Au cours de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes qui s’est achevée dimanche, le président de la Commission des épiscopats francophones pour les textes liturgiques, Mgr Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, a annoncé l’achèvement imminent de la nouvelle traduction française du Missel romain. Une traduction que se veut plus fidèle au texte romain. L’usage voulant que la forme ordinaire soit célébrée (quasi) exclusivement en français, cette traduction revêt une certaine importance et il faut bien considérer que la traduction actuelle est déficiente. En même temps, traduttore, traditore…
Les évêques ont jusqu’au 15 novembre pour faire part de leurs amendements et commentaires, après quoi les traducteurs élaboreront une version définitive intégrant aussi des remarques de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. La version définitive sera soumise au vote des évêques de France lors de leur prochaine Assemblée plénière, au printemps 2016, puis envoyée à Rome pour obtenir la « recognitio », la reconnaissance officielle du cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin. Puis, le texte sera livré aux imprimeurs. Enfin, le premier dimanche de Carême 2017, le missel devrait effectivement entrer en usage pour la France et les autres pays francophones.
Ce travail fut long et laborieux (la version anglaise a été publiée il y a déjà quelques temps) mais on n’en voit enfin le terme. C’est Rome la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements qui avait exigé il y a déjà 15 ans que le Missel soit « traduit intégralement et très précisément, c’est-à-dire sans omission ni ajout, par rapport au contenu, ni en introduisant des paraphrases ou des gloses » (Instruction Liturgiam authenticam 7 mai 2001). Une première révision avait été jugée insuffisante et rejetée par la Congrégation en 2007. Il s’agit désormais de savoir si le résultat est à la hauteur. Et si, au-delà du résultat, les prêtres se conformeront au Missel, ou s’ils continueront leurs improvisations, créations… Sous prétexte de rejet du “rubricisme”, bon nombre de prêtres préfèrent innover en permanence, dans un cléricalisme de mauvais aloi qui fait fuir les fidèles, alors que l’humble obéissance au Missel permet de conformer la prière des fidèles à celle de toute l’Eglise dans une véritable communion.
Au cours d’un entretien à KTO, Mgr Aubertin a donné trois exemples significatifs de correctifs apportés par la nouvelle traduction :
- Dans le « Je confesse à Dieu » – le Confiteor –, on retrouvera la triple accusation du texte latin : « C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute » au lieu du « oui, j’ai beaucoup péché », vite dit, pratiqué actuellement.
- 2. Dans les préfaces prononcées par le célébrant, la formule française actuelle : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu » omet de traduire le et salutare : « et salutaire » (« Vere dignum et justum est, aequum et salutare »). « Salutare, explique Mgr Aubertin, cela veut dire que rendre grâce, c’est porteur de Salut. Je trouve que cela n’est pas anodin. (…) c’est important théologiquement de le redire. »
- 3. Une des corrections les plus attendues – demandées, à vrai dire, depuis un demi-siècle par de nombreux catholiques francophones, concerne la sixième demande du Notre Père : « Ne nous soumets pas à la tentation ». « En disant ‘Ne nous soumet pas à la tentation’, explique Mgr Aubertin, on avait l’impression d’un Dieu qui en quelque sorte commandait la tentation ou au contraire nous en dispensait. À la limite, un Dieu qui nous tirait le tapis sous les pieds si je puis dire ». La nouvelle traduction fera donc dire : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Pourquoi ne pas avoir repris l’ancienne traduction “ne nous laisse pas succomber à la tentation ?” Mystère…
Le « consubstantiel » fait son grand retour dans le Credo, au lieu du « de même nature ». S’il n’est pas faux de dire que le Fils est « de même nature » que le Père, c’est très insuffisant car cela ne caractérise en rien l’unité divine : deux êtres humains sont « de même nature » mais ne sont pas pour autant « consubstantiels ». Ils ne sont pas « un » : chacun d’eux reste un individu. Tandis que nous croyons « en un seul Dieu ». Le Père et le Fils (et, d’ailleurs, le Saint-Esprit aussi), non seulement partagent la même nature divine, mais sont un seul Dieu. Si le Père et le Fils étaient de même nature, mais non consubstantiels, les musulmans auraient raison de croire que les chrétiens sont polythéistes. Mais, c’est faux: nous croyons en un seul Dieu (c’est même comme cela que commence notre profession de foi). Les défenseurs de l’orthodoxie nicéenne, comme saint Athanase ou saint Hilaire, se sont battus contre une traduction assez proche, sur le fond, de ce « de même nature ». C’était une traduction « de compromis », qui cherchait à mettre d’accord ceux qui pensaient que le Fils était co-éternel au Père, tout-puissant comme le Père, etc. (c’est-à-dire les défenseurs de la foi chrétienne) et ceux qui pensaient qu’Il était inférieur au Père: on disait alors que le Fils était homoiousios (de substance semblable) au Père. Alors que la foi chrétienne affirme qu’Il est de même substance (homousios, sans iota). Comme le « de même nature » n’est pas faux, mais gravement incomplet, ce « de substance semblable » n’était pas faux, mais gravement incomplet.
