Depuis samedi, les partis libéraux et chrétien-démocrate discutent de nouveau avec le PPV, le parti anti-immigrationniste de Geert Wilders en vue de former un nouveau gouvernement. Cela permettra peut-être d’éviter la réalisation du souhait de l’ancien ministre de la Santé, Mme Els Borst, et du sénateur libéral Heleen Dupuis, de légaliser le suicide assisté pour les gens « fatigués de vivre ». Les deux femmes politiques appelaient de leurs vœux la formation d’un gouvernement « violet » (libéraux, gauche socialiste et écolos) pour faire progresser ainsi le dossier « euthanasie » mené à bien en son temps par ladite ministre.
Même si ces vœux restent à l’état d’hypothèse il ne faudrait pas méconnaître leur importance. Comme je l’ai signalé plusieurs fois dans ce blog un mouvement se dessine clairement aux Pays-Bas pour faciliter la mise à mort des personnes âgées démentes et des personnes conscientes mais qui estiment leur vie « achevée ». La propagande progresse, que ce soit dans les médias ou auprès des particuliers par le biais d’ateliers qui se tiennent à travers le pays. Des politiques lui apportent leur soutien. Après, c’est une question de patience et d’années…
Ici, donc, c’est l’éventuelle absence de partis chrétiens du futur gouvernement de coalition qui est présentée comme « fenêtre » pour introduire une nouvelle aggravation de la culture de mort. La Gauche Verte (GroenLinks) et D66, petit parti social-démocrate, ont inscrit le débat « politique et sociétal » sur le suicide assisté dans leur programme et le VVD, parti libéral qui sert de pivot pour les tractations politiques actuelles, le choix du moment de la mort relève du droit individuel et non des lois de la majorité.
En fait de « fenêtres », les deux précédents cabinets « violets » ont présidé aux Pays-Bas à l’adoption de la loi sur le mariage gay et sur l’euthanasie…
Pour Heleen Dupuis, un nouveau cabinet de cette tendance « offrira certainement une occasion » pour lever l’interdiction du suicide assisté, ce en quoi Els Borst lui donne « totalement raison ». Mais celle-ci ne pense pas que cela se fera dans l’immédiat : « Il nous a quand même fallu trente ans pour parvenir à l’actuelle législation sur l’euthanasie », rappelle l’ancien ministre, arguant que les modalités sont compliquées à mettre en place.
Mme Dupuis, elle, plaide ouvertement pour la « pilule de Drion », pilule-suicide dont la réalisation progresse et aurait même abouti, à en croire le Dr Philip Nitschke, propagandiste australien de la « mort paisible » qui annonçait en décembre que son kit euthanasique était en train de devenir le cadeau de Noël dernier cri (ou dernier râle ?) entre époux vieillissants.
Heleen Dupuis, elle, est (un peu) moins laxiste : « Mettre fin à sa vie, on ne doit jamais pouvoir le faire sur un coup de tête. Il faut fixer des conditions, des médecins doivent être impliqués dans l’administration du médicament. Mais l’interdit légal de l’aide au suicide doit changer. »