À l’approche du synode romain sur la famille, on lira avec intérêt le dernier éditorial de Mgr Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron :
On a dit que chaque Concile engendre un profil spécifique de sainteté. C’est ainsi que le Concile de Trente, en redéfinissant le sacerdoce catholique, a engendré une lignée de saints prêtres et évêques. Je pense en particulier à ces saints pasteurs qui ont éclairé le grand XVIIe siècle français et qui ont fondé l’École Française de spiritualité : saint François de Sales, Monsieur Vincent, saint Jean Eudes, saint Louis-Marie Grignon de Monfort… Ils ont en commun d’avoir été attentifs aux grandes pauvretés de leur temps, à la fois matérielles et spirituelles, parfois en fondant des oeuvres de charité gigantesques – les filles de la charité de saint Vincent de Paul, pour endiguer le paupérisme de son siècle, la congrégation de Notre-Dame de charité de saint Jean Eudes pour recueillir les prostituées repenties – et des sociétés de prêtres pour la formation du clergé, qui laissait tant à désirer, et pour l’évangélisation des campagnes, par la mise en oeuvre de missions populaires – comme la congrégation de la mission, plus connue sous le nom de lazaristes, ou la congrégation de Jésus et de Marie, appelée plus communément les eudistes. Qui ne verrait d’ailleurs l’actualité pour aujourd’hui de ces grandes intuitions du XVIIe s., en particulier pour ce qui est de la formation du clergé et des missions populaires, pour nous aider à relever le défi de la nouvelle évangélisation propre à notre époque ?
De même, c’est dans les fruits de sainteté qu’il aura produits, que nous pourrons évaluer la vraie fécondité du Concile Vatican II, préparé au XIXe siècle et qui s’est tenu au cœur du XXe. Si le Concile Vatican II a été salué comme le Concile du laïcat, sans rupture avec le Concile de Trente plus centré sur le Sacerdoce, alors il faut s’attendre à une floraison de saints parmi les laïcs et parmi les familles. La vocation universelle à la sainteté n’est-elle pas le ressort le plus caractéristique de la Réforme préconisée par le Concile Vatican II (cf. Lumen Gentium, ch V) ? Je pense par exemple à la béatification de Frédéric Ozanam, fondateur au XIXe siècle des Conférences Saint-Vincent-de-Paul, par Jean-Paul II en 1997. La canonisation de saint José Maria Escriva de Balaguer va dans ce sens, lui qui fut l’apôtre de la sainteté pour tous, à travers l’accomplissement ordinaire du devoir d’état.
En rappelant les exigences de la vie conjugale et familiale, le bienheureux Paul VI, avec l’encyclique prophétique Humanae Vitae, et saint Jean Paul II, avec l’exhortation apostolique Familiaris Consortio, ont tracé la voie à une nouvelle génération de saints pour notre temps. La canonisation des époux Louis et Zélie Martin, annoncée pour le 18 octobre prochain, précisément en marge du Synode de la famille, est emblématique d’une telle programmation pastorale de la sainteté. Si l’on ajoute à cela que la Miséricorde caractérisera le profil de sainteté issu du Concile Vatican II, alors on est en droit d’attendre du Synode de la famille, non seulement que la splendeur de la Vérité de l’Évangile de la famille ne soit pas ternie, et que les couples soient encouragés à vivre saintement leur état, malgré les souffrances et les échecs qui affligent de nombreuses familles aujourd’hui, mais que les situations dites irrégulières soient accompagnées avec miséricorde sur un chemin de croissance qui ne saurait pour autant faire l’économie de la conversion.
C’est que nous ne sommes plus sous le régime de la loi de Moïse, où prenant en compte leur faiblesse et l’endurcissement de leur coeur, le saint Patriarche consentait aux juifs de renvoyer leur femme avec un billet de répudiation (cf. Mt 19). Mais nous sommes entrés définitivement sous le régime de la loi nouvelle promulguée par le Christ ! Si la loi ancienne n’avait pas le pouvoir de rendre l’homme juste, la loi nouvelle, c’est-à-dire la grâce de l’Esprit Saint donnée à ceux qui croient au Christ, a assurément le pouvoir de communiquer la sainteté, en toutes circonstances et quelle que soit notre faiblesse. À condition d’être personnellement accompagné par la communauté de l’Église dans un processus de croissance. Prions donc pour le Synode : que ce soit l’Esprit de l’évangile et non l’esprit du monde qui triomphe. Que le rappel conciliaire de la vocation universelle à la sainteté soit le vrai ressort de la réflexion des Pères synodaux et des préconisations pastorales que le Pape François en tirera. Pour ma part, j’accompagnerai le pèlerinage organisé par la Pastorale familiale du diocèse, de Solesmes à Alençon, du 4 au 8 octobre prochain, pour confier le Synode aux bienheureux époux Martin.
