C’est un lecteur du Salon Beige, qui s’étonne de la nouvelle traduction du lectionnaire, entrée en vigueur en France au début de cette nouvelle année liturgique, soit le 1er dimanche de l’Avent :
“Depuis le premier dimanche de l’Avent, le nouveau lectionnaire a fait son apparition dans les paroisses avec, comme référence théorique, la Néo-Vulgate (ici).
Dans les appellations des livres bibliques, on constate que les erreurs du lectionnaire précédent (1975) sont maintenues : on note le livre des Lévites (au lieu du Lévitique), des Martyrs d’Israël (au lieu des Macchabées), de Ben Sira le Sage (en remplacement de Sirac le Sage, au lieu de l’Ecclésiastique), sans parler, ce qui est plus grave, de l’épître de saint Paul apôtre aux Hébreux (Epistula sancti Pauli apostoli ad Hebraeos), déjà réduite dans l’édition précédente en lettre ou épître aux Hébreux, et donc encore exclue du corpus paulinien, à l’encontre pourtant de toute la tradition bimillénaire catholique. Quant aux Actes des Apôtres, nul besoin de les faire précéder du mot livre.
Nouveauté surprenante, le livre de l’Ecclésiaste est débaptisé en celui de Qohèleth (sic).
Des contradictions : on parle désormais du livre du prophète Isaïe ou du livre du prophète Daniel (idem pour les autres) au lieu du livre d’Isaïe ou de la prophétie de Daniel comme indiqué pourtant dans l’introduction (p. XLI).
Dans le fond (qu’on n’a pas eu le temps de tout lire), on constate des changements mineurs : les brebis et les chèvres deviennent (théorie du genre oblige ?) les brebis et les boucs ; le Temple (de Jérusalem) devient le Sanctuaire, bref des modifications de détail qui n’apportent pas grand-chose.
En revanche, des erreurs manifestes de traduction déjà maintes fois dénoncées dans l’édition précédente, sont reprises : à l’interrogation de Pilate sur sa royauté (Jn 18, 37), Jésus répond : « Tu le dis : je suis roi. », réponse transformée en « C’est toi qui dis que je suis roi. »
De même, dans le récit de l’Annonciation (Lc 1, 27), « le nom de la Vierge était Marie » (nomen virginis Maria) est maintenu en « le nom de la jeune fille était Marie ».
Quant au Pater (Lc 11, 2), si sa dernière phrase a été mieux rendue (« Ne nous laisse pas entrer en tentation »), il reprend les termes erronés de l’édition précédente : « Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour » au lieu de « Donne-nous chaque jour notre pain quotidien », et « Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous » au lieu de « Pardonne-nous nos péchés de la même manière que nous-mêmes pardonnons à tous ceux qui nous sont redevables ».
La question reste posée : les catholiques français et francophones sont-ils toujours condamnés à ne pas bénéficier d’une traduction fidèle (rigoureuse !) des textes bibliques, alignée sur la Néo-Vulgate romaine officielle ?”
Je donne entièrement raison à ce lecteur du Salon beige. Si beaucoup de choses m’échappent n’étant ni théologienne et encore moins traductrice, De toute façon, une chose me choque terriblement, c’est la fait que l’on n’énonce plus le nom de Marie, en “vierge” Marie. Ce qui peut laisser dire à quiconque que Marie n’était pas nécessairement vierge pour recevoir notre Sauveur Jésus-Christ, en elle ! Quant au “Notre Père” pourquoi ne pas avoir remis notre “pain quotidien” qui veut dire le même chose que la nouvelle appellation beaucoup plus longue (inutile) et la seconde phrase sur le pardon me semble aussi plus appropriée. Pourquoi changer tant de choses et avoir, en effet, une traduction plus fidèle pour tout le début ?
“ne nous laisse pas entrer en tentation” est la traduction exacte : “ne inducas in tentationem ” . on demande à Dieu de ne pas permettre qu’on ait des tentations ; que Satan nous laisse en paix, à la manière du père de famille qui retire les ronces qui empèchent ses enfants de poursuivre leur promenade sereinement . c’est mieux que de demander qu’on ne succombe pas aux tentations , notre fragilité face à elles étant bien réelle !
