À la veille des élections régionales, Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, déclare à Famille chrétienne :
“Quelle est votre impression à la veille des élections régionales ?
Je suis admiratif du travail des élus de terrain – les élus municipaux en particulier –, qui sont au plus près de la vie concrète de leurs administrés, qui cherchent à développer les territoires, qui accompagnent la recherche d’emploi, de logement, ou qui s’occupent des voies de communication. On est loin de la politique politicienne.
En quel sens ?
Je pense à la face obscure de la vie politique et à nos déceptions devant l’absence de projet d’envergure et d’un débat serein sur les fondamentaux de notre vie sociale. Les programmes ressemblent à des listes bâties pour satisfaire des intérêts catégoriels. On a parfois le sentiment que tout se réduit à quelques slogans (le vivre ensemble, la laïcité, l’égalité) et à un jeu de réseaux. Une fois élu, et parce qu’il est redevable des soutiens reçus, un responsable politique peut très vite perdre son âme. Il doit, par fidélité à un parti, à un lobby, à un réseau, se conformer à une ligne officielle, parfois contre ses convictions personnelles.
Condamnez-vous la politique ?
Pas du tout ! Faire de la politique est extrêmement noble. C’est d’abord un service de la communauté ; un service qui demande de l’écoute, de l’empathie, une capacité à comprendre les situations particulières et les évolutions de fond, puis à inventer des solutions originales.
Ce service prend énormément sur le temps personnel, et en particulier sur la vie de famille. Que de soirées et de week-ends passés en réunions, en fêtes, en inaugurations, en visites ! C’est un service qui demande un travail de réflexion pour définir une vision, un projet conforme à ce qu’on pense être bien, juste, beau pour la communauté dans son ensemble. Cela demande beaucoup de force : non pas pour imposer son point de vue, mais pour garder sa liberté intérieure, afin d’exprimer ce qui paraît juste à sa conscience. Je connais bien des élus qui ont cette force d’âme et qui suscitent l’admiration et la reconnaissance de leurs administrés.
Malheureusement, les partis politiques ne sont pas vraiment des lieux de liberté. La stratégie est souvent plus importante que le service du bien commun. Cela explique sans doute la désaffection des électeurs. Quand un vrai projet fait défaut, on n’a plus envie de s’engager pour un candidat. Et on ne va pas voter pour favoriser une carrière personnelle !
Les chrétiens doivent-ils fuir la vie politique ?
C’est plutôt l’inverse ! Il faut que des chrétiens s’engagent dans la vie publique – peut-être en commençant par des mandats locaux –, et qu’ils veillent à garder à tout prix leur liberté de conscience intacte, tout en acceptant de se faire accompagner dans leur discernement. Je pense au pèlerinage des élus qui a lieu chaque année à Lourdes. Ils s’y rassemblent, au-delà des appartenances politiques, pour se poser, s’écouter, réfléchir et prier.
Cela dit, la politique restera toujours une affaire compliquée. Elle suppose de mettre les mains dans le cambouis. On est souvent rattrapé par une réalité qui n’entre pas dans nos formules et nos catégories. On est parfois amené à prendre des décisions qu’on voulait éviter. La politique, c’est le domaine de la prudence où l’on cherche à prendre la décision la meilleure en fonction des circonstances. Cette solution n’est parfois que la moins mauvaise.
Que faut-il penser de la progression annoncée du FN ?
Elle est certainement le signe de cette déception pour la politique dont je parlais au début. Avec le sentiment de ne pas être écouté par les partis traditionnels. Je crois qu’il faut commencer par aller lire leur programme et se faire une opinion à la lumière de l’enseignement social de l’Église en se demandant : « Est-ce que, en conscience, je veux cela pour ma commune, ma région, mon pays ? » Diaboliser, ostraciser ne sert à rien. Un citoyen, un électeur est capable de discerner, c’est-à-dire de poser les arguments, d’essayer de les comprendre et de se faire un jugement personnel ; c’est cela qui importe. La pauvreté actuelle du débat politique n’incite pas à poser calmement les enjeux. On s’invective, on s’accuse, on caricature, on ironise, on s’offusque. Tout cela ne fait pas un débat. Notre démocratie mérite beaucoup mieux ! ”
“La politique est le domaine de la prudence”. Vérité imparable.