et si l’on revenait carrément et partout à la Messe Tridentine ?
Si, le ‘de substance semblable’ était faux et même hérétique. ‘De même nature’ est exact mais ambigu.
Vous voulez encore nous faire changer le Pater ? Nous ne changerons pas. Nous garderons le même. Ne nous soumets à la tentation. Tout le monde le comprends comme ‘ne nous soumets pas à l’épreuve’. C’est très humble, c’est très vrai. Sous-entendu : nous ne serions pas capables de la supporter.
Notre ami Jean Ferrand ne doit pas lire les textes bibliques….
Saint Jacques est très clair dans son Épître ! Ch 1 verset 13 et la suite….
Quelle horreur d’oser dire “Ne nous soumets pas” !
Ce n’est pas de l’humilité ! mais c’est offenser DIEU ! C’est quasi blasphématoire….
Il n’y a que le démon pour nous tenter dans nos faiblesses et cela, depuis Adam et Eve. Il nous faut demander à DIEU d’être plus fort que lui et à ne pas succomber.
Le seul fait de dire à DIEU “ne nous soumets pas à la tentation” c’est déjà être soumis au Malin, car cela vient de lui !
Chaque parole prononcée envers le Tout-Puissant doit être soigneusement pesée et sera jugée….
L’Église n’aurait jamais dû modifier le texte…. Et il est temps d’y revenir !
Merci !
C’est le démon qui nous tente, mais il agit pour le compte de Dieu. Nous sommes mis à l’épreuve par Dieu, afin que soit manifestée la vérité de notre foi. Cette idée se trouve telle quelle dans le livre de Job. La tentation de Job est suggérée à Dieu par le démon et Dieu y consent en y mettant la condition que Job ne soit pas tué. Satan n’agit jamais indépendamment. Il est au service de Dieu pour purifier ou punir. Il ne faut pas demander à Dieu d’être délivrés de la tentation, mais d’en sortir victorieux : Ne nous laisse pas succomber à la tentation. Par ailleurs, si nous demandions à Dieu de ne pas nous laisser entrer en tentation, nous devrions supposer qu’il serait capable de nous laisser nous y mettre. Ce serait comme demander à Dieu de ne pas oublier d’avoir soin de nos intérêts spirituels, ce qui serait là quelque chose de blasphématoire.
Dieu ne PEUT PAS nous soumettre à la tentation ! à l’épreuve à ce que vous voulez vous mais pas DIEU !
C’est absolument blasphématoire que de dire cela !
Vive la Messe Tridentine ! Merci rocheteau !
arrêtons cette histoire! le mot latin veut exactement dire ce qu’on reproche au mot “soumettre” en français!
le problème est dans l’avilissement des paroles et des gestes liturgiques depuis Vatican II Des choses autrement plus graves que cette querelle de mots! totalement vide et infondée qui plus est! je rêve du jour où on n’entendra plus cette sottise dans des bouches qui se veulent par là plus tradis que tradis!
grotesque!
ZÉZÉ a pourtant raison et son raisonnement touche à une question théologique de base : Dieu peut-Il être auteur de la tentation ou non ?
