Homélie du cardinal Vingt-Trois lors de la messe à l’intention des victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint Denis et de leurs proches ainsi qu’à l’intention de la France en la cathédrale Notre-Dame de Paris :
“Les événements tragiques qui ont frappé notre pays ces jours-ci, -et particulièrement Paris et Saint-Denis-, plongent nos concitoyens dans l’effroi et la stupeur. Ils nous posent deux redoutables questions : en quoi notre mode de vie peut-il provoquer une agression aussi barbare ? A cette première question, nous répondons volontiers par l’affirmation de notre attachement aux valeurs de la République, mais l’événement nous oblige à nous interroger sur le prix à payer pour cet attachement et à un examen de ces valeurs. La deuxième question est encore plus redoutable car elle instille un soupçon dans beaucoup de familles : comment des jeunes formés dans nos écoles et nos cités peuvent-ils connaître une détresse telle que le fantasme du califat et de sa violence morale et sociale puissent représenter un idéal mobilisateur ? Nous savons que la réponse évidente des difficultés de l’intégration sociale ne suffit pas à expliquer l’adhésion d’un certain nombre au djihadisme bien qu’ils échappent apparemment à l’exclusion sociale. Comment ce chemin de la barbarie peut-il devenir un idéal ? Que dit ce basculement sur les valeurs que nous défendons ?
La foi chrétienne peut-elle nous être de quelque secours dans le désarroi qui s’est abattu sur nous ? A la lumière des lectures bibliques que nous venons d’entendre, je voudrais vous proposer trois éléments de réflexion.
1. « Dieu, mon seul espoir. » (Psaume15)
Le psaume 15, comme beaucoup d’autres psaumes, est un cri de foi et d’espérance. Pour le croyant dans la détresse, Dieu est le seul recours fiable : « Il est à ma droite, je suis inébranlable. »
C’est peu dire que les tueries sauvages de ce vendredi noir ont plongé dans la détresse des familles entières. Et cette détresse est d’autant plus profonde qu’il ne peut pas y avoir d’explications rationnelles qui justifieraient l’exécution aveugle de dizaines de personnes anonymes. Mais si la haine et la mort ont une logique, elles n’ont pas de rationalité. Bien sûr, nous avons besoin de dire des mots, nous avons besoin que des mots soient dits et que nous les entendions, mais nous sentons tous que ces paroles ne vont pas au-delà d’un réconfort immédiat. Avec l’irruption aveugle de la mort, c’est la situation de chacun d’entre nous qui devient incontournable.
Le croyant, comme tout un chacun, est confronté à cette réalité inéluctable, proche ou lointaine, mais certaine : notre existence est marquée par la mort. On peut essayer de l’oublier, de la contourner, de la vouloir douce et légère, mais elle est là. La foi, aucune foi, ne permet d’y échapper. Et nous sommes intimement acculés à répondre de nous-mêmes : vers qui nous tourner dans cette épreuve ? Faire confiance aux palliatifs, plus ou moins efficaces ou durables ou bien faire confiance à notre Dieu, qui est le Dieu de la vie. Le psalmiste nous soutient pour mettre sur nos lèvres la prière de la foi et de l’espérance : « Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. »En ces jours d’épreuve, chacun de ceux qui croient au Christ est appelé au témoignage de l’espérance pour lui-même et tous ceux qu’il essaie d’accompagner et de soulager. Au moment où va s’ouvrir, dans quelques semaines, l’année de la miséricorde, nous voudrions, par nos paroles et nos actions, être des messagers de l’espérance au cœur de la souffrance humaine.
2. « Tu m’apprends le chemin de la vie. » (Psaume 15)
Cette espérance définit une manière de vivre pour ceux qui la reçoivent. Elle nous apprend le chemin de la vie. Heureusement tous ne sont pas confrontés aux horreurs subies par les victimes du fanatisme comme celles de vendredi dernier. Mais tous, sans exception, chacun et chacune d’entre nous, nous devons affronter des événements et des périodes difficiles dans notre existence. À quoi reconnaît-on un homme ou une femme d’espérance ? À sa capacité à assumer des épreuves et à combattre contre les forces destructrices dans la confiance et la sérénité. Cette force intérieure permet à des hommes et à des femmes ordinaires, comme vous et moi, de refuser de plier, de faire des choix difficiles, parfois héroïques, bien au-delà de ses propres forces.
