Nommé le 17 décembre par le Pape François, Mgr Jean-Marc Eychenne a été ordonné évêque de Pamiers dimanche 15 février. Il participait, fin janvier à Paris, à la formation des nouveaux évêques.
“Je participe à la formation proposée aux évêques nommés ou ordonnés depuis moins de 3 ans. J’ai déjà eu quelques contacts dans mon nouveau diocèse. Je vais pouvoir arriver avec mon attestation de stage en disant : « Regardez, j’ai le diplôme ! » Plus sérieusement, ce temps est très intéressant. Il y a des échanges avec de jeunes évêques, encadrés par des anciens, sur les enjeux des premiers moments et ce à quoi il faut vraiment être attentif. On le voit dans la communication : quand on arrive sur un site Internet, la page d’accueil dit des choses. Pour un évêque, les premiers gestes, comme les premiers signes, vont marquer les gens. Pour éviter de se tromper en prenant tout le monde à « rebrousse-poil » d’entrée, il vaut mieux être un peu préparé et profiter aussi de la sagesse spirituelle des anciens qui savent dire à la fois la difficulté de la mission – toute mission chrétienne passe aussi par des croix – mais en même temps les joies et les enthousiasmes qu’il y a à répondre à cet appel et à essayer de vivre ce ministère dans un esprit de conversion. On est revenu sur cette idée. J’avais un Supérieur de séminaire qui, quand on lui demandait comment faire pour être un bon prêtre, répondait : « Essaie d’être un bon chrétien, cela devrait bien se passer ». C’est la même idée pour un évêque. Si j’essaie toujours de me convertir un peu plus au Christ, j’ai peut-être un peu plus de chance de faire mon travail un peu plus honnêtement.
Quelles sont vos attentes ?
J’ai reçu de nombreux mot d’accueil de la part d’évêques pour m’accueillir dans le collège épiscopal. C’est un premier temps pour vivre cette dimension fraternelle et collégiale, sachant qu’entre les assemblées plénières et les petites équipes de partage, nous avons besoin de nous appuyer les uns sur les autres, en termes de conseils, d’idées à puiser, de chausse-trappes à éviter… Comme dans tous les « métiers ». Parfois nos difficultés ou nos joies d’ailleurs, sont plus difficiles à partager avec des personnes qui n’ont pas les mêmes responsabilités que nous, même au sein du diocèse. Je connais le ministère épiscopal puisque j’ai été vicaire général, en compagnonnage avec plusieurs évêques. En même temps, il y a peut-être des éléments caractéristiques de la mission d’évêque dont je n’ai pas pris la mesure. Je suis là pour entendre et écouter.
Comment avez-vous accueilli l’appel du Pape à devenir évêque ?
L’Eglise en France a besoin de beaucoup d’évêques car plusieurs sont atteints par la limite d’âge. C’est vrai que les vicaires généraux sont un peu dans l’œil du cyclone. Je m’étais dit que cela pouvait arriver, que le Nonce apostolique pouvait m’appeler. Quand un Nonce appelle, il y a deux raisons : soit on a dit des bêtises dans la presse soit il a une proposition à faire. C’est comme cela que ça s’est passé. Dans ces cas-là, il y a la joie de voir que le Christ, à travers son Eglise, nous fait confiance. En même temps, on a le sentiment que la tâche ne nous correspond pas. On se trouve bien modeste ! Cela veut dire aussi qu’il faut quitter des relations riches. J’étais dans le Loiret depuis 27 ans, ayant travaillé avec toutes sortes d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes… Cela veut dire des arrachements aussi : si on a un cœur de pasteur, on aime les gens. Les quitter coûte. Un peu comme il en coûte au pèlerin quand il a été accueilli à l’hôtellerie sur le chemin de Saint-Jacques et que cela s’est bien passé. Il faut bien repartir, reprendre la route. Je suis heureux mais avec un pincement au cœur pour tout ce que je vais quitter : les personnes, les projets bâtis ensemble, toute une communauté, pas forcément que des chrétiens.”
Sa devise épiscopale est « Non oportet adgere sed agi ». Cette phrase de Madeleine Delbrêl signifie : « Il n’importe pas tant d’agir que d’être agi ».
Addendum : à propos de la devis épiscopale, j’avais bêtement reproduit celle qui figure sur le site de la CEF (« Non oportete adgere sed agi »). Voilà qui m’apprendra.
maximilienbernard@perepiscopus.org
“Non oportete adgere sed agi”…?! kékséksa ?
“Non oportet agere sed agi”, veuillez corriger.
La preuve ici :
http://www.gcatholic.org/dioceses/diocese/pami0.htm#57452
Quand ils apprennent leur élection, les évêques sont toujours à la fois joyeux d’avoir été jugés dignes de souffrir davantage pour le Christ et affligés par le sentiment de leur petitesse. Ceux qui les soupçonneraient d’être joyeux aussi d’être monté en grade et un brin dépités de l’avoir été si tard ou de n’avoir pas eu mieux auraient l’esprit mal tourné.
Traduction approximative: “Se laisser agir (par l’Esprit) avant d’agir” . Cette phrase est de Madeleine Delbrel.
Le diocèse de Pamiers, à vue humaine, semble plutôt partir à la dérive; manque de vocations, très petit nombre de prêtres, paroisses isolées géographiquement etc. Certains pensent-même que ce diocèse ne se justifie plus comme diocèse autonome, et devrait être rattaché à Toulouse. Bref, de quoi désespérer un évêque avant même son arrivée… Et bien voilà un évêque qui croit en la grâce: “non opportet agere sed agi”. Merci Monseigneur de votre arrivée dans la Province ecclésiastique de Midi-Pyrénées.
Il n’a jamais été question de rattacher le diocèse de Pamiers à Toulouse, sauf dans l’imagination de quelques uns. La situation n’y est pas plus dramatique qu’ailleurs. Et puis l’Eglise, c’est un peuple avant d’être des ministres ordonnés. Les chrétiens de Nagasaki sont restés fidèles pendant deux siècles sans prêtres.