Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a refusé de signer la « proclamation sur la liberté d’expression » de l’association Reporters sans frontières (RSF). Le porte-parole de la CEF, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, explique à Famille chrétienne :
“La CEF a déjà eu l’occasion de s’exprimer sur la liberté d’expression à la suite des attentats, notamment dans la déclaration que le conseil permanent a faite le 12 janvier. Notre position, là-dessus, est claire.
Autre raison : la CEF ne signe jamais un texte dont elle n’est pas rédactrice. Et là, nous n’avons pas été associés à la rédaction de ce texte.
Troisième point : il nous semble que, dans la proclamation de RSF, il y a un soupçon qui pèse sur les religions – elles pourraient être un facteur de discorde, ne promouvraient pas de manière claire et nette la liberté d’expression. Ce qui ne me semble pas la réalité. Et il n’y a que les religions qui sont visées. Or, on aurait pu penser que RSF s’adresse à d’autres acteurs de la société. L’ensemble des enseignants. L’ensemble du personnel politique. On aurait pu écrire à tous les fonctionnaires de la République, aussi, pour signer une telle déclaration. Ce soupçon porté sur les religions est quelque chose qui, je crois, a ennuyé, a interrogé la conférence et l’a invitée à ne pas soutenir cette initiative.
Enfin, l’action de RSF pour la défense de la liberté de la presse dans le monde est tout à fait remarquable, et nous la saluons. Nous en sommes très admiratifs. Mais en même temps, quelle légitimité ont-ils pour sommer l’ensemble des religions en France de se prononcer sur la liberté d’expression ?
« Chacun est libre d’exprimer et de diffuser des critiques, même irrévérencieuses, envers tout système de pensée politique, philosophique ou religieux », déclare le texte de RSF. Sur le fond, la CEF partage-t-elle cette position ?
La CEF a déjà eu l’occasion de dire que la liberté d’expression était le signe d’une démocratie et qu’elle était un socle de notre pacte républicain. La liberté d’expression a toutefois des limites qui sont posées par la loi. Il y a un délit de diffamation et un délit d’injure, par exemple. Il y a surtout, me semble-t-il, dans l’exercice de cette liberté, une responsabilité à respecter. Il y a la liberté d’expression qui est un droit. Et il y a l’exercice de ce droit qui est autre chose. Si nous voulons bâtir une société dans lequel le vivre ensemble soit possible, un vivre ensemble qui soit la réalité de la fraternité, base de notre devise républicaine, la liberté d’expression doit cohabiter avec d’autres libertés. L’exercice de la liberté d’expression doit donc tenir compte de l’exercice d’autres libertés. Nous disons qu’il y a toujours un usage responsable d’une liberté.
Représenter et publier un dessin du prophète Mahomet, est-ce selon vous un usage irresponsable de la liberté d’expression ?
En tout cas, un certain nombre de musulmans l’ont ressenti comme cela.
Que dit le magistère de l’Église de la liberté d’expression ?
Le magistère dit que la liberté d’expression est un des droits de l’homme et que, en même temps, elle s’articule avec d’autres libertés. La CEF se détache rarement de la doctrine sociale de l’Église. Elle ne s’en détache même jamais.
La CEF ne se détache jamais de la doctrine sociale de l’Église ?
Le but même de la CEF, c’est quand même d’appliquer la doctrine sociale de l’Église ! Si les évêques ne suivent pas le magistère, alors où allons-nous ?
Les textes publiés par les services de la CEF engagent-ils systématiquement toute la CEF ?
Tout dépend de qui est signataire du texte. Le texte engage ceux qui l’ont signé.”
Dixit : Le but même de la CEF, c’est quand même d’appliquer la doctrine sociale de l’Église ! Si les évêques ne suivent pas le magistère, alors où allons-nous ?
Voilà une belle question pour tous et ainsi résoudre nos problèmes …