Petit mystère sur la célébration du dimanche 12 avril 2015 célébrée par le pape en mémoire du génocide arménien. Si on lit certaines dépêches relatives à cet évènement, on pouvait penser que la messe serait célébrée selon le rite arménien. C’est ce que l’on a pu lire ici ou là. Certes, il avait été officiellement annoncé que la messe était célébrée “pour les fidèles de rite arménien”, mais on aurait pu légitimement escompter que le pape célébrât selon ce rite. Et personne n’avait démenti le fait que la messe serait célébrée selon ce rite. Or, la grande surprise est que cette célébration, au demeurant fervente et belle, s’est déroulée selon la forme ordinaire du rite romain, avec une grande dose de latin (y compris pour le canon romain) et de très jolis chants arméniens (le livret de la célébration peut être téléchargé ici). Le pape a d’ailleurs concélébré avec Nersos Bedros XIX, patriarche de Cilicie des Arméniens et primat de l’Église catholique arménienne.
Le pape a-t-il eu conscience de la complexité du rite arménien et de sa faible familiarité avec les liturgies orientales ? N’a-t-il pas voulu éviter de blesser l’Église apostolique arménienne ? Mais en raison de sa présence, à Saint-Pierre de Rome, il semble peu probable qu’elle ait été rebutée par une telle possibilité: la famille arménienne était bien unie. A-t-il voulu montrer au monde – turc ou non – qu’il agissait non pas en tant que chef d’une communauté ayant un rite particulier, mais bien comme pasteur suprême de l’Église catholique, montrant ainsi la sollicitude de (toute) l’Église catholique pour ce drame de l’histoire humaine ? Le rite romain peut illustrer cette universalité, n’étant pas lié à telle communauté géographiquement située. Ou, tout simplement, a-t-il souhaité honorer le dimanche de la miséricorde, qui survenait le lendemain de sa bulle d’indiction annonçant le Jubilé, le 12 avril 2015 ? Le pape aurait tout simplement cherché à donner préséance à cette fête, quitte à célébrer selon le rite la messe dans lequel cette fête s’inscrit… De même, le pape proclamait Saint-Grégoire de Narek docteur de l’Église: il devait donc poser cet acte au regard de toute l’Église, le rite romain présentant cette opportunité. Mais au-delà de ces questions, il faut bien noter que les mots ont été forts et que les victimes d’une des grandes tragédies du 20ème siècle ont été honorées ! Riposte catholique s’associe à cet hommage.
le pape ignore la forme extraordinaire … alors le rite arménien …vous rigolez !!!!
Heureux les artisans de paix !…Enfants de Dieu sera leur nom !!!
Sait-on que toutes les Eglises orthodoxes (sauf celle de Finlande) et toutes les Eglises orthodoxes-orientales (dont l’Eglise apostolique arménienne) suivent le même comput, dit “julien” (ainsi d’ailleurs qu’une partie des communautés catholiques orientales qui en sont issues).
Ainsi, en cette année 2015, la fête de Pâques, selon le “saint-calendrier”, suivait d’une semaine la Pâques des latins, célébrée selon le comput “grégorien”.
Ce qui implique que la courageuse dénonciation officielle par S.S. François de ce qu’on a fini justement (à la suite de la Shoah) par appeler le génocide des arméniens (avec lesquels il convient de ne pas oublier d’associer les chrétiens chaldéens et syriaques, qui subirent aussi le même sort et à la même époque de la part de l’Etat turc … ) a eu lieu pour eux, le jour de la “Fête des fêtes”.
Faut-il voir dans cette occurrence exceptionnelle, au delà d’un magnifique geste de portée pleinement œcuménique, un clin d’œil de la Providence, semblant signifier que toute “Passion” est susceptible d’être suivie par une “Résurrection” , toujours possible dans la “Miséricorde” divine, fêtée ce jour là à Rome ?