Après les périodes de dures épreuves, nous pouvons reconnaître que certaines et certains ont tenu sans faiblir parce que leur conviction intérieure était assez forte pour braver des dangers possibles ou réels. Pour nous, chrétiens, cette force vient de notre confiance en Dieu et de notre capacité à nous appuyer sur Lui. Mais nous pouvons aller plus loin dans notre interprétation : pour un certain nombre d’hommes et de femmes, leur foi en une réelle transcendance de l’être humain les motive. Même s’ils ne partagent pas notre foi en Dieu, ils partagent un de ses fruits qui est la reconnaissance de la valeur unique de chaque existence humaine et de sa liberté. Pouvons-nous voir dans le calme et le sang-froid dont nos compatriotes ont fait preuve un signe de cette conviction que notre société ne peut se justifier que par son respect indéfectible de la dignité de la personne humaine ?
Face à la barbarie aveugle, toute fissure dans ce socle de nos convictions serait une victoire de nos agresseurs. Nous ne pouvons répondre à la sauvagerie barbare que par un surcroît de confiance en nos semblables et en leur dignité. Ce n’est pas en décapitant que l’on montre la grandeur de Dieu, c’est en travaillant au respect de l’être humain jusque dans ses extrêmes faiblesses.
3. « Lorsque vous verrez arriver tout cela… » (Marc 13, 29)
Cette confiance en Dieu est une lumière sur le chemin de la vie, mais pas seulement pour chacun d’entre nous dans son existence personnelle. Elle est aussi une lumière pour comprendre l’histoire humaine, y compris dans son déroulement énigmatique. L’évangile de Marc que nous avons entendu annonce le retour du Fils de l’Homme, le Sauveur, à travers des signes terrifiants dans les cieux et sur la terre. Nous ne sommes plus accoutumés à cette façon de scruter les signes, encore que beaucoup fassent commerce de cet exercice. Mais il me semble que le plus important pour nous est de puiser dans cette lecture deux enseignements.
D’abord, nul ne sait ni le jour ni l’heure de la fin des temps. Seul, le Père les connaît. Nous savons aussi que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de notre propre fin et que cette ignorance taraude bien des gens. Mais nous voyons tous, -et l’événement de cette semaine nous le rappelle cruellement-, que l’œuvre de mort ne cesse jamais et frappe, parfois aveuglément.
Ensuite, les événements dramatiques ou terrifiants de l’histoire humaine peuvent être interprétés et compris comme des signes adressés à tous. « Lorsque vous verrez cela, sachez que le Fils de l’Homme est proche à votre porte » nous dit l’évangile (Marc 13,29). Cette capacité d’interpréter l’histoire n’est pas une façon de nier la réalité. Elle est une façon de découvrir que l’histoire a un sens. Elle annonce quelqu’un qui frappe à notre porte, à chacune de nos portes. Ce quelqu’un, c’est le Christ.
Ainsi nous ne pouvons pas nous arrêter aux malheurs de la vie ni aux souffrances que nous endurons, comme si cela n’avait aucun sens. À travers eux, nous pouvons découvrir que Dieu frappe à notre porte et veut nous appeler encore à la vie, nous ouvrir les chemins de la vie. Cette espérance, nous devons la porter et en témoigner comme un réconfort pour ceux qui souffrent et comme un appel pour tous à vérifier les vraies valeurs de sa vie.
Je vous propose maintenant de vous unir intensément à la prière des défunts qui va être chantée.”
Bien sûr, bien sûr, il faut d’abord et prioritairement une réponse sécuritaire, c’est à dire militaire, sur le territoire national. C’est d’abord notre sol qu’il faut défendre, même si l’attaque de l’ennemi (qu’il faut désigner clairement) sur son territoire est également indispensable.
Certes il est vrai que comme en 1939 les états (et pas seulement la France) sont mous dans leur réaction et ambigus. C’est qu’il s’agit à la fois de ne pas braquer sa propre population et de ne pas irriter des « partenaires » commerciaux « dont nous avons besoin ».
Il y a plus, si l’islamisme radical est l’ennemi maintenant désigné, beaucoup comptent sur l’islam pour affaiblir les racines chrétiennes de l’Europe. Il en résulte une ambiguïté de paroles et d’actes rarement atteinte dans laquelle nos « dirigeants » se prennent les pieds. Comment soutenir l’islam coranique et dénoncer l’islamisme qui l’applique littéralement ? Subtil distingo. Pas d’amalgame. Mais comment penser qu’un « infidèle » pourrait faire évoluer une pratique multiséculaire ?