Ce serait l’accuser de perversité que de répondre : oui. Mais la Felix culpa qui a amené l’homme à exercer sa liberté vis-à-vis de la volonté de Dieu, lui permet de gagner quelques mérites en résistant à la tentation exercée par Satan. Par sa grâce, Dieu aide le pécheur mais c’est le choix libre de celui-ci qui en détermine l’importance, faible certes comparé à ceux, immenses, du Christ, mais indispensable pour témoigner de l’Amour qu’Il doit recevoir en retour. La tentation est indispensable pour fendre compte de la liberté de l’homme. Dieu la permet, Il ne l’exerce pas.
Le inducare latin est difficile à traduire en français et la formule française est plus proche d’une version grecque ou araméenne. C’est une trahison supplémentaire de nos épiscopes de poser autant de problèmes en la refusant !
Ne nous soumet pas à la tentation
Le verbe soumettre à deux significations
Exposer à la tentation et être vaincu par la tentation
Chaque fidèle peut méditer ce mystère
Mais le plus important est de savoir ce qu’a dit exactement le Seigneur !
Moi je sais que Notre Dieu le Père de Notre Seigneur pour nous purifier nous laisse nous battre pour vaincre la tentation et cela est une pédagogie
Dieu à quitté le Jardin et le Diable est entré pour séduire Eve
Mais le Créateur savait à l’avance car il connaît le coeur de l’homme et aussi celui du diable
Dans Job le dialogue entre Dieu et le Diable est à lire et relire.
“Le verbe soumettre à deux significations”
Raison de plus pour refuser une expression ambigüe dont une alternative est proche du blasphème !
Et l’offertoire? On traduit par “pour la gloire de Dieu et le salut du monde”, ce qui en latin devrait se traduire par: “que le Seigneur reçoive de vos mains le sacrifice, à la louange et à la gloire de son nom, ainsi que pour notre bien et celui de toute son Eglise sainte” ( suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis, ad laudem et gloriam nominis sui, ad utilitatem quoque nostram, totiusque Ecclesiae suae sanctae) qui est toujours en vigueur dans le l’ordo de Paul VI
Très beau tout ça mais de toutes façons les prêtres (et les équipes de mémés-liturgistes-qui-s’ennuient-à-la-maison) n’en feront qu’à leur tête. ,. Sans la volonté des évêques de rectifier, voire sévir, et cette volonté n’y est pas plus aujourd’hui qu’hier, ce sera encore et toujours la bamboula….
Au fond un non-événement…
Seule solution en effet pour arracher la liturgie au subjectivisme : le retour de la liturgie tridentine
Jean-Christophe,
Très juste, Dieu veut que nous nous appuyons sur Lui et Lui seul pour vaincre les tentations et non pas sur nos propres forces qui sont celles du monde “qui est déjà condamné’.
Le texte français aura t-il en regard le texte latin, comme les anglois ?
Et dans le confiteor dira t-on encore, “la Vierge Marie”
pour plaire au protestant, à la place de, “la bienheureuse Marie toujours vierge ?”
jupiter nous dit :”des choses autrement plus graves…….”
C’est le moins que l’on puisse dire !
http://www.coleredivine.info
Quand va-t’on cesser de tutoyer Dieu dans le Notre-Père?
“Ils” nous laissent cependant voussoyer la Très Sainte Vierge….
“Alors que la foi chrétienne affirme qu’Il est de même substance (homousios, sans iota).”
Toute petite coquille sur la translitération du grec à la fin de l’article :
– selon la définition “orthodoxe”, il faut bien lire “homoousios” – ὁμοούσιος – et non “homousios”.
Mot composé : ὁμος, “homo-/os”, adj. signifiant semblable, + ούσιος, “ousios” : essence, substance ; ουσία, “essence, substance” étant le substantif formé sur le participe du verbe “être”, εἶναι, “einai ; ούσιος “ousios” est l’adjectif formé sur ce substantif.
Dans toutes ces subtiles controverses théologiques, la nuance – capitale – dépend par conséquent d’une petite lettre, d’un omikron en plus ou en moins, ou encore d’un simple iota !
“Der liebe Gott steckt im Detail”, dit-on du Bon Dieu, mais aussi du Malin, source de dissensions et de querelles…