Editorial de l’Archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich, dans la dernière revue diocésaine – Eglise de Lille n°20 :
“Les échos médiatiques du synode sur la famille se sont un peu éloignés. Il nous est possible de prendre quelque distance critique et réflexive. Mais surtout il nous faut travailler pour répondre au souhait du pape François qui demande que toute l’Église pense à ce qui va suivre, c’est-à-dire au synode ordinaire de l’année prochaine, mais aussi à la pastorale des Églises particulières à l’égard des familles, au travail des Conférences épiscopales, et à la vie même des familles dans les temps qui viennent, aux défis qu’elles doivent relever.
Le travail des Conférences épiscopales
Notre président, Mgr Georges Pontier, nous a proposé de travailler ce sujet lors de notre prochaine assemblée de mars. De sorte que les évêques délégués de notre conférence puissent avoir, entre eux, un dialogue construit en vue de se préparer à la session du synode en octobre.
La vie des familles
Elles affrontent en effet des défis, mais aussi elles vivent des joies. Des questions se posent à elles, mais ces questions ne se présentent pas comme des affaires théoriques : ce sont des successions d’événements, des choix pratiques et quotidiens, des relations d’affection et aussi des gestions de conflits. Notre tâche c’est de percevoir ce qui se passe dans la vie réelle, d’apporter des éléments de dialogue, de réflexio. Et mus par la force d’espérance que donne l’Évangile, de donner l’occasion de révéler comment le Christ les habite déjà, les invite à se transformer, à dépasser toute attitude défaite, à ouvrir des chemins d’avenir, à appeler à la conversion, si l’on veut bien entendre cet appel. C’est l’écoute de ce qui se passe, le regard avec le Christ, et la discussion pour discerner les voies de l’avenir. (Rapport final nº 4, “Relatio Sinodi” désormais cité sous l’abréviation RS)
La pastorale des Églises particulières, des diocèses
Nous avons déjà apporté des éléments ’analyse, en février 2014, à partir des réponses fournies par les groupes qui ont travaillé. À quoi s’ajoutent les trois derniers textes : le rapport final du synode extraordinaire des évêques sur la famille1 ; le message final du synode ; et la conclusion de l’assemblée synodale par le pape le 19 octobre dernier2. Ce dernier texte souligne la joie d’une assemblée où l’on a parlé librement, pour permettre une avancée sur l’ensemble des questions. Le pape rappelle ensuite le sens qu’il a de sa charge propre qui est de tenir dans sa responsabilité de discernement final et de décision.
Les tentations
Enfin, il décrit les tentations qui assaillent normalement l’Église, et chacun de nous, quand il s’agit d’avancer sur le chemin de la vérité. Le pape cite notamment la paresse de répéter sans cesse la même doctrine sans la confronter au réel, mais aussi la fausse facilité d’une miséricorde qui oublie d’aller jusqu’aux racines du mal. Il dénonce aussi, ou il repère, la tentation de faire peser des poids trop lourds sur les épaules humaines défaillantes, mais aussi la tentation inverse de ne pas regarder en face la pente dangereuse que l’on pourrait suivre en écoutant seulement l’opinion médiatique majoritaire. Et il repère enfin, et comme à la racine, la tentation d’oublier la parole de grâce et de salut qui est apportée par le Christ et qui invite à une véritable conversion.
Les défis
Nous les trouvons énoncés dans le Rapport final. Tout le monde a noté que les articles qui concernent la pastorale relative aux personnes divorcées et remariées, et celles qui ont une orientation homosexuelle, n’ont pas reçu l’aval des deux tiers des pères synodaux. Et cela signifie que le travail sur ces sujets sera repris. Mais on ne peut pas ignorer que d’autres questions pastorales ont été soulevées et demandent à être travaillées par nous. En tenant compte de l’enseignement de l’Église sur la famille, en se réjouissant des fidélités qu’il permet et en regardant les difficultés vécues, que pouvons-nous faire déjà, dans nos paroisses et doyennés, pour améliorer nos propositions pastorales ? (RS 21 à 28)
- Impliquer davantage les communautés chrétiennes dans l’accueil en Église des futurs mariés (RS 30 et suiv.) ; se souvenir que le mariage est une vocation (RS 36).
- Développer des propositions catéchuménales dans le cheminement de préparation au mariage (RS 36 et 39) ; et notamment préparer un livret de préparation au mariage, comme on l’a fait pour la confirmation en 2013.
- Prévoir une rencontre diocésaine de tous ceux qui animent des préparations au mariage.
- Favoriser le désir de connaître mieux le Christ à travers la pratique de la lecture biblique partagée et priante (RS 34).
- Accompagner mieux les premières années de mariage (RS 40) ; et former des accompagnateurs des familles.
- Demeurer attentifs aux personnes qui souffrent de solitude (RS 6), et aussi percevoir la positivité du célibat que des personnes choisissent ou assument généreusement.
- Accompagner les personnes qui ne sollicitent pas le mariage chrétien, mais vivent en couple, et permettre un cheminement spirituel à la lumière de l’évangile (RS 41-43).
- Accompagner et soigner les familles marquées par les fragilités de la vie (RS 6, et 44 et suiv.).
- Soutenir les parents dans l’éducation et l’initiation chrétienne et la catéchèse des enfants (RS 60-61).
- Développer entre nous le partage des “bonnes pratiques” pastorales.
- Etc.