Faut-il un lectionnaire de 200 pages pour la moindre prière, celle que le tout petit enfant doit savoir sans effort et qu’il méditera à tout âge ?
« ne nous laisse pas entrer en tentation » est ce qu’on appelle un vœux pieux, façon polie et chrétienne de dire que c’est stupide ! La tentation en effet est omniprésente depuis la création de l’homme. Certes, au Paradis Terrestre, l’homme en était protégé comme “la vigne du Seigneur, ceinte de murs et défendue par une tour” mais puisqu’il s’en est échappé, que de cep de jardin, il est devenu, par sa volonté, plante sauvage offerte à tous les vents, il est absurde de geindre sur cette situation. Comme si un nageur demandait au Seigneur d’enlever cette eau qui le supporte parce qu’elle peut le noyer et, comble de niaiserie, qu’elle l’empêche d’avancer !
L’Église lui répond :”Nage ! tu as voulu quitter le port où tu étais logé, nourri, blanchi pour vivre par toi-même, alors, vis ! Voici une bouée pour reposer tes efforts, des comprimés de survie pour réparer tes forces mais nage ! Sache toutefois que le port d’arrivée sera encore plus beau que celui que tu as quitté… mais il faut le gagner et les derniers mètres seront aussi durs que les autres. ” (“Celui qui sera fidèle jusqu’au bout, celui-là sera sauvé !”)
Ainsi, demandons de “ne pas succomber à la tentation”, sans elle, en effet nos mérites, déjà faibles comparés à ceux de NS Jésus-Christ, sont nuls et n’apportent rien en vue de notre salut. L’apesanteur ne fait pas avancer le coureur puisqu’il ne peut s’appuyer sur rien pour se propulser !
Pour le Notre Père, le mieux est de le réciter en latin ou, encore mieux, en Grec littéraire, qui est la première traduction de vulgarisation de l’araméen.
Quant aux textes sacrés rien ne vaut les bonnes vieilles Bibles de Jérusalem ou du chanoine Osty ; celle du chanoine Crampon est bien aussi. Je me demande, à part d’être religieusement correct, quel est ce besoin de changer ce qui n’a pas besoin d’être changé.
Cher Noël Stassinet, promouvoir le Notre Père en grec littéraire est, au mieux, une vue de l’esprit : qui, à notre époque, est capable de lire le grec ?
Quant aux bonnes vieilles bibles, elles ont justement l’inconvénient d’avoir vieilli : celle du chanoine Crampon date de 1910 et certains mots de l’époque peuvent être compris autrement de nos jours.
Simple remarque à propos de Jn 18,37 : la Vulgate dit “Tu dicis quia rex sum”. En latin, le pronom personnel sujet n’est normalement pas exprimé (la désinence du verbe suffit à se faire comprendre) ; lorsqu’il est exprimé, c’est qu’il exprime une insistance. En français, cette insistance sur le pronom personnel est rendue par le gallicisme “C’est toi qui”. En latin, il n’y a pas d’autre façon de traduire le français “c’est toi qui” (ou “c’est lui qui”, etc.) qu’en rendant explicite le pronom personnel “tu” ; à l’inverse, tout latiniste qui traduirait “tu dicis” par un seul “tu as dit” commettrait une erreur en ce que sa traduction ne traduit pas le “tu” latin.
Bref, la traduction de Jn 18,37 n’est pas fautive (et si l’on m’autorise une pique : pour se permettre de juger de la fidélité d’une traduction, mieux vaut être sûr de maîtriser les deux langues, faute de quoi l’on est presque sûr de ne pas faire montre de la rigueur nécessaire)
L’Église a toujours vu dans cette phrase la proclamation par le Christ de sa Royauté universelle. La traduction “C’est toi qui le dit” est donc faible et même fautive en ce qu’elle marque une distance dans le dialogue et en laissant la porte ouverte au sous-entendu “Mais moi, je dis autre chose !”
La traduction du “Tu” latin par “Toi même” serait meilleure mais le phrase “Toi même le dis !” peut laisser supposer une nuance de mépris bien éloignée de la pensée du Christ : “Même toi, avec tes petits yeux, tu l’as vu !”
