Un autre synode, également extraordinaire, a également eu lieu à Rome: celui des chaldéens catholiques, qui s’est tenu le samedi 7 février 2015. Comme dans le synode sur la famille, des tensions étaient ainsi palpables, mais pour des raisons différentes. En effet, la question des prêtres et religieux ayant quitté l’Irak sans autorisation de leurs supérieurs figurait en toile de fond. Le patriarche de Babylone des Chaldéens Louis Raphaël Ier Sako avait même adopté l’année dernière un décret intimant aux prêtres et religieux de rentrer dans leur pays, sous peine de suspension. Ce décret a été appliqué. En application de ce texte, dix prêtres irako-américains avaient donc été suspendus du ministère sacerdotal. L’évêque chaldéen catholique de l’éparchie de Saint-Pierre-Apôtre de San Diego, Mgr Sarhad Jammo, avait pris le parti des prêtres suspendus, ce qui a entraîné des tensions entre le patriarche Louis Raphaël Ier Sako et l’éparque de San Diego. Ce dernier a indiqué qu’il n’obéirait qu’au pape. On a même envisagé un risque de schisme. Il faut cependant rappeler que les Églises orientales unies à Rome ont souvent connu des tensions internes, que ce soit au 19ème ou au début du 20ème siècle. Par ailleurs, le fossé entre des chrétiens restés sur les terres de leurs ancêtres et une diaspora, fière de ses origines, mais souvent occidentalisée se creuse. L’histoire de l’Église catholique n’a jamais été un long fleuve tranquile…
D’après le communiqué final, « les Pères du Synode ont considéré ce qui s’est passé au diocèse chaldéen Saint-Pierre à San Diego à l’ouest des États-Unis. Ils ont exprimé leur profond regret pour la non-collaboration et l’absence de réponse de son évêque Sarhad Jammu, de l’évêque Bawai Soro, et de certains des prêtres, à l’égard des exigences des canons ecclésiastiques et des appels du Patriarcat, afin de promouvoir l’unité et la communion ». De même, ils appellent également « les fidèles de ce diocèse Saint-Pierre à s’en tenir aux principes fondamentaux de leur foi, et à être fidèles à leur Église chaldéenne, ainsi qu’à donner la priorité à la sagesse et à l’amour ». Tout en soutenant la décision du patriarche Sako, on peut y voir une volonté d’apaisement; aucune sanction n’a donc été adoptée.
Les échos semblent avoir révélé des débats sereins. Le synode a ainsi pris position et lancé quelques initiatives:
– Concernant la situation des chrétiens en Irak, le synode a appelé le gouvernement de Bagdad et les autorités du Kurdistan irakien à s’unir pour libérer les territoires occupés par les djihadistes. De même, ils ont également invité les responsables politiques à allouer des fonds pour soutenir les familles expulsées et dépossédées. Les évêques se sont également adressés à la communauté internationale, rappelant la crise humanitaire provoquée par la présence des djihadistes.
– Confrontés à la division politique des chrétiens, les évêques chaldéens ont annoncé la création d’une Ligue chaldéenne, qui consistera en une organisation civile et autonome. Cette organisation, composée de laïcs, sera chargée des affaires politiques, culturelles et sociales qui touchent les communautés chaldéennes. Elle fera également office de caisse de solidarité. En outre, la ligue assurera en quelque sorte un lobbying auprès des pouvoirs publics irakiens.
– Enfin, une journée des martyrs chaldéens sera désormais célébrée chaque année le vendredi qui suit le dimanche de Pâques. Cette journée commémore les déportations et les massacres subis par les assyro-chaldéens, en 1915. La journée portera ainsi le nom de « vendredi des martyrs et des confesseurs de la foi ».