Editorial de Monseigneur de Germay, évêque d’Ajaccio, pour la revue diocésaine d’Avril.
“Dans notre monde en pleine mutation et traversé par de nombreuses contradictions, la tentation est grande de s’enfermer dans une sorte de contemplation de ce qui ne va pas. C’est vrai en ce qui concerne notre société en général – dont on dit qu’elle est en crise – c’est vrai aussi à propos de notre Eglise en France – dont les statistiques sont plutôt à la baisse.
Cependant, en rester à cette vision trop humaine et finalement très partielle serait le signe d’un manque de foi. Nous venons en effet de fêter la victoire du Crucifié, victoire définitive de Dieu sur les puissances du mal. Le dernier mot de l’histoire sera à la Vie et à l’Amour. Dès maintenant, nous avons part à l’Esprit qui fait de nous des sauvés et nous offre une puissance de transformation du monde qui ne demande qu’à être accueillie par la foi.
Lors de notre dernière assemblée des évêques à Lourdes, nous avons pris le temps de nous partager, en petits groupes, les initiatives missionnaires de nos diocèses. Nous étions étonnés et remplis d’action de grâces devant cette profusion d’activités pleines d’espérance.
Il n’est évidemment pas possible de les citer toutes, je n’en retiens ici que quelques-unes : des paroisses ou des doyennés organisent des « journées du pardon » (et parfois même des nuits) au cours desquelles ceux qui le souhaitent peuvent recevoir – et parfois redécouvrir – le sacrement de la réconciliation ; ailleurs est proposé du « caté vacances », ce qui permet à des enfants non catéchisés pendant l’année de découvrir la foi ; dans certains lieux touristiques sont organisées des visites d’églises ou de cathédrales comportant une catéchèse et un temps de prière pour ceux qui le veulent ; dans certaines grandes villes, des jeunes adultes acceptent de partager pendant une année un logement avec une personne SDF ; de nombreux « parcours Alpha » se mettent en place ; des missions paroissiales se multiplient, permettant à des personnes éloignées de l’Eglise de découvrir la foi ; et on pourrait ainsi multiplier les exemples.
Quelle joie de voir l’Esprit Saint à l’œuvre !
Quelle joie de voir l’Esprit Saint à l’œuvre dans toutes ces initiatives ! C’est bien lui, en effet, qui est à l’origine de ces nouvelles formes d’évangélisation et qui leur donne une fécondité spirituelle. Elles ne sont pas le fruit d’une simple réflexion ou d’une organisation bien rôdée, elles sont préparées – conçues pourrait-on dire – dans la prière, et portées par elle.
Ce qui apparaissait clairement, dans nos échanges entre évêques et malgré les nombreuses interrogations qui demeurent, c’est la nécessité de ne pas se crisper sur des modèles qui peuvent disparaitre ou évoluer, afin de se rendre attentif à la nouveauté de Dieu. Il est possible que l’Eglise connaisse une sorte de décroissance et de purification qui ne sont pas terminées. Dans ce contexte, le risque serait de vouloir maintenir à la force du poignet des structures ou des habitudes, d’être uniquement dans le fonctionnement et, du coup, incapables de reconnaitre les signes des temps. On ne pourrait alors que maintenir des formes extérieures de chrétienté sans réel contenu de foi, avant leur écroulement à plus ou moins long terme.
L’urgent pour aujourd’hui est d’inscrire toute activité pastorale dans la docilité à l’Esprit Saint
L’urgent pour aujourd’hui est d’inscrire toute activité pastorale dans la docilité à l’Esprit Saint. Eclairés par lui, nous pouvons voir le monde avec le regard de Dieu, un regard qui va au-delà de l’apparence et qui ne désespère jamais de l’homme. L’Esprit Saint nous permet de reconnaitre la soif de Dieu qui est dans le cœur de nos contemporains, une soif d’autant plus vive que notre société s’enferme dans le matérialisme. Il nous pousse surtout à devenir missionnaires, ou plutôt des « disciples-missionnaires », pour reprendre l’expression du Pape François. C’est en effet parce que nous expérimentons pour nous-mêmes la puissance pleine de tendresse de la miséricorde de Dieu, que nous pouvons avec audace l’annoncer à ceux que nous côtoyons. Dans ce dynamisme, l’avenir est plein d’espérance !”
C’est un peu gentillet tous ces petits gadgets. Mais a-t-on de quoi être satisfait? Est-ce que la vie des catholiques pratiquants est en accord avec l’Evangile sur l’essentiel? Ainsi par exemple, les divorces suivis de remariages civils sont très nombreux y compris parmi les catholiques pratiquants. Question importante: quoi pour enrayer les divorces- remariages qui font tant de mal, dans les paroisses? On attend une action d’envergure, stratégique et volontaire, pour enrayer cette épidémie contraire au cœur de l’Evangile. Il faut une action en amont et non se contenter de multiplier les annulations…
” le risque serait de vouloir maintenir à la force du poignet des structures ou des habitudes”
Et oui, après avoir détruit les structures et les “habitudes” de la Tradition, ils ont du mal à ne pas maintenir à la force du poignet les structures qu’ils ont mis en place après Vatican II: bureaux, commisions, conférence épiscopale, structures parallèles, etc…. Ces “structures” ont relégué le prêtre au rôle “d’animateur”, de “président de séance” et la transmission de la foi à une pastorale agitée et a-dogmatique. Si Mgr de Germay vise ces structures, il voit clair. S’il continue comme ses confrères à viser les structures traditionnelles il se trompe.