“Tu l’as dit, Je suis Roi !” est donc bien la meilleure traduction, affirmation claire, sans détour et d’une portée théologique autrement sûre et efficace.
Revenez à la Messe Traditionnelle et vous n’aurez pas toutes ces erreurs…….
Exact !
Je note surtout des fautes de français. Par exemple: “Croyez-vous que je peux faire cela?”, alors qu’il faut dire: “Croyez-vous que je puisse faire cela?”. Notre pauvre subjonctif est bien malmené…
Pas si sûr ! Le subjonctif introduit l’hypothétique, c’est pourquoi par exemple on ne l’utilise pas après la conjonction «après que», puisque dans «après que X», le fait X est certain, puisqu’on se place après qu’il s’est produit. Donc «Il se retire après que vous avez parlé» (cf. «une fois que vous avez parlé»). Au contraire avec «avant que» : dans «avant que X», le fait X est encore hypothétique, puisqu’il ne s’est pas encore produit.
Ici : «Croyez-vous que je peux faire cela?» : ce choix met en valeur la foi des auditeurs. Ils croient vraiment que Jésus peut faire cela, ce n’est pas de l’ordre de l’hypothétique pour eux.
Je pense que ce qui vous fait croire à la faute, est que dans une question à l’oral on utilise souvent le subjonctif par politesse, pour justement rendre le fait demandé hypothétique afin de ne pas forcer la main de son interlocuteur. En cas de refus, on tombe ainsi de moins haut : «-Pensez-vous que je puisse le joindre? -Malheureusement il est parti sans laisser d’adresse…»
Mais vous remarquerez qu’on écrira, hors d’un dialogue, avec un indicatif : «Dumbo croit qu’il peut sauter du haut de la tour Eiffel», et non pas «Dumbo croit qu’il puisse sauter», qui sonne franchement mal. En revanche, Dumbo avant de sauter, réalisant l’énormité de son projet et ses très minces chances de succès, dira peut-être «Croyez-vous que je puisse le faire ?». S’il veut paraître très déterminé et assuré, il pourra dire «Croyez-vous que je peux le faire ?»
Je pense donc au contraire que, ici, le choix de traduction du lectionnaire est très bon.
Je connais mal le contexte mais je vois encore plus mal Jésus poser la question !
Traduttore Traditore…
Fallait-il vraiment traduire ces textes ? Le missel de 1962 a ses textes en latin avec la traduction française…
Pour le notre Père c’est : … succomber à la tentation !
Pour le Confiteor c’est encore plus frappant puisque il manque beaucoup de choses (l’invocation de St-Michel, de St-Jean Baptiste, de la Vierge Marie, de St-Pierre et St-Paul, de tous les saints…. sans compter le triple aveu des péchés… mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa…
Pour les autres textes, il suffit de consulter ledit Missel.
Bref, on a voulu faire simple, protestant, moderne et en fait on a tout loupé. De plus c’est et c’est bâclé…
Nous avions tout ce qu’il fallait… Il aurait suffit de s’en inspirer.
Bizarrement l’article a disparu, sans explication, du Salon Beige.
Oui nous avions tout ce qu’il fallait….une fois de plus comment ne pas voir là une affaire financière…de plus les pages laissent ressortir les textes d’une page sur l’autre ce qui est désagréable à la lecture…je doute que la facture de ces nouveaux livres fasse long feu !
Commenter les traductions à partir de la Vulgate n’a guère de sens, dès lors que la Vulgate est une traduction, soit du grec des Septante soit des textes du Nouveau Testament, en hébreu pour certains, en “grec de synagogue” transcription mot à mot de l’hébreu ou de l’araméen.
Le latin n’est après tout qu’une tentative de traduction en langue vernaculaire qui a eu un grand succès mais qui n’est pas, en soi, constitutive de la Foi.
Les chercheurs qui ont eu à cœur de de s’approcher de l’expression première des évangélistes (Tresmontant, Carmignac entre autres) ont souvent déploré la qualité médiocre de certaines traductions en français. Pourquoi les choses changeraient-elles ?