Nous voici donc maintenant aux véritables racines de cette violence guerrière barbare. Cette guerre est indiscutablement une guerre économique, pour l’hégémonie régionale, mais c’est aussi une guerre idéologique, ou plutôt religieuse, car il faut bien parler de « la religion de la laïcité », avec ses dogmes, ses rites, ses œuvres. Ce sont les « valeurs » d’un occident vécu comme mécréant et décadent qui sont attaquées. C’est, pour aller jusqu’au bout de l’idéologie, la société occidentale actuelle dans sa conception de la famille et de la sexualité. Autrement dit, c’est la contestation radicale de la mini jupe et de l’homosexualité.
On ne combat pas une idéologie avec des Famas G2 ou des AK 47, ni même avec des chars AMX ou Léopard, ni même des Rafales ou des Sukhoï. On combat une idéologie par un combat idéologique.
Et là il faudra bien que l’on prenne conscience que les valeurs « démocratiques » occidentales sont des valeurs qui ne peuvent exister que dans une perspective chrétienne. La Liberté est une valeur chrétienne et non pas marxiste ou capitaliste. La solidarité a été dès le début « la marque de fabrique » du christianisme, qui fait vraiment des frères de tous les hommes. L’égalité dans la différence des enfants de Dieu l’est tout autant. Vouloir l’occident sans christianisme est simplement une illusion, une chimère, une construction qui s’écroule faute d’ancrage et de fondations.
Le réarmement doit d’abord être moral et intellectuel. Il est possible à chacun où il est de prier et de fréquenter les sacrements de l’Église catholique. Mais chacun doit aussi approfondir tous les fondements de sa foi et devenir un missionnaire qui s’adresse aux mécréants de l’intérieur, tant laïques que monothéistes égarés.
Il faut pouvoir comprendre et faire comprendre le Dieu trinitaire, qui est fondamentalement relation et amour. Il faut pouvoir témoigner de l’incarnation et de la résurrection de son fils, Notre Seigneur Jésus-Christ. Il faut surtout, avec le soutien de l’Esprit Saint, vivre dans l’amour, dans une perspective eschatologique qui seule donne un sens à l’histoire et à nos vies individuelles.
Nous devons dire, mais surtout vivre, le rejet d’une barbarie meurtrière et réaffirmer les respect inconditionnel de toute vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle. Il est impossible de défendre la vie en tuant nos enfants à naître, nos vieux parents et les handicapés. « Nul ne sait ni le jour ni l’heure », mais il sait que seul l’amour comptera.
Shimon
Ce que le cardinal Vingt Trois oublie de dire est que depuis 50 ans l’Eglise est engluée dans un oecuménisme mortifère. Cet œcuménisme qui met toutes les religions à égalité est une sorte de sida. L’Eglise en ayant renoncé à proclamer qu’elle est la seule arche de Salut favorise les fausses religions et particulièrement l’Islam qui est une religion très conquérante.
On ne veut plus du Christ Roi, notre châtiment est que nous avons maintenant l’Islam dans toute sa splendeur.
Notre Dame de Lépante priez pour nous.
Sauf erreur je ne vois pas de condamnation et l’islam radical tel qu’il fut enseigné par Mahomet et mis en pratique par ses “disciples” depuis son origine et aujourd’hui plus que jamais. Tandis que des journalistes osent en parler aux infos à visage découvert (ce qui pourrait leur valoir une fatwa), de même que les évêques du Moyen Orient.
Les signes terrifiants devant se produire, selon l’évangile de Saint Marc, dans les cieux et sur la Terre à la fin des temps auxquels Mgr Vingt-Trois fait allusion comme si nous en étions proches, pour moi ne s’appliquent pas dans le cas présent des attentats terroristes que subit depuis des décennies la France, le pire jusqu’à ce jour ayant été perpétré le vendredi 13.11.2015, car il s’agit d’événements horribles certes, mais pas géologiques (étoiles tombant du ciel, raz de marée etc.).
Enfin notre archevêque devrait savoir que “l’histoire” s’écrit avec une majuscule : l’Histoire.
Merci à Mgr Vingt-trois pour son allégeance aux ” valeurs de la république … ”. Le grand Orient doit être rassuré …