Réflexion du cardinal Jean-Pierre Ricard, publiée dans le numéro d’Avril 2015 du journal Église catholique en Gironde :
Hommes politiques et médias reparlent beaucoup de laïcité ces temps-ci, et souvent de façon combative. À côté de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, elle devient pour certains le quatrième pilier de notre vie républicaine. On veut l’étendre à tous les secteurs de l’espace public. On somme les religions de la respecter. On souhaite la promouvoir de façon plus convaincante dans tout notre système éducatif. Mais de quelle laïcité parle-t-on ? Le mot lui-même est susceptible de compréhensions très différentes. Certaines sont compatibles avec une approche chrétienne de l’homme et de la société, d’autres pas.
LA NEUTRALITÉ DE L’ÉTAT
Nous trouvons l’adjectif laïque comme un qualificatif donné à la République française dans la Constitution de 1958. À l’article 2, il est dit : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». La laïcité de la République désigne la neutralité de l’État et son indépendance vis-à-vis des fois religieuses et des convictions philosophiques. Laïc, l’État n’est inféodé à aucune religion, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de relations avec elles. Cette laïcité est une laïcité de respect. Aucun citoyen ne doit être discriminé à cause de sa croyance ou de sa religion. C’est pour respecter cette diversité de convictions ou de croyances que les fonctionnaires de l’État respecteront cette neutralité et veilleront à ne pas manifester sur leur lieu de travail leur propre appartenance.
Cette neutralité se vit en France (sauf dans les départements concordataires d’Alsace-Moselle) selon les principes de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Relisons en particulier ses deux premiers articles :
Article premier :
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.
Article 2 :
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Si les religions en France ne sont plus de droit public, la mission de la République n’en est pas moins d’assurer la liberté de conscience, la liberté de religion et de garantir aux religions leur expression publique. En effet, la loi parle bien de « culte » et non pas simplement de convictions personnelles. La seule restriction que met la loi à l’expression publique des religions est le risque de trouble à l’ordre public.
UNE LAÏCITÉ DE PEUR ET DE DÉFIANCE
Or, nous voyons aujourd’hui s’exprimer une autre conception de la laïcité. Réactivant un vieux laïcisme de combat qui s’était exprimé lors de la Troisième République contre l’Église catholique, un certain nombre de partisans de cette laïcité militante demandent l’exclusion des religions et des expressions religieuses de « l’espace public ». Pour eux, les religions sont souvent synonymes de fanatisme, de volonté de puissance et de violence. À défaut de les voir disparaître, ils veulent les cantonner dans l’espace clos des convictions personnelles et des lieux de culte. L’espace public doit être aseptisé, exempt de toute référence religieuse. La moindre manifestation religieuse sera taxée de « prosélytisme ». La République ne connaîtra que des citoyens dont on ne veut pas prendre en compte l’appartenance religieuse éventuelle. Parfois, on militera pour aider ce citoyen à prendre des distances vis-à-vis de sa propre appartenance communautaire. Cette perspective n’était pas absente dans la Charte de la Laïcité que le ministre Vincent Peillon avait élaborée pour les établissements d’enseignement en France.
Nous avons eu récemment deux exemples révélateurs de cette exclusion du religieux. Quand des chrétiens coptes ont été décapités en Libye, les responsables français ont tu volontairement cette appartenance chrétienne pour ne parler que de « citoyens égyptiens » ; la RATP à Paris a voulu interdire la mention « Pour les chrétiens d’Orient » sur des affiches annonçant un spectacle en leur faveur, prétextant un respect de la laïcité dans l’espace public, avant de revenir sur cette décision devant le tollé que cette interdiction avait suscité.
UNE LAÏCITÉ DE DIALOGUE ET DE RENCONTRE
Disons-le tout net. Cette laïcité de peur et de défiance n’est pas la nôtre. Notre société n’est pas laïque. Si l’État est laïc, la société française ne l’est pas. Elle est diverse, pluraliste, traversée par de multiples courants de pensée. Chacun a le droit de pouvoir exprimer ses convictions dans le respect de l’ordre public. Pourquoi un défilé syndical, une manifestation des gays et lesbiens seraient vus comme l’expression d’un droit d’expression légitime et pas une manifestation ou une procession religieuse ? Pourquoi le « droit au blasphème » serait-il admis dans l’espace public et non pas l’expression légitime des différentes religions ?