Quand au nom des livres bibliques, cela est sans importance même si les changements n’apportent pas grand chose.
pourquoi s’étonner ? Il s’agit d’un travail d’anonymes incompétents porteurs de la nouvelle religion qui est une nouvelle ignorance ! tout cela doit finir aux cabinets !
C’est vrai, il est agaçant de constater que malgré l’abondance de compétences en la matière, il subsiste des erreurs de traduction que ne commettrait pas un lycéen apprenant le latin ou le grec.
Cela étant dit, il ne faut pas exagérer l’importance de ces imprécisions.
Elles n’altèrent pas vraiment le message de fond.
Oui traduire, c’est souvent trahir et ce sont bien les intentions qui transparessent dans toutes ces traductions approximatives. Tantôt on s’appuie sur le vocabulaire ou la grammaire pour faire passer l’erreur, tantôt on invente carrément des notions qui ne s’y trouvent nullement.
Le plus significatif pour moi de ces intentions cachées est la traduction de cette phrase de louange chantée par les anges la nuit de Noël: “Gloire à Dieu et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté” que l’on récite, chaque dimanche où il convient de le réciter. Mais on nous fait dire “Gloire à Dieu et paix sur la terre aux hommes qu’il aime” La phrase est pourtant reprise intégralement dans le Gloria latin: pax hominibus bonae voluntatis. La bonne volonté disparaît dans la version française, et donc plus aucun effort à faire, Dieu fait tout le travail, et comme on ne doute pas qu’il aime tous les hommes,… les athées, les infidèles et les hérétiques peuvent dormir en paix tout en méconnaissant ou combattant la vérité révélée et donc le Christ lui-même ! CQFD
L’article a disparu du Salon Beige parce qu’ils se sont rendu compte qu’il était truffé d’inepsies.
C’est bien sympa de commenter et c’est plaisant de vous lire, mais cela n’interdit pas de se renseigner un peu avant d’écrire n’importe quoi sous le coup de l’émotion.
Il faudra donc quand même expliquer à ce lecteur indigné que cette nouvelle traduction est nettement plus fidèle, se basant sur l’hébreu et le grec et non sur la Vulgate latine ni sur sa version dite “Neo”.
Mais c’est vrai que pour beaucoup de vos lecteurs persuadés que Jésus parlait latin, j’imagine que l’hébreu est une langue d’hérétiques.
On parle de la traduction liturgique de la Bible ici, et non des autres textes liturgiques de la messe. Les remarques concernant le Credo, le Confiteor ou le Notre Père pourront donc être écrites lorsque le nouveau missel sortira – a priori pas avant 2016.
Il faudra aussi un jour dire à ce lecteur que la lettre aux Hébreux n’est pas de Paul, justement, il est donc juste de ne pas le mentionner.
Il faudra aussi lui apprendre un jour que Qohélet est le nom hébreu de l’Ecclésiaste (les deux signifiant Maitre de l’Assemblée respectivement en hébreu et en grec).
Lui expliquer que Jésus Ben Sira est le nom – donné d’ailleurs au premier verset – du Siracide ou Ecclésiaste, que cette appellation est donc non seulement justifiée mais plus conforme à la langue du Christ.
Tout le reste est à l’avenant.
Cher Mr l’abbé ! Merci pour savants éclairages ! Jusqu’à preuve du contraire le latin est la langue de l’église ! Alors expliquez-moi pourquoi nous sommes en train de débattre !
Celle de l’Eglise, oui. Mais celle du Christ ?
Mais vous avez sûrement raison, mieux vaut l’Eglise que le Christ, n’est-ce pas ?
Très Cher Mr l’abbé !
L’église n’est-elle pas l’épouse mystique du Christ ! N’a-t-elle pas la mission d’annoncer et de témoigner de l’évangile ? Quelle est donc la différence ?
Le Christ oui bien sûr ! Mais aussi l’église !
L’une ne va pas sans l’autre !
Joyeuses fêtes de la Nativité de NS JC et puisse la Vierge Marie mère du Christ vous protéger.
Merci, Père.
En ce qui concerne l’épître aux Hébreux, je peux comprendre qu’elle soit mentionnée sans indiquer le nom de son auteur, pour la bonne et simple raison qu’il n’y a actuellement pas un seul exégète sérieux qui soutienne encore que cette épître soit de la main de saint Paul.
