ai eu étant jeune est revenu dans ma mémoire pour prendre toute sa place J’en suis heureux ou Vive l école catholique libre tous azimuts
Je souscris à l’intégralité de ce que dit Madame Coffinier ; j’enseigne depuis trente ans dans des écoles dites catholiques, qui n’ont plus de catholiques que le nom, où les élèves et les professeurs qui osent affirmer leur foi sont moins bien traités que les musulmans, les militants d’une certaine perversion sexuelle très à la mode, ou les athées virulents. La médiocrité de ces écoles n’a d’égale que leur conformisme mou. Les enfants sont en très grand danger, et l’indifférence de beaucoup de clercs et d’évêques face à ces dangers est révoltante. Le ministère de la santé et le ministère de l’éducation nationale impriment aux frais du contribuable, depuis des années, des petits livrets de toutes sortes qui sont aimablement distribués aux enfants et aux jeunes, sous prétexte d’éducation et de prévention, portant sur les addictions, la vie sexuelle, et qui sont hautement pervers et incitatifs à la débauche… Quand on ose protester, on est considéré comme névrosé, la propagande freudienne étant passée par là, et les jeunes âmes sont salies, voire même peut-être se perdent… Je n’en peux plus de ce spectacle de désolation…. Très Sainte Vierge Marie, venez au secours de la France, nous vous en supplions !
L’école “gratuite”, laïque et obligatoire bafoue la liberté d’éducation dont les parents sont titulaires. Cette liberté d’éducation est pourtant inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (article 26.3) La nature confère cette liberté. La nature, c’est-à-dire l’Auteur de la nature.
En faisant financer par tous une école opposée à la liberté et à l’égalité des parents, elle est une escroquerie à l’égard de tous ceux qui ne veulent pas d’une éducation “laïque”. D’ailleurs la laïcité de l’État lui interdit tout enseignement d’une doctrine (voir l’abbé Berto à ce sujet). L’État n’a qu’un rôle subsidiaire en cas de carence de l’initiative privée ou de graves mépris de l’ordre public. Par l’Éducation nationale, l’État s’arroge les droits conférés par Dieu à chaque parent.
Il faut donc instituer le “coupon scolaire” seul moyen efficace de lutter contre les discriminations infondées de l’État soit-disant laïque et en réalité partisan. Il faut en finir avec l’Éducation nationale dans sa forme actuelle.
Vous avez écrit :
” Le pape François invite les chrétiens à « aller aux périphéries ». Nos évêques utilisent cet argument en faveur de l’immigration.”
Tenez voilà des ” périphéries ” …
Cologne : agressions sexuelles massives par des groupes de migrants le soir du réveillon (MàJ : A Hambourg et Stuttgart aussi)
http://www.fdesouche.com/686875-cologne-serie-dagressions-sexuelles-par-des-groupes-dhommes-le-soir-du-reveillon
Mais ces ” périphéries ” étant désormais chez elles chez nous, peut-être que nos enfants et petits-enfants de catholiques dits fondamentalistes sont déjà des ” périphéries ” pour Rome et nos évêques ?
Tout le monde s’est mis à chanter la Marseillaise…., mais qui en connait toutes les paroles?
http://www.marseillaise.org/english/francais.html
ROMANOS, qui a donné cinq années de sa vie professionnelle à la direction de deux établissements de “l’Enseignement catholique”, d’abord en Île-de-France puis en province, à une époque où les candidatures ne se bousculaient pas pour exercer une charge alors à haut risque, à la suite des grandes manifestations nationales pour la liberté de l’enseignement des années 1983 et 1984, rejoint tout à fait l’auteur du texte publié, auquel il ne peut qu’adhérer.
Il se souvient qu’un sondage publié à l’époque, à l’initiative des A.P.E.L. (cf. Association des Parents d’Élèves de l’Enseignement Catholique) sur les raisons qu’avaient les parents d”inscrire leurs enfants dans l’Enseignement catholique, faisait apparaître que la motivation religieuse arrivait seulement au 9ème rang de leurs préoccupations … .
Par ailleurs, ayant invité Mgr. l’évêque (cravaté et croix pectorale cachée dans la poche intérieure de son blazer !) du diocèse de province de l’établissement qu’alors il dirigeait (1350 élèves) de venir y passer une journée afin d’y rencontrer chacun, avec l’argument : “qu’il n’aurait jamais l’occasion de voir autant d’enfants et d’adolescents dans les églises paroissiales de son petit diocèse”, celui-ci se déroba … .