Ce n’est pas en voulant exclure les différences et en les renvoyant à l’espace privé des consciences que nos sociétés démocratiques et pluralistes édifieront la fraternité. C’est en facilitant la rencontre, la découverte mutuelle et le dialogue qu’elles y contribueront. Pour moi, la laïcité est ce code de bonne conduite qu’élabore une société pluraliste. Ce code implique liberté de conscience, distinction de la loi religieuse et de la loi civile, volonté de ne pas imposer de façon autoritaire à l’ensemble de la société ses propres convictions religieuses, ajustement de ses propres revendications avec celles des autres. Cette vie ensemble appelle un vrai travail d’édification. C’est un défi. C’est aussi une belle aventure, où chacun est appelé à apporter sa pierre. Et de cette aventure nul n’est exclu.
ET L’ISLAM ?
Certes, c’est à propos de l’Islam et des différents courants qui traversent les communautés musulmanes que cette laïcité de combat s’est de nouveau exprimée. Il ne s’agit de nier ni les difficultés ni les problèmes. Il faut aider un certain nombre de citoyens français de confession musulmane à s’insérer dans une société démocratique et pluraliste comme celle de la France, une société dans laquelle ce n’est pas l’Islam qui formate la vie sociale. Ce ne sont pas de simples incantations sur la « laïcité » qui y contribueront mais l’apprentissage de ce code de bonne conduite dont je parlais un peu plus haut. Cela ne se fait pas en un jour. N’oublions pas qu’il a fallu près d’un siècle d’ajustement et de jurisprudence pour aboutir à un « modus vivendi » entre la République et l’Église catholique.
LES CATHOLIQUES ET LA LAÏCITÉ
Les catholiques sont respectueux de la laïcité, de cette « saine laïcité » dont parlait, après le pape Pie XII, le pape Jean-Paul II, une laïcité, non de peur et de défiance, mais de dialogue et de respect, une laïcité qui distingue les domaines mais appelle chacun à être acteur de fraternité, non en dépit de sa religion, mais bien au cœur même de sa foi religieuse.”
Texte d’un cardinal qui est un monument d’indifférentisme.
Notre Seigneur Jésus Christ n’est pas cité une seule fois. Notre Seigneur est devenu inexistant et inutile pour ce cardinal moderne.
Le cardinal déplore seulement une laïcité de plus en plus agressive de nos gouvernants.
Ce que le cardinal oublie est que la “saine laïcité” qu’il appelle des ses voeux n’existe pas.
A partir du moment où l’Eglise capitule et demande à être mise à égalité avec les autre religions (le cardinal va jusqu’à justifier le droit au blasphème), les ennemis de l’Eglise, socialistes et franc-maçons y voient un signe de faiblesse et vont attaquer l’Eglise de plus en plus violemment. L’Eglise se retrouve sans défense.
Le paragraphe sur l’Islam est du même acabit. Le cardinal ne souhaite évidemment pas la conversion des musulmans qui doivent seulement “s’insérer dans un société pluraliste et démocratique”.
Le cardinal ne se soucie nullement du Salut des Ames.
Ce texte n’a rien de catholique. Un franc maçon “modéré” aurait pu l’écrire.
On frémit d’horreur en pensant qu’un cardinal puisse écrire un tel texte qui passe sous silence Notre Seigneur sans lequel il n’y a pas de Salut et ne rappelle pas une fois la doctrine de l’Eglise .
Si c’est ainsi que le cardinal défend l’Eglise nous n’avons pas fini de subir des persécutions. Ces persécutions viendront à la fois de la république de plus en plus anti-catholique et de l’islam conquérant.
Le seul conseil que l’on puisse donner à ce cardinal est de (re)lire l’encyclique QUAS PRIMAS de Pie XI.
Comme vous avez raison ! Il semble que beaucoup de nos évêques se sentent des “responsables religieux” plutôt que des “bergers” qui devraient faire paître les brebis c’est à dire leur donner la nourriture spirituelle dont elles ont grand besoin pour faire leur salut (être sauvées) !
Malheureusement je crains que vatican II les ai aidé à ce rôle : “présider” les offices, cela ne veut pas dire être actif. Présider est plus dans la représentation. C’est malheureusement ce que doivent ressentir certains de nos évêques, ils ne se sentent pas obligés de parler du Bon Dieu de le faire connaître, ils ont oublié leur mission première : “allez évangélisez les nations, baptisez les…” Il y a la conséquence de cette mission : “ceux qui croiront seront sauvés…etc…”.
Comme ils ne prêchent pas le Seigneur et Son Evangile, les fidèles ne croient plus et ne se sauveront pas !!!
Ce n’est pas pour rien que la Sainte Vierge demande sans cesse de prier pour les pécheurs et les “Consacrés”.
Voilà toute leur responsabilité sur les âmes qui le Christ leur a confiées…
Ils ont grand besoin de nos prières !