Et comme on ne sait pas qui est véritablement l’auteur de cette épître, le mieux est de ne rien indiquer du tout…
“Ne nous laisse pas entrer en tentation” : si cela veut dire “préserve-nous des souffrances qui pourraient nous faire perdre la foi”, parce que nous n’avons pas la présomption de Pierre, qui jurait à Jésus de lui rester fidèle même s’il devait en mourir, pourquoi ne pas dire simplement : “ne nous soumets pas à la tentation” ou “ne nous éprouve pas” ? Quand, aussitôt après nous demandons d’être délivrés du Mauvais, c’est bien parce que nous pourrions lui être livrés. Et qui nous livrerait à lui, sinon Dieu ?
En disant “ne nous laisse pas entrer”, on laisse entendre que nous ne pourrions y être que par notre propre initiative. Ou que Dieu ne serait pas l’auteur de la tentation. La tentation serait en quelque sorte une contrée maléfique où nous risquerions de nous égarer. Cette innovation bizarre ne peut avoir été inventée que dans l’intention d’innocenter Dieu des tentations où il est possible d'”entrer”. Ce serait un peu comme pour l’Enfer, qui, dans le nouveau catéchisme, n’a plus de peine de sens, mais seulement la peine de dam, comme pour laisser croire (ou pour faire croire) que les souffrances des damnés ne sont pas voulues par Dieu mais choisies volontairement par des êtres libres qui sont contents de souffrir et que Dieu ne veut pas obliger à être heureux.
Cette inflexion ou plutôt torsion de la théologie traditionnelle est tout à fait dans l’esprit du putsch de Vatican II. Un Dieu qui ne punit pas, un Dieu qui n’est pas capable de vouloir la souffrance des autres, mais ne consent à les laisser souffrir que pour leur épargner le désagrément de ne pas souffrir à leur aise, s’ils ne peuvent être heureux qu’en étant malheureux, tel était le Dieu gentillet qu’il fallait présenter au monde pour qu’il n’ait pas l’impression d’avoir affaire à un Dieu fasciste.
Dieu devant être (selon l’idée de ces mauvais théologiens) un modèle moral pour ses adorateurs, il n’était pas concevable que Dieu soit répressif et que l’on doive penser à Lui avec crainte et tremblement. Au contraire, Il devait être l’antidote de la “peur”, de toutes les peurs – cf. “N’ayez pas peur”, le slogan de Jean-Paul II.
C’est hélas dans ces mêmes ténèbres spirituelles que continue de nous pousser la nouvelle version du Pater. S’il s’agissait d’une ambiguité isolée, il n’y aurait pas lieu de s’en inquiéter. Mais il est évident que les traductions liturgiques ont eu, dès le départ, l’intention d’utiliser l’autorité de la Bible pour faire passer les erreurs du Concile. Comme la majorité des Catholiques ne connaît la Bible que par les lectures qui en sont faites à l’église, ceux qui se rendraient compte de l’usurpation ne seraient qu’une minorité négligeable que l’on pourrait toujours accuser de couper les cheveux en quatre ou d’ignorer les récents progrès de l’exégèse…
Dieu auteur de la tentation ? Il aurait donc provoqué le Péché Originel ? Relisez la Bible ! Crampon est tout indiqué malgré ses termes “désuets”.
N’oubliez pas que c’est SATAN qui tente et non DIEU !!!!!!!!! DIEU est sans péché SAINT et donc ne peut tenter personne……. le libre choix de l’être humain est de suivre soit DIEU ou SATAN….. mais JAMAIS ce ne sera DIEU qui tentera !!!!! on ne peut penser cela !! et dire dans le Pater : NE NOUS SOUMETS PAS A LA TENTATION est une hérésie !!!!! DIEU permet pour éprouver notre amour ; DIEU châtie par divers évènements (climatique etc..) DIEU EST BON, PATIENT. De grâce relisez le vrai catéchisme et non pas des hérésies soixantuitardes……
Ce n’est pas à moi qu’il faut le dire ! Relisez mon commentaire à Cassianus avec des yeux… ouverts ! ! !
