Le cardinal Ludwig Müller, préfet de la Congrégration pour la doctrine de la foi, a donné un éclairant entretien à Famille chrétienne où il récuse tout gallicanisme (en Allemagne, on parlerait de fébronisme…). À la remarque d’un évêque allemand qui estimait que les conférences épiscopales n’étaient pas des filiales de Rome, le cardinal Müller affirme que“les diocèses ne sont pas non plus les filiales du secrétariat d’une conférence épiscopale”. Réponse du berger à la bergère… De même, le cardinal récuse toute délégation aux conférences épiscopales de “décisions doctrinales ou disciplinaires”. Les termes sont fermes et nets: “déléguer certaines décisions doctrinales ou disciplinaires sur le mariage et la famille aux conférences épiscopales ? C’est une idée absolument anticatholique.”
Autre perspective très “ratzingérienne”, que l’on retrouvait déjà en 1992, dans la “lettre aux évêques de l’Église catholique sur certains aspects de l’Église comprise comme communion”, signée par le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi : “l’Église n’est pas un ensemble d’Églises nationales, dont les présidents voteraient pour élire leur chef au niveau universel” (dans cette lettre, la Congrégation pour la doctrine de la foi citait, dans son paragraphe 9, une affirmation de Jean-Paul II de 1987 qui déclarait: “l’Église universelle ne peut être conçue ni comme la somme des Eglises particulières, ni comme une fédération d’Eglises particulières“). L’Église universelle est antérieure à l’Église locale: elle n’est pas une fédération d’Église locales. Sinon, ce serait tout simplement l’anarchie ou la négation même de l’Église comme Corps mystique au profit d’une vision purement sociologique et dispersée…
Dans un livre d’entretiens sur la famille, publié récemment en Italie et aux États-Unis, vous encouragez les chrétiens à « choisir l’audace prophétique du martyre ». Pourquoi ?
L’Église n’est pas une organisation philanthropique. Dire que nous respectons les opinions de tous, que nous voulons du bien à tous, ne suffit pas. Présenter l’Évangile comme un simple message thérapeutique n’est pas très difficile, mais ne répond pas à l’exigence de Jésus.« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi », dit Jésus. Les premiers apôtres, les Pères de l’Église, les grands évêques de l’histoire de l’Église ont si souvent navigué face à des vents contraires. Comment pourrait-il en être autrement pour nous ?
(…)
Récemment, un évêque allemand a déclaré que la conférence épiscopale qu’il dirige n’était pas une « filiale de Rome ». Qu’en pensez-vous?
Une conférence épiscopale n’est pas un concile particulier, encore moins un concile œcuménique. Le président d’une conférence épiscopale n’est rien de plus qu’un modérateur technique, et il n’a à ce titre aucune autorité magistérielle particulière. Entendre dire qu’une conférence épiscopale n’est pas une « filiale de Rome » me donne l’occasion de rappeler que les diocèses ne sont pas non plus les filiales du secrétariat d’une conférence épiscopale, ou d’un diocèse dont l’évêque préside la conférence épiscopale. Ce genre d’attitude risque en fait de réveiller une certaine polarisation entre les Églises locales et l’Église universelle, dépassée lors des conciles Vatican I puis Vatican II. L’Église n’est pas un ensemble d’Églises nationales, dont les présidents voteraient pour élire leur chef au niveau universel.
Sinon, pour information, le cardinal Müller donnera un entretien sur la chaîne KTO, jeudi 2 avril 2015, à 20 h 50.
De toute façon, allons droit au but :
1) le statut des conférences épiscopales est bancal et ce, dès l’origine, car il déresponsabilise la mission confiée à CHAQUE évêque dans l’Eglise universelle (pas seulement occidentale, soit-dit en passant)
2) le cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI a beau se plaindre de ce statut bancal, il n’a rien fait pour le remettre en cause.
Alors, qu’est-ce qu’on attend pour supprimer les conférences épiscopales qui coûtent cher et ne servent à rien ?
Il y a des économies à faire et pas la peine de demander à la BCE de Francfort pour savoir comment il faut s’y prendre pour les réaliser.
Excellent!
En effet, on observe à l’usage que les conférence épiscopale dont le fonctionnement s’apparente à nos systèmes de démocratie politique, ont trop souvent pour résultat, entre autre, la déresponsabilisation des évêques, qui s’abritant derrière les médiocrités consensuelles desdites conférences, ne brillent pas par un zèle excessif des âmes dans leurs diocèses respectifs.
Non seulement les CEF déresponsabilisent les évêques mais en plus elles donnent le ton du “politiquement spirituel”. Cela paralyse l’Eglise et certains souhaits des laïcs, la CEF en France n’est pas favorable à la messe tridentine et fait pression auprès d’évêques (timorés) pour qu’ils ne l’autorisent pas. La CEF se comporte comme une autorité parallèle dans l’Eglise depuis le concile Vatican II et doit être supprimée pour le Bien de tous.
Bravo Monseigneur Müller !
On parle beaucoup à la Curie. Qu’en pense le pape ?