L’ennui est que la politique est peuplée d’imprudents, qui le sont parce qu’irresponsables des conséquences de leurs décisions : interventions extérieures, déséquilibres économiques insolubles, abus de fonds publics, décisions irréfléchies etc.
La politique redeviendra prudente et raisonnable lorsque les élus seront exposées à des sanctions aussi raisonnables, c’est-à-dire certaines, immédiates, et proportionnées.
Après qu’on a subrepticement fait disparaître du Code Pénal la qualification de forfaiture, ce n’est pas demain le veille…
Tant que la politique sera gouvernée par des “lois” institutionnelles qui n’ont de loi que le nom (je pense par exemple au préambule de la constitution de 1946) et qui instituent l’injustice et la culpabilité pour une catégorie historique de personnel politique et de population, la politique sera sale parce que salie dans ses principes.
Je rappelle la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose que [La loi] “doit être la même pour tous”. Ce que contredit le bloc constitutionnel actuel notamment en le préambule de 1946. Ce principe pollue bon nombre de lois et même d’au moins un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme.
Pour l’instant le haut clergé (y compris le pape) reste muet sur cet aspect actuel du problème institutionnel.
Je crois qu’il ne l’aperçoit même pas.
Il fragmente donc l’humanité tout en prêchant la fraternité universelle ! “Abominatio desolationis in loco sancto”.
Pensez vous , Monseigneur , que la Religion soit un espace de liberté surtout pour les religieux et religieux ?Ne me dites pas oui car je suis religieux et j’y ai vécu des choses inconcevables dans le monde et un nombre de suicides impréssionnants .
Je pense souvent à vous et aux évêques. Votre liberté religieuse brimée sous prétexte d’obéissance… Le missel de saint Pie V ostracisé arbitrairement.
Vive le respect de la liberté religieuse dans l’Église !
Mon Frère, je pense souvent à vous et à vos frères et sœurs en religion et au martyr que doit représenter votre vie crucifiée par le haut clergé. Je suis solidaire. Je pense aux Franciscains de l’Immaculée…
Tant que nous aurons des politiciens vereux, les lois ne seront appliquées qu’au peuple, ces soit-disant élites ne pensent qu’à se mettre de l’argent dans les poches au détriment des personnes qui travaillent, des vieux , des enfants. Je pense que le clergé en entier est fautif de ne rien dire.
Pourquoi Mgr n’appliquez-vous pas ces bons conseils au fonctionnement de la CEF ? Elle diabolise et ostracise avec une onction cléricale digne d’éloge et elle couvre le fonctionnement de structures pourries telles celles sur la famille et le dialogue avec l’Islam !
S’il vous plaît, balayez devant votre porte !
“Diaboliser, ostraciser ne sert à rien”
Bien sûr que cela sert, cela oblige à chercher la dédiabolisation, comme ici à 8 mn 20 s
https://www.youtube.com/watch?v=2eoBRjsS1Uo
Le vote des catholiques? Bof, comme il y a plus de catholiques avorteurs que de catholiques anti-avortement c’est vite vu. Les Dix Commandements? Réponse: bof, nous sommes-dans-un-état-laïc, hic, hic, hic, hic
Bravo et merci Monseigneur ‘
Ce titre vous va parfaitement
Hélas pas pour tous les eveqyes ….
Votre article est d’une telle finesse
Chaque mot est une découverte,,,
Et un enseignement….
Merci de ne pas faire la politique des politiciens comme certains de vos confrères !!!! Quelle tristesse
Leur chemin s’est obscurci ….,
Joyeux temps de l’Avent et
Joyeux et Saint Noel