Désolée… si je me suis “emportée”.
Joyeux Noël !
Tout ceci est vrai évidemment, mais passe bien inaperçu à côté du viol quotidien de la liturgie dans la plupart des églises de France.
Là encore où subsiste une messe…
A côté des “célébrations” de laïcs où se distille l’idée que le prêtre est facultatif et la messe, dispensable…
A côté des musiques profanes aux mariages et enterrements…
Oui, cela passerait presque pour finesses d’initiés à côté du désastre lui bien visible par tous dès qu’on franchit la porte d’une église…
La chronique de la faiblesse congénitale de la messe de Paul VI serait sans fin; Vaut-il la peine même d’en parler? L’Eglise se construit ailleurs, qui l’ignore aujourd’hui?
On peut toujours chipoter sur la traduction, cet art n’étant pas une science exacte. la traduction a été faire a partir du texte originel hébreu ou grec, ce n’est pas une traduction de traduction de la vulgate. La version de saint Jérôme, pour être traditionnelle, n’est pas parfaite non plus, et l’expression “pax hominibus bonae voluntatis” n’a pas de fondement réel.
Cher Bayard, la question que vous soulevez au sujet du gloria mérite un commentaire.
Si vous ouvrez une grammaire latine, au chapitre “génitif” vous lirez sans doute une explication sur «génitif subjectif» et «génitif objectif» avec le cas classique : «amor matris», ou «amour de la mère». S’agit-il de l’amour qu’un enfant a pour sa mère («l’amour de la mère vient naturellement aux enfants») ou bien de l’amour que la mère éprouve pour ses enfants («l’amour de la mère pour ses enfants croissait avec le temps») ? On peut continuer avec «la peur des ennemis» : c’est leur peur, ou bien celle que vous ressentez devant eux ?
Ici «pax hominibus bonae voluntatis» : les hommes sont-ils sujets de bonne volonté, ou bien sont-ils objets de la bonne volonté (qui est donc en Dieu) ? Rendre par «hommes de bonne volonté» était ambigu, et l’ambiguïté a été levée dans le sens «les hommes sont objets de la bonne volonté (=amour) de Dieu», donc «aux hommes qu’il aime», en revenant aux textes bibliques (ces paroles se trouvent en grec au début de l’Évangile selon St Luc, qu’on rapproche d’autres textes pour comprendre comment l’expression grecque était employée à cette époque, en tenant compte des tournure hébraïques qui ont souvent été importées telles quelles dans le grec de l’époque). Ce choix fait la quasi unanimité dans les traductions de la Bible en diverses langues où la question se pose, et l’unanimité dans les traductions liturgiques.
En l’occurrence, oui, Dieu fait tout le travail : c’est par amour qu’il envoie son Fils pour nous sauver, et il veut sauver toute l’humanité, hérétiques et athées inclus ! Aux hommes la réponse du cœur ainsi que leur part de travail, mais ce n’est pas de cela qu’il est question dans cette hymne qui célèbre la grandeur de Dieu.
Lorsque le grammairien, le théologien ou l’architecte se retire ayant accompli son œuvre, la maison est là mais elle n’a pas d’âme. Il faut la demander au Maître d’Ouvrage, celui dont la volonté a été accomplie.
De même, dans le corpus de textes que l’Église a composés pour exprimer l’enseignement pérenne qu’elle est chargée de prodiguer, c’est à elle qu’il faut demander le sens des mots qu’elle a choisis. Sa langue est le latin et pas une autre et le latin d’église ne connait pas la déflation du sens dont souffrent tant de langues, la nôtre en particulier à l’heure actuelle. Chez lui, le Beau, le Bon, le Vrai y sont les notes de la divinité et expriment la plénitude de la Bonté, de la Beauté, de la Véracité de Dieu. La Bonne Volonté est donc celle du Seigneur et l’homme [doué] de “bonne volonté” (parlons français !) est celui qui manifeste sa volonté de s’y conformer. De plus la “Paix” invoquée est une paix surnaturelle, celle que le Christ a promise à ses disciples : “Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix, non pas celle du monde…”, et qui n’a d’application temporelle qu’indirecte lorsque l’homme recherche “avant tout le Règne de Dieu” par “bonne volonté” !
