Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a présenté ses vœux à la société civile les 15 et 16 janvier, à Saint-Raphaël puis Toulon, en présence de nombreux élus. Voici des extraits de son discours :
“[…] La politique, rappelle l’Église, est le domaine de la plus vaste charité. Il est utile de le rappeler alors qu’on décèle dans l’opinion publique, parfois une vraie déception voire une défiance vis-à-vis de l’action politique. De la même manière que les forces de l’ordre ont été récemment applaudies pour leur engagement à l’occasion des manifestations massives et sur les bancs de l’assemblée nationale, je voudrais saluer le travail que vous faites sur le terrain au service du bien commun et qui réclame, non seulement des compétences mais aussi des convictions et également bien des vertus que vous mettez en œuvre (disponibilité, désintéressement, courage).
Je voudrais souligner en 4 mots qui commencent par un P ce qui fait la grandeur de l’action au service de nos concitoyens.
– La passion. Comme le souligne cette expression populaire « l’enthousiasme c’est comme les essuie-glaces cela n’empêche pas la pluie mais ça permet d’avancer ». La passion c’est ce qui donne du souffle, du dynamisme, de la profondeur, de la cohérence à ce qu’on entreprend.
– Le partenariat. « Seul on va vite, avec les autres on va loin ». C’est la faculté d’entraîner d’autres personnes autour d’un projet commun qui se doit d’être affiliatif, fédératif et mobilisant.
– La patience. « Ce n’est pas en tirant sur l’herbe qu’elle pousse ». Toute action humaine entrepreneuriale et politique s’inscrit dans une échelle de temps qui n’est pas celui de la précipitation, de l’instantané, de l’urgence. Il s‘agit d’être l’ami du temps, d’inscrire ce que l’on fait dans la durée, dans la persévérance, et pas seulement dans la mode qui passe.
– L’attitude positive. Les obstacles que l’on rencontre les incompréhensions qui adviennent nous aident à aller jusqu’au bout de soi. J’aime beaucoup ce concept de résilience qu’a développé Boris Cyrulnik. Comme chrétien j’utilise le mot rédemption pour souligner la capacité de rebond dont l’être humain dispose par la grâce de Dieu, pour faire face aux obstacles et aux résistances.Dans les circonstances particulières que traverse notre société, face aux traumatismes qu’elle a subis, face au terrorisme qui a frappé des journalistes et des policiers, ceux qui rendent compte de notre liberté et ceux qui la protègent, je voudrais souligner quelques points d’attention fondamentaux qui doivent les uns les autres éclairer notre action.
– En premier lieu, cultiver le respect. Dans la prise de conscience nationale que nous devons faire tous ensemble, rien ne peut, rien ne doit justifier la violence d’où qu’elle vienne, quelle qu’elle soit ; que ce soit la violence de ceux qui, par la force, veulent imposer leur foi ou leur loi, ou la violence de ceux qui, par le mépris, injurient celle des autres. Il faut extirper les causes de ces violences si l’on veut pour l’avenir s’épargner le chaos. La sacralisation de la dérision et de l’injure ne peut produire en retour que de la haine dans un engrenage quasi mécanique, et dont l’actualité nous offre l’horrible spectacle. Il nous faut sortir de la culture du mépris. Celle qui au nom de Dieu piétine la liberté d’autrui. Celle qui, affublée des oripeaux de la pseudo tolérance libertaire, s’en prend à la foi de l’autre, dénie tout absolu. Dans l’avion qui amenait le pape aux Philippines le pape disait aux journalistes : « Non seulement chacun a la liberté, le droit et aussi l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun : et même l’obligation ! Mais on ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi de l’autre ! » Certes la loi doit défendre la liberté d’expression. Celle-ci est indispensable à la démocratie mais nous savons que la liberté de chacun a pour limite celle des autres, et que le respect intériorise la loi pour éviter d’offenser l’autre, de l’injurier, de le dégrader. Le moral va au-delà du légal et tous, nous pratiquons en famille, en société cette auto-censure Tous ceux qui disposent du pouvoir des mots et des images doivent comprendre que ceux-ci peuvent être aussi bien des armes de destruction, que des instruments de fraternité et de dialogue. Le respect s’apprend d’abord dans la famille, lieu du vivre ensemble et de l’accueil de chacun dans sa spécificité et dans sa différence. Il se construit à l’école, avec l’apprentissage d’une règle et d’une discipline communes (d’un code de la route) qui nous initient au pacte social. Il appelle le sens de la limite. « La rive est la chance d’un fleuve pour qu’il ne devienne pas marécage », dit un proverbe indien. La transgression des limites dans l’individualisme du chacun pour soi constitue la grande menace à la culture du respect, indispensable au vivre ensemble. N’oublions pas aussi que le respect commence par la vie, celle de l’enfant à naître, celle de l’être fragilisé, désespéré qui a besoin de compter sur l’estime et la considération pour advenir à lui-même.
