Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, a présidé la fête de saint Jean-Marie Vianney, les 3 et 4 août, au sanctuaire d’Ars. Il répond à Famille chrétienne :
“J’étais heureux de répondre à l’invitation de Mgr Pascal Roland parce que, étant déjà venu à Ars il y a environ sept ans – un grand souvenir dans ma mémoire –, j’avais de la joie d’y retourner ! Et cette proposition tombait encore mieux avec le 200e anniversaire des ordinations diaconale et sacerdotale du Curé d’Ars et la proximité du jubilé extraordinaire de la miséricorde. Cela m’a obligé à travailler ! Et relire la vie du saint Curé, réfléchir sur son message, m’a fait beaucoup de bien.
Qu’en avez-vous retenu ?
Le message extraordinaire du Curé d’Ars est non seulement sa sainteté personnelle, mais aussi la sanctification du peuple de Dieu qu’il a réussi à faire avec beaucoup de prière, de pénitences et de patience. Avec son témoignage personnel, il a transformé une société, un village. Il en a fait une communauté rayonnante. Nous avons besoin de cela aujourd’hui. Il est un exemple extraordinaire pour les prêtres et les chrétiens en général. C’est une figure incontournable pour le jubilé de la miséricorde. Et dans le contexte du prochain Synode sur la famille, le grand témoignage de la famille du Curé d’Ars, son enfance, les conditions difficiles dans lesquelles il a vécu, sont précieux. Il a été un héros dès le début de sa vie, cet enfant-là. Il est resté d’une extraordinaire droiture et persévérance.
En tant que chrétien, prêtre, évêque et préfet de la Congrégation pour les évêques, quel est votre lien personnel avec le Curé d’Ars ?
Dans l’église de mon enfance, une église de la campagne profonde du nord du Québec, il y avait une statue de Thérèse de l’Enfant-Jésus et une autre du Curé d’Ars. Ma vie spirituelle a été soutenue par ces deux figures. Thérèse a peut-être eu plus d’influence sur ma vocation quand j’avais 16 ou 17 ans. Mais quand vous vous préparez au sacerdoce, le Curé d’Ars revient comme un idéal. Et maintenant, comme évêque et préfet de la Congrégation pour les évêques, je trouve qu’il me faut faire un peu plus. Des choses ont déjà été faites à l’occasion de l’année sacerdotale (2009), mais c’est passé très vite ! Maintenant, à cause précisément du charisme propre du saint Curé, le jubilé de la Miséricorde doit nous permettre de le remettre sur la carte mondiale. Les évêques du monde entier doivent reprendre le message du saint Curé d’Ars : encourager les prêtres et les stimuler à la sainteté. Les aider à susciter d’autres vocations car, parfois, les prêtres, devenus pessimistes pour mille raisons, n’osent plus interpeller. Le Curé d’Ars a eu une situation aussi – sinon plus – difficile que la plupart des prêtres de nos jours, et il a pourtant réussi à porter du fruit. Au prix de beaucoup de sacrifices, mais surtout du grand amour qui l’habitait et d’une vision du sacerdoce toujours valable.
Quels conseils donnerait le Curé d’Ars pour favoriser les vocations sacerdotales ?
Un, la prière. Sa prière personnelle, la façon dont il célébrait la messe : ça parlait tout seul. Il n’avait pas besoin de faire beaucoup de sermons, même si, au début, il était livresque et pas toujours très intéressant… À la fin de sa vie, il revenait toujours à l’amour de Dieu et touchait ainsi les cœurs.
Deux, sa charité. Une charité qui savait entraîner celle des autres. Par sa prière et sa charité, son exemple et sa prédication, le Curé d’Ars a réveillé et revitalisé le sacerdoce baptismal, c’est-à-dire le sacerdoce des vertus théologales – foi, espérance, charité – que tout le monde doit pratiquer ; laïcs et religieux. C’est ainsi qu’il a rendu sa communauté féconde.
Nous dirait-il aussi qu’il ne faut pas désespérer de la crise des vocations ?
Bien sûr ! Espérance ! Le Curé d’Ars a été une fleur qui a poussé dans le désert et a fait refleurir l’Évangile. Le christianisme a toujours avancé avec des individus qui sont appelés et qui répondent dans des conditions extrêmes. Encore aujourd’hui. J’ai appris par exemple qu’une Québécoise entrait aujourd’hui au carmel de Belley-Ars, et ça me donne de la joie.
Mais il faut prier. Et ne surtout pas dire que le manque de prêtres est une bénédiction, car il permettrait aux laïcs de prendre leur place. Ce discours est complètement dépassé. J’ai insisté sur le sacerdoce ministériel du Curé d’Ars qui est là pour le sacerdoce des baptisés. Eux, laïcs, doivent être saints et présents dans les lieux laïcs où ils sont. La vraie promotion des laïcs doit être dans les milieux où ils exercent leur baptême. Nous aurons toujours besoin de prêtres pour l’annonce de la Parole, le don des sacrements et le discernement spirituel.
Vous êtes en contact étroit avec le pape. Pensez-vous que le jubilé de la Miséricorde soit l’occasion pour lui de se rendre au sanctuaire d’Ars ?
Le pape François a beaucoup d’invitations, dont le Canada en 2017 ! Ces invitations relèvent de la secrétairerie d’État et de la maison pontificale. Il y a des protocoles à suivre, différentes instances – civiles et religieuses – à traverser. Je ne peux rien avancer… mais je vous le souhaite ! Et je vais lui dire que ce serait l’endroit où aller !”
En ce qui concerne la venue du Pape en France,surtout qu’il ne se hâte pas,nous avons suffisamment d’évêques et de prêtres pour troubler notre foi,une couche supplémentaire n’est pas nécessaire.
Une critique constructive, c’est bien mais un peu plus de sérieux, c’est mieux + + +
Au fait que devient le séminaire d’Ars depuis le départ de Mgr Bagnard ….?
J’ai cru comprendre que les entrées étaient en chute libre