La Paix est donc promise aux hommes cherchant à se conformer à la volonté divine par la pure Bonté de son Auteur. Les autres, l’actualité nous le montre assez, s’en passent… pour leur malheur ! Alors :
“Pax hominibus bonnæ voluntatis ! Gloria in excelsis Deo quia venit !”
Le texte que vous écrivez est une très belle méditation spirituelle ; je me place pour ma part en cet instant au niveau du texte seul, en cherchant non pas ce que je peux lui faire dire en fonction de ma théologie ou de ma spiritualité, mais en cherchant ce qu’il dit en fonction de son époque de rédaction, de son contexte de production, afin de rendre cela dans mes mots, ma langue, mes concepts (ce qui est une condition de l’intelligibilité du texte).
Ces mots ont été écrits originellement en grec. Saint Jérôme les a ensuite traduits en latin dans la version que vous rappelez, et dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle manque de bases solides par rapport au texte grec, dans son contexte hébraïsant.
Ça ne nous empêche sûrement pas de chanter le Gloria en latin, qui est bien la langue de l’Église. Mais cela nous empêche de faire dire au texte ce qu’il ne dit pas. Et c’est bien sur ce dernier aspect que portait mon commentaire initial.
Le problème n’est pas ce que dit tel ou tel texte écrit à telle ou telle époque, mais ce qui dit l’Église actuellement dans le texte latin qui est sa langue choisie. Les Anges annoncent : “La Paix de Dieu [descendra sur] les hommes qui accordent leur volonté à la sienne”, ce qui correspond à la promesse du Christ. Dieu donnant la paix à tous les hommes puisque par définition Il les aime tous, c’est une vue de l’esprit irréelle : Dieu la propose, les hommes montrent qu’ils sont bien peu à la vouloir.
Je regrette, mais je ne crois pas que ce soit ce que dit le texte latin. Le texte latin dit “pax hominibus bonae voluntatis”. Dès qu’on traduit, on fait un choix, et votre périphrase le reflète avec l’ajout d’un “qui accordent” : cet élément ne figure pas dans le texte latin, qui garde une ambiguïté tel qu’il se présente à nous. Lorsque vous l’ajoutez, vous interprétez (c’est d’ailleurs bien pour cela que ce travail s’appelle l’interprétariat !). Nous devrions continuer cette discussion en latin !
Vous soulignez cependant que l’Église dit bien quelque chose de ce texte : l’Église est bien, par son Magistère, l’interprète de l’Écriture.
Je ne vois cependant pas où est la “vue de l’esprit irréelle” en disant que Dieu aime tous les hommes et leur donne la paix. Que les hommes la refusent ne l’empêche pas de la donner. Dieu n’est pas atteint par ce refus, il continue à donner.
Faut-il rappeler que l’Église reconnait deux sources de son enseignement : l’Écriture ET la Tradition, et comme l’a dit le Christ lui-même “la lettre tue mais l’esprit vivifie !” L’enseignement constant et autorisé, donc dans la mouvance de l’Esprit-Saint, de l’Église est que les Anges annoncent, dans la nuit de la Nativité, qu’arrive la Paix pour les hommes qui orientent leur volonté vers celle du Seigneur. Cette Paix est celle du cœur comme le précisera Jésus-Christ à ses disciples. C’est à la lumière de cette interprétation qu’il faut lire (grammairiens compris) les textes écrits en langues anciennes et résoudre entre autre l’ambigüité apparente du génitif.
Un enfant comprend ces choses avec une facilité confondante. Là aussi, le Christ a eu une parole…
Formidable. Donc nous sommes d’accord. Il y a ce que dit le texte, et ce que la Tradition en dit. Les deux marchent main dans la main, sans quoi il n’y a plus rien.
Nous sommes d’accord aussi sur le fait que Dieu ne peut pas être enclos dans nos concepts. Vous appelez “proposer” ce que j’appelle “donner”, mais Dieu est bien au-delà de cela. Joyeux Noël!
Eh, bien… ! Joyeux Noël !