Quand il fallut choisir un manuel conforme au nouveau programme officiel des “sciences de la vie”, qui pour la première fois introduisait la sexualité humaine et la contraception, les enseignants de la discipline refusèrent de tenir compte des (timides) recommandations de la “Direction nationale de l’Enseignement catholique” d’alors qui demandait de privilégier le choix du manuel le plus discret en la matière sur cette nouvelle rubrique ajoutée au programme, au prétexte que ce n’était pas l’essentiel … .
La liste des incohérences et des reniements serait encore longue à citer, à commencer par le rôle pour le moins ambigu de l’aumônerie catholique, que l’on taira, par … charité chrétienne !
Ayant la réputation d’être des intégristes, lefebvristes, nous avons voulu inscrire de nos enfants dans une école diocésaine. Tout d’abord l’employée subalterne qui ne nous connaissait pas nous donna le dossier de notre enfant, nous dit qu’il n’y avait aucun problème pour son inscription. Elle nous énuméra les pièces à joindre au dossier, prit notre nom et nous inscrivit sur la liste des admis en attente de dossier complet. Lorsqu’il fallut déposer le dossier, la directrice ou une dirigeante nous écarta de la queue des parents. Elle nous pria de nous diriger dans une pièce à l’écart de la foule. Nous fumes donc reçu dans la grand salle d’honneur, déserte. Là la dirigeante nous expliqua que, malheureusement, les inscriptions étaient closes et qu’il n’y avait plus de place dans le collège pour notre enfant…
Nous avons bien compris qu’en réalité on excluait notre enfant pour opinion non-conformes de ses parents. On nous excluait hypocritement sans avoir le courage de nous dire pourquoi (ce qui aurait pu nous permettre éventuellement de nous corriger). On nous humilia.
Ce n’était pas du temps du pape François, c’était il y a des dizaines d’années. Mais nous avons bien éprouvé à cette occasion l’esprit hypocrite de l’enseignement et de l’épiscopat français. Cet esprit d’exclusion hypocrite n’a pratiquement pas changé depuis. On veut bien aller aux “périphéries” pourvu que ce soit afin d’encourager l’homosexualité et de la répandre, la drogue, le mépris de l’ordre public français de se faire l’auxiliaire de la propagande marxiste. Mais si c’est pour répandre la culture traditionnelle, jamais ! Dehors les tenants de la messe en latin ! Arbitraire, hypocrisie, méchanceté…
Nous savons bien que les évêques sont des massacreurs de la culture religieuse française qu’ils n’ont aucun respect de la liberté religieuse ni de la liberté culturelle. Ils ne respectent pas les droits de l’homme. Ils l’ont montré en 1969 et ne se sont jamais départis de cette façon d’agir depuis.
Le témoignage de votre souffrance légitime illustre bien le climat de “guerre de religions” larvée, interne à l’Église latine, depuis le début des années 70 du XXème siècle (Notons que les Églises orientales unies à Rome en semblent indemnes).
À la veille d’une énième “Semaine de prière pour l’unité des chrétiens” devenue, il faut bien l’avouer, une formalité institutionnelle de type “onusien” à laquelle plus personne ne croit vraiment, comment l’Église catholique (plus ou moins “luthéro-gallicane” en France) pourrait-elle être crédible en la matière, alors que prisonnière d’une idéologie qu’il faut bien qualifier de type totalitaire, elle demeure en état de guerre intestine ?
Pour revenir sur votre mésaventure douloureuse, j’observe qu’en l’occurrence la lettre et l’esprit de la Loi Debré (1959), fondatrice de “l’enseignement sous contrat”, n’ont pas été respectés, puisque celle-ci interdit toute discrimination dans le cadre d’un service public bénéficiant d’un financement de l’État français.
En conclusion et d’expérience, il est notoire que ceux qui s’arrogent l’exclusivité de la “Charité”, n’ayant que le mot “amour” à la bouche, se croient pourtant dispensés d’avoir à respecter la simple justice s’imposant au commun des mortels.
Dans ces conditions, où réside donc l’Amour, dans lequel on se drape, ailleurs que dans les mots et les beaux discours ?
Merci, cher monsieur de votre compassion.
Vous soulignez un élément que je n’avais pas vu. Il s’agissait en fait d’une véritable injustice perpétrée par l’institution ecclésiale. J’aurais pu faire un procès. Mais on m’aurait encore désigné comme un paranoïaque procédurier et la magistrature m’aurait gratifié de très sévères attendus d’une parfaite mauvaise foi dont elle est une habituée…
Ne pas oublier que l’interdiction du missel de saint Pie V est une forfaiture se poursuivant encore aujourd’hui. Cette forfaiture est couverte, voire perpétrée, par le haut clergé.