Je ne sais pas si Mgr Ricard a lu “Ci riesce” de Pie XII (c’est vrai, ce pape n’est pas “tendance” car “il n’a pas voulu de concile), mais ce serait mieux pour lui ; cela lui aurait permis d’écrire un texte concis, sans ambigüité et surtout un texte non “daté”.
Mais c’est cela la pastorale d’aujourd’hui : des textes fleuves et jetables, sans allusion au droit (pensez-donc ! le droit, c’est trop loin de la charité, préjugé que semble relayer le pape François 1er).
De toute façon, en France, tant que les religions n’auront pas de statut constitutionnel et ne seront pas traitées comme “corps intermédiaires”, il sera vain d’appliquer ce que disait Pie XII d’une “saine laïcité” (expliqué précisément dans “Ci riesce”).
Comme vous avez dit Monseigneur il a fallu près de cent ans pour obtenir un modus vivendi entre la République laïque et les catholiques. Cela nous a conduit nous catholiques a nous faire discret sur notre pratique religieuse qui faisait partie de notre sphère privée. Nous acceptions sans rien dire les railleries des non croyants. Les musulmans ont par leurs exigences et leurs revendications réveillés notre sentiment d’appartenance à l’église romaine. Beaucoup de catholiques de réveillent d’un long sommeil mais ne comprennent plus le monde qui les entourent. Bref l’Église doit de nouveau être ce pasteur qui guide le troupeau. Merci de votre contribution mais ne sous estimez pas le sentiment d’inquiétude et de peur de l’avenir qui envahit le coeur des catholiques, face aux dangers qui les menacent.
En effet,texte d’une platitude intersidérale et qui en plus se contredit!La loi de 1905?Très bien!”plus d’un siècle pour obtenir un modus vivendi?Pas si bien que cela donc et en plus c’est reparti comme en 14-ou 1905-oùce texte n’avait qu’un but,abattre la religion catholique et lui voler ses biens au profit de l’Etat franc-maçon!Pas une explication sur le vrai sens du mot “laïc” du grec ancien “laios”!Sens païen ou sens chrétien de ce mot qui signifie vaguement “peuple” lors que dans l’Egllise,il signifie très clairement “non clerc”!Sur mon site,un prochain article parlera de notre confusion sémantique actuelle,preuve d’une confusion dans l’intelligence ou d’une ignorance crasse ou,pire,d’une lâcheté indigne d’un Cardinal qui s’il porte un habit rouge ,le but est de signifier qu’il est prêt au martyr pour défendre l’Eglse qui l’a élevé aussi haut dans sa hiérarchie!erlande.wordpress.com
mantique actuelle
La laïcité est synonyme de haine de Dieu aujourd’hui et cela est évident pour tous les catholiques qui ont la foi. Je trouve plutôt inquiétant qu’un cardinal mentionne l’Islam pour défendre son point de vue. Le Christ doit régner sur tous les hommes et déclarer limiter ainsi de son propre chef Son Royaume parce que le respect humain et l’amour propre d’un ecclésiastique s’accommode mal des exigences de la Vérité : je trouve cela non seulement regrettable mais encore indigne de la fonction. Le premier commandement ne peut être impunément bafoué, et la menace de l’enfer mise sous le tapis.
L’article de l’archevêque de Bordeaux n’est pas idiot, loin de là, mais ce n’est pas celui d’un disciple de Jésus-Christ.
Bien plutôt, c’est celui d’un notable religieux bien inséré dans l’univers de pensée des élites françaises contemporaines.
C’est fait pour complaire au monde politique et aux grands médias.
Pas comme ça que vous baptiserez des hommes au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, cher Monseigneur !
Article 2 :
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
Apparemment, l’état enfreint cette loi, puisque tout le monde sait que les socialos subventionnent les mosquées et autres associations musulmanes qui pullulent en France alors qu’ils méprisent au plus haut point les catholiques et ne prennent aucune mesure contre les dégradations d’églises et de cimetières. Ils le savent, les hommes d’église, ils le voient, mais ils choisissent de se taire.
Je suis révoltée contre nos évêques, cardinaux et autres hommes d’Église qui, loin de prendre rigoureusement la défense des Chrétiens, semblent aller à la dérive et se comportent comme des dhimmis.
Je ne comprends pas du tout leur choix et je me pose la question, s’ils ne défendent pas les catholiques de France, qui le fera?
Rien d’autre à rajouter sinon que j’abonde totalement dans le sens de la réflexion de Dufit Thierry.
une laïcité agressive qui a la phobie du religieux. Qu’est ce qui est le plus choquant entre “une jupe longue, suspectée d’affichée une appartenance religieuse” et un couple qui, dans un parc public, devant des enfants qui y jouent, se fait des attouchements partout au point de friser le sexuel?