Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, a prononcé un discours sur l’écologie à l’Acton Institute, San Diego (USA), le 23 janvier 2015. C’est un texte bienvenu, loi, des présupposés qui polluent, c’est le cas de le dire, le sujet sur l’environnement, avec notamment l’hypothèse du réchauffement climatique global dont Mgr Rey ne parle même pas. Ce texte a l’immense mérite de remettre les choses dans l’ordre : Dieu le Créateur a créé l’univers pour l’homme, qui doit soumettre la Terre et la faire fructifier. En voici des extraits (vous pouvez lire l’intégralité de ce texte ici) :
“L’écologie est un des domaines d’application de la Doctrine sociale de l’Église, dont le premier principe est la centralité et la dignité de la personne humaine. C’est parce qu’il y est question de l’homme et de sa vocation, de son milieu de vie, de son écosystème, que nous ne pouvons pas nous désintéresser de l’écologie. Le mot écologie recouvre des réalités diverses. Il faut donc adopter un regard critique sur les conceptions de l’écologie qui sont incompatibles avec la foi chrétienne. Pour reprendre les mots de Chesterton, l’écologie moderne est en effet pétrie d’idées chrétiennes devenues folles… […]
Écologie de l’environnement et écologie humaine vont de pair : le pape n’a pas manqué de le rappeler lors de son discours au Parlement européen. « Respecter la nature nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. À côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne. »Si la crise actuelle est largement liée à l’environnement, elle touche également l’homme.La personne humaine est en danger. Ceci justifie l’urgence d’une écologie humaine. La crise écologique n’est pas d’abord économique ou sociale, elle est anthropologique. […]
On peut distinguer plusieurs visions de l’écologie dans l’appel à « de nouveaux modes de vie » qui se fait entendre dans la culture occidentale ces dernières années. Certains courants radicaux sont anti-anthropocentriques. « L’écologie profonde » rejette l’humanisme biblique et l’idée de création par Dieu, de même qu’elle refuse le fameux « Dominez la terre » de la Genèse. Suivant ces théories, l’homme n’a pas une place à part, au centre de la Création. Sa supériorité devient contingente. Défendre la nature revient alors à la protéger de l’homme, et non à préserver la nature afin de protéger l’homme.
Cet écologisme rend un culte à la nature, non pas celle qui a été humanisée par l’homme à cause de sa connaissance et de son travail, mais à un cosmos qui existe avant l’homme et sans lui. Selon la deep ecology, l’homme devrait reconnaître à la Terre des droits et se soumettre lui-même à l’impératif écologique. La terre finit par être déifiée et l’homme désacralisé. […]
Le libéralisme peine souvent à intégrer la dimension écologique. On assiste néanmoins à la diffusion de l’idée de développement durable, qui pourrait être baptisé « Capitalisme vert ». Ce concept de développement durable marque déjà un progrès, pour chercher à corriger certains excès sans remettre en cause le système économique libéral et la recherche de la croissance comme critère ultime du développement.
Pour certains économistes, la prise en compte du développement durable constitue le meilleur moyen pour l’économie de découvrir de nouveaux marchés, sans pour autant remettre en cause les fondements de l’économie libérale. Par exemple, la dénonciation des conditions de production à bas coût dans les pays émergents (pollution, exploitation…) ne s’accompagne pas de changements dans le mode de vie de ceux qui consomment. De même, parler de commerce équitable ne change pas les règles de développement fondées uniquement sur la croissance. Des philosophes comme Jacques Ellul vont jusqu’à affirmer que parler de développement durable, « c’est faire prospérer l’économie sur ses propres ravages ». Chaque nouvelle vague technologique promet de résoudre les dégâts causés par la précédente, mais elle porte en elle la promesse de futurs dégâts que l’on devra résoudre. […]
Il est frappant de constater que la plupart des partis écologistes en Europe sont plus actifs sur les questions dites sociétales que sur les questions écologiques proprement dites. Les Verts sont gagnés par les idées libertaires. Il existe tout un courant écologiste d’inspiration anarchiste proche du féminisme radical. Le refus des aliénations que promeuvent ces courants au nom de l’émancipation mettent en cause les limites que nous imposent le corps et ses déterminations biologiques. Le principe de précaution si souvent invoqué à propos de l’environnement ne vaut alors plus pour ces courants lorsqu’il s’agit de l’homme. Ces courants écologistes sont les premiers à défendre le principe d’une vie plus simple et moins artificielle, mais militent de fait pour un nouveau technicisme (reproduction artificielle, transhumanisme…). Le philosophe Ruwen Ogien prône ainsi une éthique minimale pour une liberté totale, sans aucun frein moral ou social, avec comme seul principe celui de la non- nuisance. […]
En France, un courant issu des mouvements liés à la défense du mariage et de la famille de 2013 (La Manif Pour Tous) a repris et adopté la dénomination d’ « Ecologie humaine ». Ce Courant se distingue par le regard qu’il pose sur la personne humaine, par des points de repère anthropologiques propres : la bienveillance, clé des relations humaines ; l’interdépendance, moteur de la construction de la société ; le sens du bien commun ; l’interaction vitale de l’homme avec son environnement, notamment naturel et culturel ; la primauté de l’être sur l’avoir, de la relation sur l’activité, de la tendresse sur l’autonomie. L’expression « écologie humaine » désigne d’une part les interactions de l’homme avec son environnement, naturel et social, d’autre part, une approche de la personne (et de sa vulnérabilité) et de la société qui considère la personne comme un « écosystème » à protéger. […]
Un monde dénaturé, déshumanisé et intégralement marchandisé se prépare lorsque l’homme prend la place de Dieu. La crise écologique faite d’extinction d’espèces animales et végétales, de pollutions en tout genre est due à une folie technicienne, au technologisme qui va jusqu’à la marchandisation du vivant, jusqu’à la commercialisation du vivant, jusqu’à l’instrumentalisation de la reproduction humaine par le biais de la Procréation Médicalement Assistée et de la Gestation Pour Autrui, avant l’utérus artificiel… Toutes les manipulations génétiques sur l’humain participent d’une vaste entreprise de brevetage du vivant et l’intrusion du tout-technique et du tout-marketing dans l’intime de nos vies.
Une écologie intégrale ne doit pas séparer le souci de l’héritage du souci de la transmission, celui d’une relation convenable, harmonieuse, de l’homme à son environnement, ainsi que celui de la responsabilisation citoyenne. […]”