Le style de cette déclaration de Mgr de Germay laisse plutôt croire qu’il vise les structures traditionnelles. D’ailleurs, la phrase précédente (“Il est possible que l’Eglise connaisse une sorte de décroissance et de purification qui ne sont pas terminées”) donne à croire que l’énorme affaiblissement social de l’Eglise qu’a provoqué le Concile de Vatican II n’est pas vu comme un mal, mais plutôt comme le symptôme d’une guérison (une “purification”). Face à l’amaigrissement provoqué par un jeûne prolongé, il ne faut pas paniquer et se bourrer de chocolats.
L’expression “pastorale agitée et a-dogmatique” de Toto me plaît beaucoup. J’ai vu la mise en place d’un parcours alpha dans ma paroisse, j’ai eu l’impression de “bouffes” qui ne donnaient pas grand chose. Il n’y a pas eu de suite. Les catholiques ne savent plus quoi faire pour évangéliser. Les églises et les liturgies sont tellement belles (malheureusement pas toutes les liturgies); ces agitations de patronage sont des bouffonneries infantiles. Ceux qui cherchent Dieu, même sans savoir exactement ce qu’ils cherchent, sont beaucoup plus impressionnés par les églises et la messe, c’est souvent là que leur cœur est touché par le Christ. Ils entrent souvent seuls dans une église ouverte, “par hasard”.
Et, selon l’animateur du Parcours Alpha, cela peut tomber dans un pentecôtisme étrange, avec évanouissements au cours des prières collectives, séances d’imposition des mains curatives, et autres invocations pour obtention de biens matériels…
Bref, cela ressemble furieusement à la Nishiren Shushu…
Difficile, en effet, de continuer la fuite en avant pastorale qui a suivi Vatican II quand on a quitté la terre ferme de l’antique liturgie, du repérage de l’habit religieux, que les repères mêmes de la foi se sont évanouis chez beaucoup de ceux qui prétendaient ramener à la foi catholique et à l’église leurs contemporains.
(le comble, d’expérience historique aujourd’hui, a été atteint par le Père Congar -théologien du Concile- qui avait donné aux réformes l’ambition de remplir à nouveau les églises : plus de 50 ans après, on vérifie le résultat).
Par extension, l’Eglise devra aussi remettre en cause son fonctionnement jusqu’au concordat napoléonien, en passant par le(s) ralliement(s) à la république si elle veut reconquérir les âmes, car les institutions politiques issues de la révolution de 1789 et de sa vitrine politique la république ont atteint leur objectif satanique : déchristianiser totalement la France “lumière des nations”, celle du du “fils aîné” de l’Eglise.
NE L’OUBLIONS PAS :l Le Concordat napoléonien , c’était la fin des droits de Dieu, du décalogue et du droit naturel au profit de la souveraineté de la Nation…. donc de ses idéologies libérales, laïcistes, socialistes, communistes et autres en lutte acharnée les unes contre les autres avec le dénominateur commun d’avoir exclu Notre Seigneur de la Cité, sinon des coeurs. (c’est l’Etat qui nomme les évêques en France au XIXs à terme du Concordat de 1801 – évidemment tout ne s’est pas fait en un jour, et ce n’est qu’à partir de 1904 puis 1964 avec l’aboutissement du concile vatican II -non couvert pas l’infaillibilité pontificale- que “tout a été consommé”).
… les pentes sont faites pour être remontées ! le CHRIST EST RESSUSCITE ! il n’abandonnera jamais Son Eglise.
site web, en rapport, à découvrir : http://www.viveleroy.fr/+Universite-Saint-Louis-2015-Camp+
L’article de l’évêque d’Ajaccio est aussi ambigü que certains (pas tous heureusement) textes du dernier Concile.
En première lecture, que du bon sens : qui serait assez stupide pour refuser les formes nouvelles d’évangélisation, si elles atteignent leur objectif ?
Une deuxième lecture laisse apparaître de ces équivoques troublantes qui se sont multipliées depuis trente ans : si tout se casse la figure en matière de christianisme dans les pays occidentaux, c’est “une forme de décroissance et de purification qui ne sont pas terminées”.
Désolé Monseigneur.
La “décroissance”, c’est en grande partie la faute de la pastorale et de la liturgie post-conciliaires et c’est l’échec du personnel ecclésial en fonction de 1970 aux années 2000.
La “purification”, si c’est un espoir, OK.
Mais si c’est une excuse, ou une manière de se dédouaner de l’échec constaté dans nos pays, c’est une hypocrisie qui ne nous trompe pas et qui trompera encore moins le jugement de Dieu.