Samedi 24 octobre à midi, pendant que les Pères synodaux continuaient à voter les résolutions finales dans la Salle du Synode, à quelques centaines de mètres de là, dans la basilique vaticane, à l’autel de la Chaire, commençait la messe pontificale selon la forme traditionnelle, sommet annuel du pèlerinage Summorum Pontificum.
Les pèlerins, plus nombreux que les années précédentes, s’étaient avancés dans les rues de Rome, puis Via della Conciliazion, derrière 200 prêtres et séminaristes, dans une longue procession que présidait Dom Jean Pateau, Père Abbé de Fontgombault. La messe de Saint Raphaël a alors été célébrée par Mgr Juan Rodolfo Laise, un évêque émérite d’Argentine, et l’homélie a été donnée d’abondance par l’archevêque de Ferrare, Mgr Luigi Negri, un des grands prédicateurs d’Italie sur le thème : la foi nous pousse à témoigner avec force de ce dont nous sommes rendus capables par la grâce, elle nous oblige à dire : possumus ; elle nous conduit aussi à témoigner de ce qu’il ne nous est pas permis de faire en raison de notre fidélité au Christ, elle nous oblige à dire : non possumus, dans une société sécularisée qui voudrait éliminer l’Église et la vigueur de l’Evangile.
Relevait aussi de l’institutionnalisation de ce pèlerinage le Message Pape, rédigé et adressé selon l’usage par la Secrétairerie d’État. Dans l’atmosphère de fin de Synode, à ces pèlerins, « qui maintiennent vivante dans l’Église l’antique liturgie de l’Église », il souhaitait « un élan renouvelé pour le témoignage du message pérenne de la foi chrétienne ».
Les pèlerins se souviendront longtemps de la messe célébrée le 23 octobre par Mgr Pozzo, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, en présence du cardinal Walter Brandmüller, dans la somptueuse église Santa Maria in Campitelli, bondée de fidèles. La musique vocale assurée par la chorale Sainte-Cécile de Paris, qui interprétait la messe de Charpentier pour quatre chœurs, fut d’une qualité exceptionnelle, servie en outre par une résonnance très riche. À la fin, pendant le chant du Magnificat de Charpentier, était dévoilée l’image miraculeuse de la Vierge conservé dans l’église, au centre d’une fascinante gloire berninesque, nimbée de lustres étincelants.
Vêpres pontificales du Saint Sacrement, le 23, à la Trinité des Pèlerins, Chemin de Croix sur les pentes du Palatin, le 24 ; chapelet à la Chiesa Nuova devant l’urne de cristal contenant le corps de saint Philippe Néri, patron du pèlerinage ; confessions, confessions ; réunion des prêtres à l’Université Angélique auprès du Doyen de philosophie, le P. Serge Bonino ; conférence le 24 à l’Université Augustinienne de Mgr Laise sur l’édition italienne de son livre sur la communion dans la main, édition revue et augmentée d’une préface de Mgr Schneider (éditions Cantagalli) ; messe pontificale du Christ-Roi, le dimanche 25, célébrée par Dom Jean Pateau, qui y donna un sermon d’une grande élévation.
Au début de l’itinéraire, évoquant l’assistance aux pèlerins pauvres qu’avait institué saint Philippe Néri, l’abbé Claude Barthe, aumônier du pèlerinage leur disait : « Ne sommes-nous pas en quelque manière des pauvres, nous qui sommes attachés à la messe traditionnelle ? Il est même arrivé que nous soyons des exclus, des chrétiens de la périphérie, selon le terme qu’affectionne le pape François. [… Mais] le sensus fidelium est un peu comme une prière qui presse instamment l’autorité d’intervenir, ce qu’elle a fait en 2007 par Summorum Pontificum, en confirmant le bien-fondé de la célébration de l’usus antiquior. Et ce qu’elle fera assurément encore dans l’avenir. Car cette histoire, notre histoire, n’est pas achevée ».
On ne peut que se réjouir du succès de ce pèlerinage pour la défense et le maintien de la Messe traditionnelle.
Mais il faut rester lucide. La crise de l’Eglise est doctrinale et si la liturgie s’est effondrée après le concile c’est avant tout parce que la doctrine est tombée. Le créateur de la nouvelle Messe le franc-maçon Bugnini ne s’en cachait pas : il fallait créer une nouvelle Messe qui puisse séduire les protestants et donc gommer tout ce qui était spécifiquement catholique dans la Messe (exemple : suppression de l’Offertoire). La Messe s’est donc transformée en Cène protestante.
Le meilleur exemple de cet effondrement doctrinal est que au moment même ou on lisait un message papal d’encouragement à ce pèlerinage était publié un texte ouvrant la porte à la communion des divorcés remariés ce qui est une acceptation de l’adultère. Doctrine, liturgie, morale sont liées. Il ne faut jamais l’oublier.
Les fumées de Satan sont malheureusement bien présentes dans l’Eglise.