3 mois après son ordination épiscopale, Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France déclare à Famille chrétienne :
“Quel regard portez-vous sur le peuple qui vous a été confié ?
L’Église de Martinique, ma nouvelle épouse, est belle ! Elle est remplie, nourrie, vivante. Les fidèles sont là, demandeurs. Et ils sont attendus car, je le découvre avec un grand sourire, la foi chrétienne – et l’Église catholique en particulier – fait encore partie de la vie de la société martiniquaise. Alors qu’en métropole, les catholiques, évêques compris, ont tendance à se cacher par peur de se faire taper. Ici, l’Église dans la société civile est attendue pour ce qu’elle est. Tout le monde espère une Église vivante et joyeuse telle qu’elle doit être.
C’est une expérience nouvelle que je suis en train de vivre. Jean-Paul II le disait en citant Catherine de Sienne : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde ». Alors certes, l’Église a certainement des ennemis. Mais les gens – et les ennemis aussi ! – ne l’aiment pas lorsqu’elle n’est pas ce qu’elle est. Ils comptent sur l’évêque, les prêtres et les laïcs.
Qu’attendent-ils de vous ?
Beaucoup d’espérance et de joie. Un soutien moral, un accompagnement, une écoute, même dans les réalités non ecclésiales. L’évêque en Martinique n’est pas cantonné aux affaires directes de l’Église. Et ça, c’est bien. Par exemple, le préfet est venu me voir pour échanger sur les questions de sécurité routière. Il m’a dit : « Les gens vous écoutent. Vous avez un mot à dire ! » On demande à l’évêque – et j’espère que je pourrai répondre à cette attente ! – d’être un vrai leader spirituel. D’avoir une parole forte. L’Église est attendue. Si on n’y est pas, on nous en fera le reproche, même les évangélistes ou les adventistes (qui sont nombreux).
Votre épouse est belle, dites-vous, mais qu’elles sont les blessures qui défigurent encore son visage ?
Ce sont celles de la société martiniquaise en général. D’abord le mariage. Au XVIIIe siècle, les missionnaires disaient déjà qu’il y avait beaucoup de baptêmes, mais peu de mariages. La valeur de ce sacrement comme socle de la société progresse dans l’Église et dans la société, mais la vague de sécularisation qui se déferle sur la Martinique vient fragiliser une réalité déjà fragile à la base. Il faut donc faire un vrai travail auprès des couples.
Deuxième blessure, celle qui balafre la jeunesse. Il y a un vrai problème pour les retenir après la confirmation. Qu’est-ce que l’Église propose ? Question cruciale… Et une fois qu’ils partent étudier en métropole ou ailleurs : catastrophe ! Ils s’en vont et ne reviennent pas forcément, car c’est une île avec, qui plus est, 35 % de chômage. C’est une réalité sur laquelle les évêques de France, de Paris et de banlieues parisiennes en particulier, doivent se pencher.
Comment envisagez-vous de retenir cette jeunesse ?
Attention : l’Église en Martinique compte des milliers de jeunes catholiques dynamiques. Le tableau n’est pas tout noir ! Je pense à ce défi « Montre Jésus » que des jeunes du diocèse ont lancé en reprenant ma devise épiscopale. Mais on pourrait faire plus. On ne peut pas avoir 60 % de jeunes inscrits au catéchisme comme c’est le cas aujourd’hui, des centaines de confirmation par paroisse et par an, et puis, les cinq années suivantes, des troupeaux dépecés ! Alors pour les retenir, le premier chantier à ouvrir est celui des mouvements comme le scoutisme, la jeunesse mariale et la pastorale des jeunes. Les chorales aussi, très nombreuses en Martinique, mais chanter ne suffit pas ! Il faut travailler sur une véritable pédagogie à offrir à ces jeunes. C’est un immense chantier. J’aimerais que ce soit déjà fait, mais je n’y suis que depuis trois mois !
Pourquoi avoir choisi comme devise épiscopale : « Montre Jésus » ?
Un soir, en chantant le Salve Regina avec mes frères dominicains, j’ai eu la lumière : « Montre Jésus ». La référence mariale et le nom de Jésus. Le missionnaire, à la mode de Marie Madeleine et comme Jésus au Saint Sacrement, ne s’impose ni se tait. Il s’expose pour montrer Jésus. Indiquer une autre voie possible. […]”
Merci Mgr David Macaire, j’ai eu le plaisir de vous revoir a St Maximin dans une conférence sur Marie Madeleine. Chaleur humaine et Joie dans le Seigneur transpirent en vous. Nous en avons tant besoin. Je prie pour vous. Merci Seigneur !!
Voilà un jeune évêque qui attire la sympathie.
Mais plutôt que “D’avoir une parole forte”, il aurait dû dire “Avoir une parole de Vérité”, cela aurait été plus clair.
Les athées, libre-penseurs, membres de sectes etc… ont tous une parole forte, mais elle est trompeuse et fausse.
Pour l’avoir vu en Provence, je peux dire que ce garçon (pardon de cette affectueuse familiarité!!) va être un des grands de l’Eglise de France. Il ferait merveille à Paris, je le dis clairement, où l’on doit sortir d’urgence du petit cercle parisiano-lutétien fondé sur la cooptation, le recrutement interne, la mondanité tiède. L’archevêque doit ne plus être un ex “grand curé” parisien, un bourgeois propre sur lui et consensuel, mais un campagnard, un religieux, un moine en sandales, un jeune, un homme dynamique, pourquoi pas le beau symbole d’un homme des îles!!!! Vous voyez ce que je veux dire
Que doit être l’archevêque ? ex. Gd Curé ? Bourgeois ?…
Vous avez raison : il serait mieux de rester plus proche du petit peuple que des notables.
Le problème de notre France c’est que certains pasteurs ne savent pas où est leur place parce qu’ils ont perdu le Christ.
Doivent-ils être du monde ? Participer aux mondanités pour exister ?
Leur place devrait être celle d’un meneur, du Bon Pasteur comme leur a montré et démontré Jésus, TOUT A TOUS et surtout prêchant le Vrai Evangile, sans avoir peur de ce qu’en penseront ceux qui ne sont pas encore du Peuple de Dieu.
Qu’ils fassent comme le saint patron des curés le ST Curé d’Ars : Prier, Adorer, Consacrer, le reste leur sera donné de surcroit et leur notoriété sera connue du peuple et recherchée.
Certains évêques sont cela et n’ont pas de problème avec le monde et l’on peut constater tous les bons fruits que cela produit ! Comme dans l’Evangile, les brebis reconnaissent la voix d’un Bon Pasteur !
En paroisse dans un quartier populaire de Paris, j’y ai connu une forte communauté antillaise et ça a été un grand bonheur. Que de bon souvenirs de ces frères : une foi à toute épreuve, humilité et simplicité, joie de l’Evangile. Cette communauté lorsqu’elle est présente dans les paroisses est une grande chance car elle leur insuffle un dynamisme qui peut parfois manquer.