RCF Corsica a rencontré à Rome Mgr Dominique Mamberti, français et corse, ancien Secrétaire pour les relations avec les États et nouveau Préfet du Tribunal suprême de la Signature Apostolique, qui sera créé cardinal le 14 février. Extraits :
“Le Pape François m’avait déjà confirmé dans mes fonctions de Secrétaire pour les relations avec les États en 2013 et puis au mois de novembre il m’a nommé Préfet du Tribunal suprême de la Signature Apostolique. Il a annoncé au début de ce mois ma création comme cardinal le 14 février.
Je crois que ce sont des marques très significatives de cette confiance, en particulier la nomination au Tribunal suprême de la Signature Apostolique qui est l’organe préposé à l’administration de la justice dans l’Eglise, et surtout ma nomination comme cardinal qui n’est pas une promotion, une dignité, mais avant tout la nomination dans le collège des cardinaux qui est chargé d’élire le Pape et de le conseiller pour les questions d’importance majeure dans le gouvernement de l’Eglise.
Vous serez le seul cardinal français créé le 14 février. Diriez-vous que la France tient encore son rôle de fille ainée de l’Eglise ?
Cette expression a été utilisée en autres par le Pape Jean-Paul II en 1980 lors de son voyage en France à l’occasion de la fameuse homélie du Bourget. Je crois que dans l’esprit du Pape, c’est un rappel de la longue tradition et du grand héritage, en particulier de sainteté, que l’Eglise en France a apporté à l’Eglise universelle et c’est une exhortation pour les chrétiens d’aujourd’hui à puiser dans ce riche héritage pour y trouver de nouvelles forces.
Pour le reste, je suis sûr qu’il n’y a pas de droit de primo géniture dans l’Eglise. Le principe qui vaut dans ce domaine, c’est le principe évangélique selon lequel à qu’à ceux qui ont beaucoup reçu, on demandera également beaucoup.
Au sein de l’Eglise universel, on vous a surtout connu comme l’un des principaux diplomates du Vatican. Quels ont les été les apports spirituels et humains de cette longue expérience ?
C’est bien une expérience de plus de trente ans passés dans le service diplomatique du Saint-Siège. Je quitte ce domaine avec une certaine nostalgie, surtout pour les personnes que j’ai rencontrées et avec lesquelles j’ai travaillées. En particulier, j’ai eu la chance pendant ces huit dernières années comme Secrétaire pour les relations avec les États d’avoir autour de moi une équipe extraordinaire à la fois par sa compétence et son dévouement.
Cela a été une très grande grâce de pouvoir exercer ce service, c’est à dire de connaître et d’être au service des Eglises dans le monde entier. Et de pouvoir ainsi être témoin de la diversité et de la richesse spirituelle de toutes les communautés chrétiennes dans le monde comme de leur unité dans la communion.
Peu de média ont souligné votre attachement à la Corse. Pourtant vous avez bien gardé des liens avec l’Île de vos origines… Vous êtes même l’archevêque de Sagone…
Je crois que ce titre d’archevêque titulaire de Sagone a été un élément important pour moi. Le Pape Jean-Paul II a eu la bonté de le recréer à l’occasion de ma nomination comme nonce apostolique au Soudan. C’était une façon de maintenir pour moi un lien spirituel avec la Corse. Pour le reste, j’ai maintenu des contacts réguliers en lisant la presse, internet et en gardant des contacts personnels.
Diriez-vous que vos racines corses, que vos liens avec le village d’origine de votre famille, Vico, ont pu vous aider dans votre ministère ?
Les racines sont fondamentales pour toute personne et cela compte beaucoup pour les Corses. Le fait d’avoir été séminariste du Diocèse d’Ajaccio, d’avoir été ordonné prêtre pour ce diocèse, d’y être revenu régulièrement demeure quelque chose d’important pour moi. Je suis vraiment heureux de voir qu’à l’occasion de ma nomination comme cardinal beaucoup de Corses se sont manifestés pour me rappeler des souvenirs communs.
Le village de Vico est aussi un élément important en raison du nombre de prêtres qui sont issus de la région tout comme de trois évêques récents qui en viennent, Monseigneur Arrighi, Monseigneur Zevaco et moi-même. Le supérieur général des oblats de Marie Immaculée m’a récemment envoyé un livre sur le Père Albini et je crois que les fruits spirituels de ce dernier au couvent de Vico se sont aussi manifestés par ces vocations et par la vie chrétienne dans le canton. […]
Il faudra vous connaître désormais comme préfet du Tribunal suprême de la Signature Apostolique. Comment décrire cette mission moins connue du grand public ?
Ce tribunal est préposé à l’administration de la justice dans l’Eglise. Il a des compétences juridictionnelles, un peu comme la Cour de cassation du Saint-Siège. D’autre part, il doit trancher un contentieux administratif, c’est à dire les recours contre des décrets des congrégations romaines. Mais au-delà de cet aspect technique, il y a un domaine plus ample qui est celui de la vigilance sur les tribunaux ecclésiastiques du monde entier. Les tribunaux des diocèses ou régions apostoliques envoient chaque année une relation à la Signature apostolique avec les statistiques de leurs jugements et la description de leurs travaux comme les titres de leur personnel. C’est donc aussi une activité quotidienne pour assurer une bonne administration partout dans le monde de la justice dans l’Eglise.”
Motif de fierté et de joie qu’un si grand esprit soit français et catholique.
Mgr Mamberti a des vues très pénétrantes sur la laïcité:
“L’absence de subordination logique et ontologique de la laïcité au principe du respect absolu de cette liberté fondamentale [la liberté religieuse], met cette dernière en grand danger… Paradoxalement, l’Etat ne devient ainsi pas vraiment laïque car il fait de la laïcité sa valeur suprême, une idéologie dominante qu’il transforme en une sorte de religion, avec ses rites et ses liturgies civiles.”
Tout serait à citer dans cette déclaration que l’on peut lire ici:
http://visnews-fr.blogspot.fr/2010/06/semaine-sociale-catholique-de-cuba.html
Luttons-donc pour une authentique liberté religieuse de la France !