Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, a été interrogé dans La Provence. Extrait :
Vous avez même déclaré que nous étions en train d’assister à une 3e Guerre mondiale…
Le Saint Père lui-même, et pour la 3e fois, débute ses discours en évoquant le commencement d’une 3e Guerre mondiale. Sur cette question-là, je pense que nous avons un président de la République qui nous leurre. On ne mettra pas fin à l’État islamique avec des survols et des bombardements aériens, tous les experts militaires le disent. En 1944, à Avignon, les bombardements ont fait beaucoup de morts mais les sites visés n’ont pas été détruits. Il faudrait que les pays musulmans soient prêts à s’impliquer dans une coalition internationale. Quant à l’Afrique, un des grands enjeux dans les années à venir, un plan Marshall, idée préconisée par un ancien ministre de l’Agriculture, pourrait la sauver comme il a sauvé l’Europe.
Justement, dans votre diocèse, ce sont les prêtres venus d’ailleurs qui pallient à la crise des vocations…
Dès que j’ai été nommé en 2002, voyant le problème de vocation, je n’ai pas eu peur de faire appel à des prêtres venus d’ailleurs. Pendant des siècles, c’est la France qui a évangélisé le monde entier. Je me souviens de l’archevêque de Hué (au Vietnam, ndlr.) qui me disait “vous nous avez donné l’Évangile il y a plusieurs siècles, aujourd’hui, c’est vous qui avez besoin, c’est normal que l’on vous donne la pareille“. On est devenu une terre de missions. Par contre, l’année prochaine à la Pentecôte, on organisera avec tous les évêques de Paca un pèlerinage à la Sainte-Baume pour demander des vocations et on invitera toutes les familles qui le peuvent. […]
Vous avez souvent été critiqué pour votre autoritarisme, et le diocèse a traversé une grave crise en 2009, six des huit doyens du conseil presbytéral ont même démissionné. Les tensions se sont-elles apaisées ?
Je suis Lorrain d’origine (sourire). Aujourd’hui, il y a toujours un petit noyau qui souhaiterait mon départ, mais pour moi, l’important est de répondre à ce que l’Église me demande quand je vais dans les paroisses. On m’a accusé d’être proche du Front national, je serais plutôt de centre-droit. Mais l’Église n’est ni de gauche ni de droite, elle est évangélique, les opinions politiques restent d’ordre privé. Il y a des gens qui ont du mal à comprendre qu’on a aujourd’hui un nouveau visage de l’Église à mettre en place, et pour ça, il faut aller de l’avant. J’ai vu, en 10 ans, vingt communautés religieuses partir du Vaucluse. Il faut un peu secouer l’Église si demain on veut qu’elle soit vivante.
Quelle mesure comptez-vous prendre pour une plus grande ouverture ?
C’est un scoop que je vous livre : dans le diocèse, on a mis en place depuis 12 ans des journées “L’évêque invite”. Il y a eu les fiancés de l’année, les veufs, les divorcés et remariés. Cette année, je vais avancer vers un domaine sur lequel je n’étais pas très sûr de moi, mais je serai aidé par un prêtre du diocèse de Toulon : en avril, j’invite les personnes à tendance homosexuelle.
Pourquoi dites-vous “personnes à tendance homosexuelle” et non pas “homosexuels” ?
Le drame c’est qu’on enferme les gens dans ce qui est non pas l’essentiel de leur personne, mais quelque chose de secondaire. Je trouve odieux aussi que l’on parle de handicapé et non pas de personne atteinte de handicap. On doit replacer la personne dans sa dignité humaine.”
Sur un “Plan Marshall” en Afrique, je crois que Mgr Cattenoz fait fausse route. D’une part ce plan n’a été qu’un coup de pouce pour aider une économie affaiblie par la guerre, mais existante, à redémarrer; d’autre part, il était aussi conçu comme un outil de pénétration américaine en Europe, en quoi il a bien réussi, parfois contre l’intérêt à long terme de nos économies.
La situation en Afrique ne parait pas soluble par des transferts de fonds. On en fait chaque année pour des milliards depuis plus de cinquante ans sans autre résultat que d’enrichir les potentats locaux et leur entourage, sans compter la corruption qui en découle, là-bas et chez nous. Pour les populations, pratiquement rien.
L’Afrique ne pourra pas décoller économiquement sans une sérieuse formation des élites et une aide concrète dans des projets précis capables de mettre les Africains en position de produire progressivement par eux-mêmes ce dont ils ont besoin, comme tout le monde l’a fait avant eux. Pour cela il faut définir avec eux, cas par cas, des projets précis, et les financer un par un, et seulement après exécution (inévitable pour éviter les détournements actuels).
Mais surtout, comme le démontre Bernard Lugan, il n’y a aucune solution de survie dans un pays dont la démographie n’est pas maîtrisée. L’Afrique a la capacité naturelle de nourrir sa population actuelle, mais
aucun pays, même le plus riche, ne peut nourrir une population qui double tous les 30 ans. Là est la clé.
Et les divorcés non remariés, auront-ils l’honneur d’être invités un jour?
Qui, dans l’Eglise, pour les soutenir dans leur douleur et les conduire sur le bon chemin?
Monseigneur l’Archevêque d’Avignon est très réspèctueux de la personne et je suis heureux de lire ses propos concernant les personnes souffrant d’un handicap et de tendances homosexuelles,il est certain que l’homme créé à l’image de Dieu ne peut être réduit à ce qui fait sa différence.
J’apprécie également le franc parlé de ce prélat,habituellement un évêque n’avoue pas avec autant de clarté la diminution du nombre des vocations sacerdotales et religieuses,la fermeture des couvents.
Mais il est plus que temps de dénoncer le mal qui ronge l’Eglise,pas seulement en Europe et en Amérique du Nord puisque la baisse des vocations est très nette en de nombreux pays d’Amérique Latine également,depuis 50 ans plus rien ne tourne plus vraiment rond dans l’Eglise Catholique Romaine ,ayons le courage de l’admettre.
L’obstination du “tout oecuménique” et l’indigence liturgique ne permettent pas d’envisager une relève alors que la laïcité ,la haine anti-chrétienne et l’islamisation avancent au galop.
Mgr Cattenoz est un esprit honnête et droit.
Cependant, face à la crise des vocations, certains de ses confrères ont su passer de zéro séminariste il y a cinq ou six ans à trente aujourd’hui.
Pourquoi ne pas s’inspirer de leur dynamisme ?