Le concile de Trente a redéfini le sacerdoce, comme le note avec justesse Mgr Aillet. Mais aucun concile n’a jamais redéfini le mariage catholique sur des bases purement théologiques. Institué comme sacrement au XIIème siècle, il n’en est pas moins l’héritier du droit romain et coutumier. Bien d’autres contraintes que la théologie pèsent alors en faveur de la fidélité conjugale : alliances entre les familles, successions dynastiques, transmission du patrimoine . Aujourd’hui, le mariage n’a plus comme support social que l’affection mutuelle et l’intérêt de la famille, ce qui n’est pas rien.Jésus nous dit qu’il est un des fondements du projet divin pour l’homme. St Paul y voit le signe de l’union du Christ et de l’Eglise. La Genèse fait de l’homme et de la femme, dans leur complémentarité, l’image la plus parfaite de Dieu: un amour qui donne la vie. Puisque le mariage n’a plus que l’amour venu de Dieu comme fondement,il serait peut-être temps de le définir vraiment comme tel.
Quelle chance d’avoir un tel pasteur, un véritable évêque !
J’envie les habitants de Bayonne, Lescar et Oloron.
De toutes façons, ce synode est vidé d’une bonne partie de sa substance puisque notre “bon” pape a promulgué en douce et en rupture avec tous les usages, quelque chose qui est un divorce catholique déguisé.
Prions pour que les enseignements du Christ triomphent de cette manœuvre.
Le mariage “chrétien” comme l’a très bien dit récemment J.Paul 2 , a un fondement évangélique donc théologique ET anthropologique si bien qu’il est l’accomplissement , la perfection , et le modèle de tout “mariage” humain .
J.Paul 2 se situait , lui , dans la grande tradition théologique catholique , principalement thomiste .
Ceci dit le camp dit “conservateur” ne devrait pas rétrécir la doctrine tout en prétendant la défendre .
Avec le mariage et les divorcés “remariés” et nullités de mariage il faut reprendre et comprendre les sacrements et la sacramentalité et la réception des sacrements dans une société déchristianisée dans laquelle la transmission , la tradition ( tradere ) , est indigente ( comme l’enseignement en général ) .
L’Eglise est censée être “Mater et……. Magistra”
à B. ANEL. Le sacrement de mariage n’a pas été institué au XIIème siècle mais par le Christ (un peu avant!). C’est la cérémonie religieuse qui a été instituée plus tardivement. Aujourd’hui encore, en l’absence de prêtre, sur une île déserte, vous pouvez recevoir ce sacrement par simple échange des consentements.
Le Concile de Trente n’a pas redéfini le sacerdoce : ce n’est pas en son pouvoir. Tous les sacrements étant institués par le Christ, puisqu’ils sont des instruments de la grâce et que seul Dieu donne la grâce, seul Dieu peut en définir les conditions d’obtention. L’Église n’a pas le pouvoir de créer les sacrements, ni d’en modifier la substance.
Lorsqu’un Concile “définit” un dogme, il ne le crée pas, mais il dit le mystère qui est en écartant tout ce qu’il n’est pas.
En revanche, l’Église a un certain pouvoir d’administration sur les rites, qui ne sont pas d’essence divine (Dieu ne promulgue pas les rituels) mais qui ne sauraient être valides que s’ils sont conformes aux mystères qu’ils célèbrent. Ainsi, le rituel des ordinations anglicanes a pu être jugé invalide par l’Église catholique, ce qui rendait nul les ordinations célébrés selon ce rituel anglican.
De la même manière, l’Église peut promulguer des rites pour le mariage, les modifier et même accueillir des adaptations locales selon les différentes cultures. Car pendant des siècles il n’y avait pas de rite spécial pour le mariage chrétien : les chrétiens se mariaient selon les usages locaux, puis ils se rendaient à l’Église pour présenter au Seigneur ce lien déjà établi au plan naturel.
Il y a donc une très grande souplesse d’adaptation quant au rites, et une impossibilité de modifier quoi que ce soit quant à l’essence du rite, qui en ce qui concerne le mariage est pour une part de droit naturel et pour une autre part de droit divin.
Dans son motu proprio, le pape a bien rappelé tout cela, en insistant sur le fait qu’il n’était pas question de modifier la doctrine (c’est en dehors de son pouvoir) ni de porter atteinte à l’indissolubilité. Il a insisté sur le fait que cela faisait partie de la charge des évêques de faire respecter l’intégrité du sacrement, la question n’étant pas de créer un divorce catholique, mais de reconnaître comme on l’a toujours fait si ce mariage est ou n’est pas, et dans le second cas d’en faciliter alors la reconnaissance. Ce n’est que sur ce dernier point qu’il a voulu changer la procédure canonique, conformément d’ailleurs aux vœux des canonistes eux-mêmes qui ne parvenaient plus à gérer le nombre des demandes dans un temps raisonnable. Qu’il faille sept ans pour se déclarer sur un dossier dont l’issue est courue d’avance n’était pas normal. Les chrétiens dont le mariage est nul de toute évidence doive pouvoir se marier s’ils le souhaitent, sans qu’un obstacle purement procédural vienne les en empêcher.
Si d’aventure cette réforme de la procédure donnait lieu à des abus, comme cela a été le ças semble-t-il dans la période d’essai de quelques années aux États-Unis, le pape (celui-ci ou un autre) pourra toujours intervenir pour corriger le tir et rappeler comme il l’a fait dans le motu proprio que si l’on peut toujours frauder devant les hommes, la nature humaine étant pécheresse, il est impossible de le faire devant Dieu. Ceux qui le font ne l’emporteront pas au paradis.
Les exemples des congrégations du VII siècle sont bien choisies: l’Eglise voulait amener la société à Dieu , elle n’adoptait aucune de ses valeurs