– En second lieu, je souhaite que cette année soit celle du bien vivre ensemble. La devise républicaine invoque la fraternité. Lorsqu’une culture ne donne plus des raisons sublimes de vivre, parce qu’elle a oublié l’héritage ou perdu la mémoire, elle s’en fabrique à partir des instincts les plus bas ou les plus vils. Lorsqu’on ne parvient plus au sein des familles, dans le cadre des institutions éducatives à transmettre ce lent et patient tissage de raison, d’histoire, de culture qui ouvrait à une morale universelle et à un vivre ensemble ; lorsque la conscience religieuse s’évanouit ou se réduit à un résidu laïcisé…, alors cette société fait sauter, sans toujours s’en rendre compte, la barrière qui fermait la route à la brutalité de la nature, à l’exacerbation des passions, et aux revendications narcissiques. Le lien social, lien entre les générations passées et futures, lien de proximité et de convivialité entre tous, ce lien est aujourd’hui fragile. Un des grands drames de notre temps, source aussi de violence est l’isolement. Je pense en particulier à la marginalisation des jeunes sans repères, sans mémoire. La violence trouve aussi sa source dans la désocialisation des jeunes sans repères, en échec familial, scolaire, professionnel qui assouvissent leur rêve adolescentrique et prométhéen de toute-puissance dans le djihadisme, qui règlent leur compte à une société où ils n’ont pas trouvé leur place et qui les laisse sans avenir. Si nous ne retrouvons pas le sens de l’être ensemble, si chaque famille ne promeut pas le sens de l’altérité, si les jeunes ne sont pas éduqués à s’échapper du monde virtuel pour rencontrer l’autre à hauteur de visage et formés au bon usage des mots…., notre monde court à sa perte. Alors l’histoire de la tour de Babel se répète. Le philosophe anglais David Hume soulignait que la terreur gagnait des sociétés qui avaient perdu l’enthousiasme collectif. Le relativisme moral et religieux envahit nos sociétés postmodernes où les grandes utopies politiques et idéologiques se sont effondrées, où la place du religieux a été effacée par la perte de transcendance et d’intériorité, où l’individu consumériste n’a plus d’autre horizon que lui-même, rivé à son ego et à ses émotions. Un tel relativisme érigé en prêt-à-penser, fait inévitablement le lit du fondamentalisme et de l’exclusion. […]”
Pourquoi cet Evèque,un des meilleurs de France,se croit-il obligé d’eùpmloyer un langage moderrniste comme vivre ensenble,résilience,droit à ceci et à cela,démocratie qui sont vagues ou incompréhensibles?Ces concessions de langage me semblent plus que vaines mais entrainant un certain danger:aller parler de résilience à un jeune déboussolé,il ne comprendra rien à ce que vous lui dites!Parler-lui de rédemption ,in comprendra tout de suite surtout s’il a une teinture musulmane mais aussi s’il n’a rien carr de mot un peu compliqué correspond à un mouvement spontané de toute ame dans son inclination naturelle au bien que Dieu y a mise: meme si elle l’ignore,ce mouvement spontané de l’ame commencera à lui faire connaitre explicitement et clairement son existence et son contenu.Loin de moi la présomption de critiquer ce Pasteur admirable mais je ne vois pas l’avantage à parler comme un certain milieu social qui met un contenu radicalement contraire au notre.On parlait jadis de l’onction écclésiastique que les anticatholiques ont toujours tournée en dérision mail il me semble normal que l’Eglise ait son langage propre!Le Chrit employait un langage simple mais d’une part,tout le monde b’est pas le Chriet et,d’autre part,il faisiat des paraboles pas toujours faciles à comprendre meme pour ses disciples comme en témoigne des passages de l’Evangile où iI explique longuement à ceux-ci le sens profond de telle ou telle parabole,non que le christianisme soit un ésotérisme réservé à certains mais un mystère qui se dévoile peu à peu à l’intelligence ou à la foi,sinon il ne reste qu’à crier l’équivalent de “oualla akbar”.J’exagère certes mais il y a quand meme un danger à, user d’un langage démonétisé car utilisé à tort et à travers par des adversaires ou des amis comme une parole magique qui règle tout:ainsi du “vivre ensemble ” expression creuse,vide de sens,neutre et dans laquelle on peut fourrer tout ce que l’on veut!Ceci dit ce texte est parfait quant au contenu!
Oui, je me faisais la même réflexion : pourquoi un tel discours de sciences humaines.
Mais la réponse est dans le titre : il s’agit de vœux à la société civile.
Donc pas une catéchèse mystagogique pour des chrétiens, fondée sur la Parole de Dieu,
ni un discours humaniste que n’importe quel sociologue pourrait tenir,
mais un discours de l’Église “experte en humanité” s’adressant à tous les hommes de bonne volonté,
prenant dans l’épaisseur de l’homme ce qui va dans le sens du Royaume,
éprouvant toute chose et retenant ce qui est bon,
car rien de ce qui est bon et vrai n’est étranger au Christ.
C’est un bon texte.
Vous avez simplement oublié de citer le précédent, le sermon du 11 janvier qui permet de resituer celui-ci…. dans son contexte.
Mais, tant mieux pour nous, nous l’avons trouvé dans “le Forum catholique” et autres sites concurrents (vive la concurrence !).
Ce qui est gênant avec Mgr Rey, c’est qu’il parle fort bien ce qui tient de l’exploit lorsque l’on sait la médiocrité des “prêches” de la Conférence des évêques de France (elle n’a déjà pas de légitimité !).
Mais il faut agir aussi : pourquoi ne sera-t-il pas à la manifestation pour la vie après ce que nous avons subi comme échec en 2012-2014 et ce que nous risquons de subir à nouveau si nous ne faisons rien contre la légalisation de l’euthanasie. Il y a urgence. Quelqu’un peut-il l’expliquer à Mgr Rey