Message de carême de Mgr Jean-Pierre Batut, évêque de Blois :
“Dans moins d’une semaine, nous entrerons en Carême. Un temps long, puisque Carême veut dire « quarantaine ». « Un temps rébarbatif s’il en est ! » diront certains. Et il est vrai que le Carême a mauvaise presse : quand on dit que quelqu’un a « une face de Carême », cela veut dire qu’il a l’air plutôt sinistre. Et le Pape François, dans son exhortation sur La joie de l’Évangile, ne se prive pas d’épingler les chrétiens qui, dit-il, ont « un air de Carême sans Pâques ».
« Carême sans Pâques » ? Justement : le temps dans lequel nous entrons ne se limite pas aux quarante jours du Carême. Il ne se comprend pas sans le temps de Pâques, car c’est de lui qu’il tire tout son sens. Et comme le temps de Pâques dure cinquante jours jusqu’à la Pentecôte, il serait plus juste de dire que nous entrons dans une période de quatre vingt dix jours, dont la première partie, le Carême, nous prépare à accueillir les fruits.
Dans son message de Carême de cette année, le Pape François nous rappelle que le Carême est « un temps de grâce » (2 Corinthiens 6, 2). Il nous rappelle aussi que la grâce des grâces, c’est de savoir que nous avons du prix pour Dieu, qu’il n’est pas indifférent à nous. Le Carême est fait pour nous aider à en reprendre conscience, mais aussi, par voie de conséquence, pour nous transformer afin d’essayer d’être un peu plus comme Dieu et de lutter, nous aussi, contre l’indifférence.
Le Pape François dénonce, comme il l’a déjà souvent fait, ce qu’il appelle la « mondialisation de l’indifférence ». Il utilise une très belle image, que voici : en donnant son Fils pour le salut du monde, Dieu a montré que le monde ne lui était pas indifférent, et il a ouvert une porte entre lui et nous, entre le ciel et la terre. Il s’agit de faire en sorte que cette porte ne se referme pas, et l’Église, dit le Pape, « est comme la main qui maintient ouverte cette porte grâce à la proclamation de la Parole, à la célébration des sacrements, au témoignage de la foi qui devient agissante dans l’amour ».
Dans cet esprit, citant son prédécesseur Benoît XVI, le Pape François nous invite à vivre le Carême comme « un parcours de formation du cœur ». Puisse notre cœur rester ouvert à Dieu, pour que l’Église puisse maintenir ouverte la porte de sa miséricorde, et qu’il n’y ait pas de Carême sans Pâques.”