« La disparité de genre au Vietnam atteint des proportions alarmantes », a annoncé – oh ironie – à l’occasion de la Journée mondiale de la Population, vendredi, Duong Quoc Trong, directeur général du Bureau général pour la Population et le Planning familial de ce pays. »
En 2009, des études menées par le Vietnam et l’ONU ont abouti à la conclusion qu’il naît actuellement 111 garçons pour 100 filles, et que ce chiffre devrait atteindre 115 pour 100 dès 2015 toutes catégories sociales confondues. Chez les populations plus fortunés du Delta de la Rivière Rouge, la disproportion est encore plus grande puisqu’il y naît 130 garçons vivants pour 100 filles vivantes. Et de manière générale, plus les groupes sociaux sont riches, ayant donc un meilleur accès au « dépistage » prénatal – pourtant interdit – des petites filles, plus la disparité est importante. Même si la loi vietnamienne interdit de révéler le sexe d’un enfant à ses parents…
Où passent ces petites filles-là ? A la trappe, bien sûr, puisque l’avortement est alors le recours habituel pour se débarrasser de ces êtres moins « désirés » dans un pays où le contrôle sévère de la population incite les parents à faire des choix.
Lorsque les enfants d’aujourd’hui atteindront l’âge du mariage il manquera 3 millions de femmes : « L’importation de fiancées se produira », estime Trong.
Et comme ces résultats monstrueux de l’ingénierie sociale ne suffisaient pas, on propose de mettre en place une meilleure traque des pratiques interdites de sélection prénatale selon le sexe, sans commencer par mettre en cause le principe du contrôle de la population par l’Etat.
« Il a fallu 50 ans au pays pour accepter le principe de la famille de deux enfants », a souligné le directeur du Bureau. « Cela prendra beaucoup d’années pour les convaincre d’arrêter de choisir des garçons plutôt que des filles… »